Chrystelle Nammour nous parle de la sortie de son nouveau titre, Mon père !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Chrystelle,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !

Vous avez sorti, il y a quelques jours, un nouveau titre, « Mon père ». Si l’on revient à la genèse de ce projet, comment vous en sont venues l’envie et l’idée ?

Je ne l’ai jamais encore dit, j’ai écrit cette chanson quand j’étais à un arrêt de bus ! J’attendais le bus E, il ne venait pas, j’ai patienté deux heures et, du coup, j’ai sorti mon téléphone. Quitte à être coincée, j’ai commencé à écrire quelque chose, notamment « c’est un navire, un étendard, mon père, mon père ». Là, je me suis dit que c’était parti ! Cela m’est venu de manière naturelle, je suis très proche de ma famille, quand j’écris je parle souvent de choses très intimes et très personnelles. Je n’ai pas vraiment calculé le fait de vouloir faire, à ce moment-là, un hommage à mon père mais, finalement, les circonstances ont fait que je suis très contente de l’avoir effectué. Je l’ai sorti pour la fête des pères, juste avant, aussi, de me marier donc il y a un côté remerciements à mon père pour tout ce qu’il m’a donné. Le timing est parfait dans ma vie personnelle, sans être calculé.

Beaucoup de chansons sur les papas me touchent, notamment un titre de Linda Lemay qui dit « le plus fort, c’est mon père ». J’avais envie, moi aussi, de contribuer à ces émotions en parlant de mon papa, comme d’autres artistes ont pu le faire auparavant.

Sans doute que tous les moments que vous avez pu partager avec votre père jusqu’à aujourd’hui vous ont aidée à finaliser le texte de la chanson ?

Complètement ! Concernant le texte lui-même et les mots que j’ai employés, je me suis replongée dans nos souvenirs d’enfance. Mon père me filmait tout le temps quand j’étais petite, j’ai donc la chance d’avoir pas mal de vidéos souvenirs, j’ai d’ailleurs mis un extrait dans le clip et cela m’a permis de remonter un peu le temps et de me rappeler ce qu’était mon père, pour moi, quand j’étais enfant et ce qu’il est aujourd’hui. C’est vrai que mon père m’a transmis énormément de choses, notamment il m’a appris à chanter, je l’en remercie parce que la musique est ce qui m’apporte mon plus grand bonheur aujourd’hui. Mon père l’a fait parce que lui aimait chanter, il nous chantait toujours des chansons lors de longs trajets en voiture, on l’accompagnait donc il était un peu le chef d’orchestre. Chantant énormément en arabe, il m’a transmis la musicalité orientale et, par la même occasion, en traduisant chaque mot, il m’a appris la langue.

Il m’a ainsi transmis cet amour de la musique parce que je voyais comment ça le faisait vibrer. En tant que petite fille, je voulais faire plaisir à mon père, j’ai appris à chanter les mêmes titres que lui. Au début, c’étaient des chants patriotiques, c’était très marrant et, du coup, je voyais la fierté dans ses yeux, ce qui m’a incité à continuer de chanter. Bien sûr, j’ai développé par moi-même mon amour pour la musique, qui m’a canalisé toute mon énergie et qui m’a amenée dans un état de bonheur infini.

Au-delà des mots très forts, la mélodie qui accompagne la chanson aide à faire ressortir l’intensité des paroles…

J’ai voulu créer une mélodie qui soit un peu comme un poème chanté, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’envolées dans la chanson mais c’est comme une rengaine. Je répète d’ailleurs à la fin le premier couplet pour donner du poids aux mots et une impression d’infini : c’était comme cela au début, c’est comme cela à la fin et ça le restera toujours. C’est comme une ligne infinie qui durera éternellement. Du coup, dans les mots que j’ai choisis, je raconte plein de choses à propos de mon père, notamment son amour pour son pays. Il est fou amoureux du Liban, il a tout donné pour son pays : sa jeunesse, sa plume, ses économies, sa passion pour la politique,…Du coup, il nous a évidemment transmis cet amour mais il nous a également transmis la nostalgie et la mélancolie de l’éloignement du pays. Ainsi que le mal-être qui va avec la crise de 2020, que je chantais dans une autre chanson, « Alors je reste ». J’y parlais de moi mais aussi, d’une certaine façon, déjà de mon père aussi.

 

 

Dans ce nouveau titre, je raconte également le fait qu’il est toujours là pour me relever quand ça ne va pas mais aussi ce qu’il m’a appris, notamment que chaque jour est un nouveau départ. C’est important pour moi parce que, dans la vie, dans n’importe quel projet que tu entreprends, tu as toujours l’impression que ça n’avance pas assez vite. Le fait de te dire que chaque jour est l’occasion de recommencer et de rajouter un pas de plus apporte une sorte d’entêtement d’aller au bout de tes projets. La musique est comme cela : je commence chaque nouveau projet comme si je recommençais de zéro. Je suis très fière de mon parcours mais j’ai quand même l’impression de recommencer du début à chaque fois ! Mon père m’a transmis cela, le fait de se remettre en question tous les jours, de se rechallenger et d’oser à nouveau à chaque fois se réexposer et prendre des risques.

Justement, quelle a été la réaction de votre papa lorsqu’il a entendu cette chanson pour la première fois ?

Vous pouvez le voir dans le clip, c’était hyper intense ! Au début, c’était la surprise, il était vraiment étonné : la chanson démarrant par des extraits sonores de notre enfance, il a entendu sa voix et s’est demandé ce qui se passait…Dès que j’ai commencé à chanter, on voit qu’il commence à sourire, comme un peu apaisé et, quand je dis « mon père, mon père », il comprend que la chanson parle de lui et fond en larmes…Au moment où on a tourné le clip, on était tous en larmes aussi car, forcément, c’est communicatif ! C’était hyper touchant, c’était un vrai beau moment et je suis hyper heureuse de l’avoir figé dans le temps. C’est une façon pour moi d’avoir préserver, dans une vidéo et dans une chanson, l’essence de ce qu’est mon père, c’est-à-dire ses émotions et son amour.

Plus globalement, quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir du public sur ce nouveau titre ?

Ce qui est fabuleux, c’est que le retour commun dans tous les commentaires reçus est « j’ai pleuré, ça m’a touché ». C’est super fort pour moi, c’est comme si j’avais réussi à transmettre en ligne directe, grâce à la musique et à ce clip, l’émotion que j’ai ressentie quand j’ai écrit la chanson. Ce pouvoir de la musique est fabuleux, il permet de connecter les émotions d’une personne à l’autre en direct. Je suis très contente que ça ait atteint son but, celui de toucher les gens.

J’ai eu quelques témoignages aussi de papas, touchés de l’hommage que j’ai rendu au mien. Aussi de filles qui ont perdu leurs papas et qui ont pleuré. Donc chacun peut y mettre un bout de sa propre histoire car c’est un thème universel…Cela peut réveiller des émotions chez tout le monde. En tout cas, je suis hyper touchée de lire toutes ces réactions !

 

 

D’ailleurs, ce titre-là vous a-t-il donné l’envie, pour la suite, de poursuivre cette belle aventure musicale en proposant d’autres chansons prochainement ?

Complètement ! En 2023, j’avais sorti « Alors je reste », « Mon père » est le deuxième titre et je vais commencer à sortir de nouveaux titres tous les 2 à 3 mois donc de manière beaucoup plus régulière. Ils sont déjà prêts et tous mis bout à bout formeront mon projet « Implicite ». C’est un projet bien sûr très intime, presque confidentiel, qui parle des non-dits. En Orient, on a beaucoup cette culture du non-dit, on parle avec les yeux, on dit l’inverse de ce que l’on pense mais l’autre comprend à travers autre chose ce que l’on dit, c’est vraiment tout un art. J’ai grandi évidemment là-dedans, j’ai une forme de pudeur des sentiments dans la vie, où je me montre toujours très forte, où je ne me montre jamais vulnérable donc la musique me permet justement de mettre toute ma vulnérabilité quelque part. Je la déverse dans mes chansons, cela me fait du bien et, d’une certaine façon, je montre mon vrai visage au public. J’ai toujours une grosse pudeur avant de sortir mes chansons, je me demande ce que les gens vont en penser…C’est toujours un moment génial de libération quand ils me voient avec mon vrai visage ! Moi qui suis hypersensible, cela me fait du bien de pouvoir être moi-même dans mes chansons !

Merci, Chrystelle, pour toutes vos réponses !

Publié dans Musique

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