Demain Nous Appartient : Emmanuel Moire dresse le bilan de sa première année à l'image !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Emmanuel,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

On se retrouve pour l’édition 2022 du festival de la fiction TV de La Rochelle. On imagine sans doute la joie, pour vous, d’être ici, notamment pour rencontrer une partie du fidèle public de la série…

C’est vrai ! Déjà, c’est de la nouveauté pour moi car je n’ai jamais fait de festival de la fiction donc c’est vraiment nouveau. Cela ne fait pas longtemps que je suis dans la série, ça ne fait qu’un an donc je découvre le festival de La Rochelle. Je trouve que c’est un sublime endroit, que c’est parfait pour découvrir un festival. Effectivement, je mesure l’impact de la fiction dans la vie des gens, quelque qu’elle soit, quel que soit le média. Je suis toujours admiratif de savoir que, nous, quand on travaille de notre côté, ça crée quelque chose dans la vie des gens, que ça les touche, que dès fois ça les fait se questionner. Je trouve que, du coup, la fiction est comme la chanson pour moi, c’est-à-dire que le fait de raconter des histoires permet aux gens de comparer, de réfléchir, de remettre en question quelque chose et j’aime la vertu de ces arts-là du coup. C’est important et ça me rappelle à chaque fois que, même si, pour moi, c’est un travail que j’aime évidemment, il est important parce qu’il a des conséquences dans la vie des gens, qui reçoivent des choses, des chansons, des histoires, des livres ou des fictions. J’aime bien cela, me sentir du coup responsable de quelque chose d’important. Je trouve que c’est une vraie responsabilité en fait : souvent, on oublie, en tant qu’artiste, que, quand on fait des choses comme cela, ce n’est pas juste pour notre égo ou pour nous montrer, en tout cas c’est comme cela que je travaille. Et tout cela me le rappelle. Je viens d’arriver, je suis là depuis hier et je le vois bien effectivement…Bon, les gens viennent me parler de fiction, de chanson, un peu de tout J mais c’est très agréable d’être là.

 

 

Vous l’avez dit, vous êtes à l’image depuis un an et la série existe depuis 5 ans, avec une fidélité du public qui ne se dément pas. Cela doit vous rendre fier sans doute ?

En fait, je crois que la quotidienne est un exercice particulier. Je le vois bien, j’ai des gens autour de moi, que je connais, dont mes parents, qui suivent et qui regardent, je vois bien ce que ça fait chez eux. Quand ils m’en parlent, ils ne m’en parlent pas comme une fiction, ils m’en parlent comme si c’étaient des gens qu’ils connaissaientJ, je vois que, d’un coup, il y a une espèce d’attachement à quelque chose qui les fait rêver. En même temps, ils se sentent concernés par le quotidien de ces personnages-là donc je peux comprendre que ce soit addictif. Comme je suis un bon élève, je ne regarde pas tous les soirs mais je me rattrape sur Salto, du coup je regarde tout ce qui est diffusé. Même si mon personnage ne joue pas tout et n’est pas à l’écran sur tout, pour moi il est censé être au courant de ce qui se passe notamment pour le personnage de Charlie. Donc je regarde tout ce qui se passe et j’avoue que, moi-même, je me prête au jeu et, dès fois, quand les cliffhangers de fin d’épisodes sont bien faits, évidemment que ça donne envie de revoir. Parfois, d’une arche sur l’autre, certaines sont très très bien écrites et créent vraiment un engouement : je trouve ça fabuleux qu’on arrive à cela. Pour moi, c’est très créatif de susciter l’intérêt de la part des auteurs chez le spectateur pour que ça lui donne envie de revenir. Donc je comprends que les gens soient au rendez-vous en fonction des périodes et des histoires, je trouve cela chouette.

 

 

Après un an à l’image, quel regard portez-vous sur votre personnage ?

Il est très passionné de son métier ! Je pose un regard assez fier dessus, déjà parce que je trouve que c’est un beau personnage. J’aime les mots avant tout, j’aime susciter l’éveil chez les autres, c’est-à-dire cette possibilité d’éveiller la propre conscience, la pensée, d’être sur l’authenticité et la sincérité des choses. J’aime cela avant tout, dans ma vie et je m’en suis nourris, je me suis dit que j’allais mettre tout cela dans ce prof. En fait, c’est cool, il a en face de lui des élèves qui ne demandent qu’à se construire, qu’à construire leur pensée, qu’à construire leur façon de voir les choses, leur discernement, leur discours et à le faire à travers des exemples de littérature mais pas que. Je pense qu’un prof de français/philo a envie que ses gamins deviennent des adultes responsables, par eux-mêmes autonomes. Ce sont des choses qui me marquent, qui, dans ma vie, me passionnent. C’est-à-dire que j’ai passé énormément de temps à travailler pour être authentique, pour me sentir autonome, pour me sentir responsable, pour savoir qui j’étais, ce que je pense, ce que j’aime, ce que je n’aime pas. Je trouve, en fait, que ce qui est cool, quand on prend de l’âge, c’est la notion de transmission ! Je n’ai pas d’enfant, je me suis dit que c’est génial, que j’allais pouvoir le faire dans la série, d’autant plus que mon fils arrive. Il y a tout cela et j’ai pris beaucoup de plaisir à mettre tout ça dans ce rôle. Même s’il faut être honnête, pour cette premier année ils ont posé le personnage, qui a plutôt servi les intrigues des autres. Mais on n’en sait pas plus sur ce bonhomme.

Ce qui est très cool, ce que, vraiment, la prod est superbe car ils ont décidé de l’étoffer. Tout arrive maintenant, en tout cas son passé va débarquer, on va savoir qui il est, d’où il vient, qu’est-ce qu’il vit. J’ai joué et tourné déjà beaucoup de choses cet été, qui vont arriver là et je vais encore tourner beaucoup de choses très très fortes, c’est vraiment super. Sur vraiment le perso, François et pas forcément sur le prof de français. Donc je suis ravi d’avoir passé une première année où j’ai pris mes marques, parce que je n’avais jamais tourné donc ce n’était pas évident au début. Je savais construire un personnage, travailler de manière autonome sur mon travail à moi mais je n’avais pas du tout l’expérience du plateau. J’avoue qu’arriver sur une quotidienne était, au départ, très très très angoissant pour moi, il m’a fallu du temps. Mais, là, au bout d’une année, le plaisir est là, je me sens rodé dans l’exercice et je commence vraiment à jouer comme j’ai envie de jouer maintenant. Donc je suis quand même dans la gratitude de cette première année, qui m’a permis de me mettre le pied à l’étrier, de commencer à tourner sur un plateau d’une quotidienne.

 

 

Avec, en plus, un rythme de tournage très soutenu sur une quotidienne…

C’est un marathon, parfois. C’est très frustrant parce que, parfois, on n’a pas le temps de faire les choses. Je suis un artiste, comme je le dis toujours, « diesel », j’ai besoin de faire et de refaire les choses pour, un moment, me dire « ah, c’est là ». Sauf que si je n’ai pas ce chemin qui me mène à trouver là où j’ai envie d’être, entre la mise en scène, les directions et ce en quoi je crois, je peux avoir des frustrations. Donc j’ai appris à trouver cela plus rapidement et en à profiter, dès que l’on fait une répétition ou une mise en place, pour chercher de suite ce que je veux, en appliquant ce qu’on me demande. Donc c’est un exercice très particulier, vraiment, que je ne connais pas. Sincèrement, pour être un artiste de spectacle vivant, quand on arrive sur scène, on a souvent eu 6 semaines de répétition avant pour travailler donc je suis alors rodé, je sais d’où je viens, je sais ce que je dois faire, du coup je suis aussi souple en fonction de ce qui se passe. Là, ce n’est pas du tout cela, on commence, on fait, on tourne : « les gars, attendez, je ne suis pas là ! ». Vraiment, ça a été très très particulier au départ de comprendre et de me dire que je n’ai pas le choix que d’accepter, qu’il va falloir que je réussisse à faire ce que je pense savoir faire, avec tout ça. Il m’a fallu quelques mois pour trouver le truc ! Mais je le prends comme un vrai labo de travail, comme si, d’un coup, je devais me demander quel comédien je suis, si j’ai accès facilement à ça, sinon comment faire. C’est assez intéressant pour moi, j’ai l’impression, vraiment, d’acquérir une expérience d’autonomie très intense.

On l’a vu ces derniers mois, François est en couple, avec Charlie, qui est bien moins âgée que lui. C’est là aussi un thème fort qui est abordé en access prime-time, sur TF1…

Je trouve cela super ! En plus, vraiment, dans l’écriture, ils décident que ce n’est pas un problème pour eux, que c’est un problème pour les autres. Je suis totalement d’accord avec cela, je trouve ça génial à défendre. Ce n’est pas parce que je suis totalement d’accord avec cela que la majorité des gens le sont, je vois bien que ça peut questionner, je l’ai remarqué au travers de ma mère, qui m’a dit que « c’est bizarre quand même ». Même si, maintenant, c’est acté…on s’attache à ces gens, on se dit qu’ils s’aiment et… c’est faisable, ça existe plus qu’on ne le croit. C’est super, au contraire !

 

 

Vous abordez, je trouve, un point essentiel de la quotidienne, elle a une vraie vertu, celle de faire entrer dans les foyers des gens des sujets sociaux pas si faciles que cela. Que ce soit sur la grossophobie, l’homosexualité, la différence d’âge,…plein de choses dont, peut-être, le public de DNA n’est pas au courant. Peut-être aussi qu’une partie des gens ne veulent pas, initialement, voir les problèmes sociaux de leur époque. Je trouve que la vertu de la quotidienne permet de ramener cela devant les yeux des gens : c’est concret, ça existe, ce n’est pas juste de la fiction. Comme les gens qui regardent la quotidienne ne considèrent pas que c’est une fiction, ils ont l’impression que ce sont des personnages qu’ils connaissent, auxquels ils s’identifient et ils intègrent alors ces problèmes-là : ça les fait se questionner, parfois sur leur propre vie, sur ce qu’ils peuvent vivre chez eux, dans leur foyer, sur ce qu’ils peuvent voir ou ce qu’ils ne voient pas, qu’ils entendent et qu’ils ne veulent pas croire peut-être. Donc je trouve que c’est une vraie vertu. Je suis assez admiratif de cela, d’oser ! Au mariage de Roxane avec une autre femme, ce n’était pas rien non plus. Je trouve, en tout cas, cela super, j’adore la vertu de la quotidienne. On ne parle peut-être pas de la quotidienne dans ces termes-là mais je trouve que, parfois, elle ramène des choses dans le foyer des gens, c’est honorable, vraiment !

Merci, Emmanuel, pour toutes vos réponses !

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Publié dans Télévision

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