"ADN", actuellement à l'affiche au théâtre Michel : Interview croisée avec les deux autrices, Flavie Péan et Caroline Ami !
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Bonjour Flavie, bonjour Caroline,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous deux ! Vous êtes les autrices de la pièce de théâtre « ADN », dont le pitch est le suivant :
« À la suite d’un test ADN, Tomas découvre qu’il n’est pas le père de son bébé, mais son oncle. Seulement, à sa connaissance, il n’a pas de frère. Le jour où sa mère est prête à lui faire des révélations, Tomas la retrouve assassinée »
Ce spectacle connait actuellement un très beau succès au théâtre Michel. A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Flavie : Oui ! On est très très contentes ! En fait, je crois que ça ne pourrait pas mieux se passer. On est amies dans la vie et on a commencé à écrire ce projet il y a quatre ans, avec beaucoup de rêves, d’envies et d’espoirs. Tout s’est finalement hyper bien mis en place : avec le metteur en scène dont on rêvait, dans un théâtre que l’on adore. Cela marche très bien, le public est au rendez-vous, il est satisfait et content…
Caroline : Il est aussi agréablement surpris par cet « OVNI » ! C’est une pièce à part, qui casse les codes. Et on a une super équipe aussi donc on est très heureuses !
Flavie : En fait, ce qui est assez rare et qui nous fait particulièrement plaisir, c’est qu’on a le sentiment de réussir à combler et le public et les professionnels du théâtre. On a fait quelque chose de l’ordre du thriller mais mélangé à de la comédie, populaire - dans le très bon sens du terme - et qui plait à une large palette de gens. C’est très satisfaisant de se dire que l’on a coché pas mal de cases.
Caroline : Le projet a suscité beaucoup de curiosité de la part des pros, par son côté ambitieux. Ils trouvent le pari réussi et cela nous fait très plaisir ! On est pleines de gratitude…
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Si l’on en revient à la genèse de ce projet, quelles principales raisons vous avaient incitées à développer ces thèmes ?
Flavie : Je pense qu’il y a deux facteurs qui nous ont vraiment motivées….
Caroline : Déjà, le fait divers en lui-même qui nous a paru tellement invraisemblable… Et qui, en même temps, nous semblait très intéressant, nous permettant de développer les liens familiaux, le transgénérationnel, des thématiques qui nous parlent beaucoup…
Flavie : Et notre envie commune de faire un vrai thriller au théâtre. D’un coup, avec les deux réunis, on s’est dit « Allons-y ! »… Je pense que ce côté thriller était quelque chose que l’on avait très envie de développer toutes les deux, individuellement et ensemble. Lire et regarder ce genre-là de livres ou de films, correspond à ce que l’on aime, nous. Et c’est un style qui ne se fait pas beaucoup au théâtre.
Caroline : On adore frissonner, se faire avoir par les fausses pistes, être surprises. On voulait donner à la pièce un rythme soutenu, pour être au cœur de l’enquête… On avait très envie d’aller dans ce registre.
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En tant qu’autrices, quelles sensations ont prédominé en vous en étant dans la salle, au moment de la première ?
Flavie : On en rit maintenant mais on était terrifiées ! Ce qui est fou, c’est que le bonheur est à la hauteur de la terreur ! Quand ça démarre, on ne maitrise absolument plus rien, on est spectatrices de notre travail et il faut vraiment lâcher prise et accepter… En même temps, quand, d’un coup, on commence à entendre rire, à entendre les réactions du public, à assister à la magie des saluts, là, le plaisir et la fierté sont alors immenses !
A titre personnel, j’ai trouvé cela mille fois plus intense que juste de jouer. Le fait que ce soient nos mots, c’est très puissant…
Caroline : Déjà, quand les répétitions commencent et que les acteurs incarnent les personnages que l’on a imaginés, on se dit : ça y est, ils prennent vie, ils existent ; cette histoire va vraiment être transmise ! On souhaitait transmettre des émotions mais aussi faire passer des messages. Et puis voir le public en osmose avec les acteurs, grâce au travail de Sébastien Azzopardi à la mise en scène, c’est galvanisant : quelque chose s’est remplit en nous le soir de la première. On a frissonné, on a tremblé ! J’ai eu beaucoup d’émotions ! C’était étrange mais grisant ! C’est très différent quand on est comédien et que l’on est sur scène, on se jette dans le grand bain et on peut, plus ou moins, maitriser ce qu’il va se passer !
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Flavie : Je crois que la grosse différence aussi, c’est que l’on se met à nu quand on écrit. D’un coup, il y a quelque chose de l’ordre de l’intime, on choisit chaque mot, on pèse chaque émotion et chaque message que l’on veut faire passer. On a tout inventé avec notre vécu, notre sensibilité, nos blessures donc on a le sentiment qu’on livre tout cela au public…On se demande toujours comment les spectateurs vont le recevoir : si ça ne plait pas, c’est encore plus violent quand on est auteur…Un acteur dit des mots qu’on lui a offerts donc, même si, dans l’interprétation, il va chercher des choses personnelles, ce n’est pas son histoire. Je pense que ce n’est pas comparable…
Caroline : C’est exactement cela ! En plus, on a mis beaucoup de nous dans cette pièce et c’est vrai que si l’accueil du public n’avait pas été là, je pense que ça aurait été assez « violent »… On a énormément de chance !
Flavie : On est aussi comédiennes donc on le sait, on se cache souvent derrière un personnage, c’est une façon d’exister à travers ses traits. Là, en tant qu’autrices, on ne peut pas…
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Sans doute également que, tout au long de la pièce, vous avez découvert des réactions du public à des moments que vous n’attendiez pas ou ne soupçonniez pas ?
Flavie : Complètement ! On a notamment été très surprises des rires : il y a eu des rires très forts à des moments où on ne s’y attendait pas du tout.
Caroline : On pensait simplement faire sourire mais on a eu droit à de réels éclats de rires pendant des scènes clés de la dramaturgie.
Flavie : Après, c’est peut-être aussi une sorte de soupape pour le public face à certaines annonces présentes dans la pièce, qui peuvent malgré tout mettre mal à l’aise. Le rire, je pense, permet aux gens d’accepter un petit peu mieux la situation. Mais on a réalisé, le jour J, que l’on avait entre les mains un thriller agrémenté d’une vraie comédie. On a écrit des personnages comme on les voit dans les séries américaines, avec des caractères hauts en couleurs notamment le flic un peu macho, qui fait des blagues un peu lourdes. Je crois que cela amène du rire, un peu malgré nous et, au final, c’est super parce que ça permet à toute la famille de venir. Cela ouvre à un public plus large et on peut ainsi faire passer nos messages à une plus grande audience.
Caroline : Je pense qu’on a trouvé un juste dosage entre le thriller et l’humour…
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Quels principaux retours du public avez-vous d’ailleurs déjà pu avoir jusqu’à présent ?
Caroline : Des « Waouh…. » de surprise. L’histoire plait, la résolution surprend…
Flavie : La mise en scène de Sébastien subjugue tout le monde, c’est une prouesse. On a écrit sans limite, comme un scénario de film et on s’est dit qu’on allait bien trouver quelqu’un d’assez fou pour nous suivre à la mise en scène, qui trouverait des astuces pour que ça prenne vie. On s’était imaginé qu’il allait y avoir très peu de décors, des changements de costumes à vue, pour aller vite. En fait, Sébastien a fait le pari, qu’il a brillamment relevé, de tout faire avec de vrais décors, de façon très réaliste.
Caroline : Sébastien a matérialisé les espaces avec des éléments de décor et des panneaux qui coulissent. Un peu comme le zoom de la caméra, il va piocher des petits bouts de vie des personnages. Quand ça s’ouvre, on a, par exemple, juste un bout de cuisine ou de bureau qui dépasse. L’univers ressert ainsi vraiment l’intrigue autour des personnages !
Flavie : C’est assez dingue d’avoir réussi à faire cela ! Les comédiens se sont arrachés les cheveux pendant les répétitions parce que ce sont eux qui manipulent les panneaux en coulisse, en plus de se changer et de jouer. Ils courent partout !
Caroline : Le public ressent cela aussi je pense, c’est assez spectaculaire dans le sens où ça va très vite en très peu de temps, sans faire de bruit. Quand un nouveau « tableau » apparait, une petite magie opère et participe à l’effet de surprise !
Flavie : Ce que l’on nous dit souvent aussi, c’est qu’il y a une vraie promesse au départ, avec un pitch fort, et que la résolution est tout aussi forte. C’est chouette parce que, parfois, ça arrive que les fins soient un peu décevantes dans ce genre là qu’est le thriller. C’est un point fort !
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Pour terminer, que peut-on vous souhaiter pour la suite de cette belle aventure artistique ?
Caroline : Des prolongations, toujours et encore ! Pourquoi pas d’atteindre la millième, ce serait génial !
Flavie : Il a été annoncé que ça allait durer jusqu’à fin avril, c’est déjà une très très belle nouvelle, on est hyper contentes. On espère que ça sera prolongé encore après, pour l’été et la rentrée. Pourvu que ce spectacle dure longtemps et parte en tournée ensuite !
Merci à toutes les deux pour vos réponses !