Festival Nikon 2024 : Elisa Sergent évoque sa première expérience à la réalisation !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Elisa,

Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !

Dans le cadre du Nikon Film Festival 2024, vous avez écrit et réalisé votre premier court-métrage, « Hot flash ». A titre personnel, on imagine certainement la joie que cela doit être pour vous ?

Oui ! C’était étonnant, tout s’est fait très rapidement : j’ai vu le thème du Nikon - le feu, et j’ai tout de suite été inspirée par un sujet qui me tenait à cœur et je me suis dit qu’il fallait absolument que j’écrive pour ce festival. Je l’ai fait mi-septembre puis j’ai réuni une équipe avec des personnes dont j’avais vu le travail et que j’estimais. On a tourné début novembre…Un truc de fou ! Le film est donc sur le site internet du Festival Nikon, dans sa version courte puisque j’ai tourné une version qui est plus longue à envoyer en festivals.

En quelques mots, comment pitcher ce court-métrage, sans tout en dévoiler ?

C’est une plongée dans la féminité, on est submergé par les vagues émotionnelles que cette femme essaie de comprendre. Il y a un compte à rebours qu’elle ne maitrise pas. C’est vraiment un film découverte sur un thème qui n’est jamais mis en avant sur les écrans et dont les femmes ne parlent pas. On n’en connait pas grand-chose, si on n’a pas eu de conversation dessus, même le corps médical n’est pas toujours au fait de tout… Cela m’est paru comme une évidence de le porter à l’image, de façon poétique aussi avec certains plans.

Justement, votre expérience personnelle vous a-t-elle aidée dans l’écriture ?

Oui, c’est une semaine de ma vie, qui s’est calmée après mais qui reviendra peut-être…Certainement d’ailleurs. Cela m’a tellement bouleversée que, quand j’ai vu ce thème du Nikon, je me suis dit que je tenais un sujet. Surtout, j’avais envie que les autres femmes ne vivent pas la même chose que moi, c’est-à-dire l’effet de surprise, qui est quand même assez violent. L’information est primordiale, pour l’entourage aussi. Les femmes ont le droit d’être informées, la société a le droit de parler des choses, c’est important de les comprendre.

Techniquement parlant, pendant ces 2 minutes et 20 secondes, on y voit beaucoup de dynamisme et pas mal d’alternance dans les séquences…

J’ai eu un génial chef-opérateur, Edouard Lemiale, qui a participé au fait que les images sont magnifiques. La monteuse Fanny Servant est une perle, elle a fait un montage qui me plait énormément. Mariana Pottier, à l’étalonnage, a aussi mis en valeur le film, tout comme chaque professionnel qui est intervenu dessus. Effectivement, le film a un rythme soutenu qui fait que l’on va plonger avec cette femme, petit à petit. Toutes ces images qui arrivent sont presque, finalement, un teaser de la version plus longue. Et c’était important qu’elles soient toutes là car elles participent à la compréhension du sujet !

Vous êtes devant et derrière la caméra sur ce projet. Cet exercice n’a pas dû être facile mais a probablement été particulièrement enrichissant…

C’est comme lorsque j’ai écrit mon spectacle musical pour le jeune public, je m’étais lancée dedans du jour au lendemain, à fond. Là, c’est exactement pareil, je me suis dit : je suis folle… c’est tellement d’énergie, toutes les personnes concernées le savent. En même temps, c’est le métier aussi qui fait que l’on va vers les bonnes personnes, vers celles avec qui on a envie de travailler… J’ai réuni une équipe en or qui avait cette envie commune de porter le film. Ils ont été un soutien énorme pour ma première réalisation… à commencer par ma première assistante Marie Depuydt. Et évidemment, les comédiens qui sont venus sur le film. C’était un cadeau vraiment immense de les avoir à mes côtés dans leurs rôles respectifs. Alors j’étais rincée à la fin mais tellement fière de toute mon équipe. Je n’oublie pas notre compositeur, Mathieu, qui a ajouté des musiques qui apportent beaucoup au film aussi. Oui, je considère que j’ai eu de la chance que tout se mette en place ainsi. En même temps, c’est ça la création : c’est un gros point d’interrogation mais il faut tout mettre en œuvre pour que ça se fasse.

Donc c’était génial de passer derrière la caméra ! Contrairement à mon expérience de metteur en scène au théâtre, là, chacun avait un poste très précis que je ne pouvais pas faire à leur place. C’était génial d’être épaulée par chaque talent, j’ai adoré partager ce travail avec eux ! Les potes comédiens, qui sont venus pour la scène du diner, m’ont dit ne pas avoir l’impression que c’était mon premier film, ça fait plaisir... Et j’ai bien envie de recommencer !

Après quelques jours de mise en ligne, les retours et commentaires sont nombreux, ce qui doit vous faire particulièrement chaud au cœur…

Le premier jour de la mise en ligne, je n’ai pas été capable de le revoir, ce n’était pas possible, j’avais besoin que ce soit le public qui commente pour me rassurer. J’avais les pétoches à un point que vous n’imaginez pas. La confiance acquise précédemment se dilue le jour où le rendu est livré au public… C’est à lui de donner son avis, son ressenti et ça, ça nous dépasse.

Les commentaires, pour certains, sont émouvants, de femmes, d’hommes… Franchement, ça me touche que ce que j’avais envie de montrer soit reçu de cette façon ! C’est vraiment très agréable…

Vous l’avez dit, c’est là une version courte d’un format qui pourrait s’étendre sur une dizaine de minutes…

Oui, dans cette version, les instants pourront se vivre pleinement, c’est important. Dans la version courte, le déroulé de l’histoire fait que je n’ai pas pu mettre toutes les scènes que j’ai eu envie de mettre. Avec la monteuse, on a eu une frustration là-dessus… Quand j’ai écrit le scénario, j’ai voulu développer cette histoire. La version longue permettra notamment de mettre en avant le rôle du médecin, interprété avec tant de talent par Serge Hazanavicius. C’est tellement généreux de sa part d’être venu sur ce court-métrage, c’est un honneur qui m’a grandement touchée. Ce qu’il amène dans ce rôle est exactement ce que je souhaitais, c’était important pour moi d’avoir ce regard masculin dans cet univers féminin. Les femmes et les hommes sont indissociables et c’est pour cela que la compréhension d’un côté ou de l’autre est fondamentale… 

C’est un court-métrage qui s’adresse à tout le monde, pas uniquement aux femmes : il s’adresse aussi aux hommes, à la société, au corps médical… Chacun peut y voir sa compagne, sa mère, sa collègue… Il y a beaucoup de tabous sur la santé des femmes, sur l’accouchement aussi. Par exemple, les fausses couches qu’on se prend comme des claques, parce qu’on n’est pas informée que c’est courant.  Dame Nature nous impose des surprises, pourquoi les gens qui savent n’expliquent-ils pas, avant. Car être informée, parler des choses, ça prépare et si ça arrive, forcément, on le vit différemment.

Que peut-on ainsi vous souhaiter pour la suite du festival ?

Parce que ce sujet est tabou, ça me tiendrait à cœur que ce court-métrage soit remarqué pour son côté sociétal. Ce serait une belle récompense ! Surtout, que ce soit une piste de lancement pour la version plus longue qu’on est en train de monter, pour l’emmener en festivals car c’est un thème universel. J’aimerais bien, pour les femmes, qu’il dépasse nos frontières : il y en a qui m’ont dit « merci », ça m’émeut de le dire… À la fin, j’ai ajouté un thème en soutien à certaines femmes qui se reconnaitront. Ça me tenait à cœur.

Le court-métrage est d’ailleurs visible sur le lien suivant :

https://www.festivalnikon.fr/video/2023/4432

En complément, vous êtes toujours sur scène avec votre spectacle jeune public, « Le voyage de Tohé », que vous poursuivez au Mélo d’Amélie, jusqu’à mi-mars…

J’ai fait 3 théâtres parisiens, j’ai la chance que le Mélo d’Amélie m’ait reprogrammée cette année. J’ai aussi fait Avignon cet été, au théâtre de la Luna, c’était génial. Le public était au rendez-vous et, franchement, c’était agréable ! Cela m’a permis de décrocher des dates de tournée, notamment à Monaco en fin d’année dernière dans le beau Théâtre des Muses d’Anthéa Sogno. Je retourne aussi cet été dans le sud de la France le jouer, et au printemps je suis reprogrammée à Asnières notamment… « Le voyage de Tohé » vit donc un beau parcours mais c’est aussi mon voyage, finalement !

Et, j’ai eu une reconnaissance qui m’a vraiment touchée, une Nomination aux « Trophées de la Comédie Musicale Jeune Public 2023 » qui m’a vraiment émue. Car, c’est une reconnaissance de mon travail et de celui de mon arrangeuse musicale Sandra Gaugué. Cela fait tellement plaisir pour une première écriture et une première composition.

En tout cas, ces deux actualités vous permettent de vous adresser à des publics différents…

J’avais envie, avec ce film au Nikon, de m’adresser à nouveau aux adultes, on peut exprimer d’autres problématiques, d’autres sujets, on peut rêver autrement. Au-delà du thème traité, ce court-métrage est aussi un objet artistique et cela me tenait à cœur !

Oui, c’est une chance de pouvoir m’adresser à deux publics différents…

Quels sont vos autres projets et actualités artistiques à venir ?

Alors, j’ai eu le grand plaisir de tourner, au cinéma, aux côtés de Christina Réali et Christian Clavier dans la comédie d’Arnaud Lemort « Jamais sans mon psy », qui devrait sortir vers la fin de l’année. C’est une très chouette aventure  avec toute l’équipe !

J’ai aussi tourné, à Paris, dans un téléfilm américain, c’était génial de tourner en anglais, ce rôle de flic, avec toute cette team américaine et canadienne. C’était hyper agréable ! Cela fait partie des belles rencontres surprenantes. Donc poursuivons le chemin… !

Merci, Elisa, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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