Julia Palombe évoque son spectacle, actuellement à l'affiche au TMG !
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Bonjour Julia,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes actuellement sur scène, chaque samedi soir, au Théâtre Montmartre Galabru, avec votre spectacle « Fantasy ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie que cela doit être pour vous ?
Oui, la scène est mon premier amour. Je suis montée sur scène pour la première fois à l’âge de 5 ans donc c’est vraiment quelque chose qui m’anime, c’est chez moi, c’est vraiment mon terrain de jeu. D’ailleurs, récemment, on me demandait si je ne suis pas angoissée, d’autant plus avec ce show où l’improvisation est de mise et j’ai répondu que c’est comme pour un rendez-vous, je me prépare, je me fais belle, je suis excitée à l’idée de retrouver mon public. Et puis, il y a cette volonté chez moi de donner le meilleur donc je suis plutôt dans une excitation et une élévation…C’est divin, en réalité !
Si l’on revient à la genèse de ce spectacle, qu’est-ce qui vous avait donné l’envie de proposer ces thèmes ?
Je suis toujours extrêmement curieuse de l’intime dans toutes mes œuvres, musicales, littéraires ou théâtrales. J’interroge cette intimité, ce désir et, jusqu’ici, même si, sur scène je peux me briser le 4è mur, c’étaient quand même des spectacles écrits de bout en bout, avec un début, un milieu et une fin, où rien ne bougeait. Là, sur « Fantasy », j’ai eu l’envie de rentrer, si je peux dire, au plus profond de l’intimité, avec les fantasmes, c’est choses que l’on ose à peine se dire à soi. Non seulement je suis curieuse et je veux qu’on me les dise mais, en plus de ça, j’avais envie d’être en improvisation pour, peut-être, être gentiment en danger et essayer d’éviter le piège de la maitresse d’école qui serait là à nous raconter les bons et les mauvais fantasmes. Je me suis dit que ce serait génial d’être en interaction perpétuelle sur ce sujet ultra glissant, c’est le cas de le dire. Je voulais que ce soit un peu comme une discussion entre le public et moi.
D’ailleurs, l’interactivité avec le public commence même avant la représentation, où chaque personne du public doit écrire sur un petit papier blanc son fantasme presque inavoué…
Oui, c’est aussi l’aspect presque sociologique, j’avais envie de réfléchir sur les fantasmes d’aujourd’hui. En 2023, à quoi rêve-t-on ? Qu’est-ce qui nous obsède ? Qu’est-ce qui nous effraie ? J’avais envie que ce soit actuel. Sinon, cela aurait pu être l’histoire des fantasmes, en prenant les grandes lignes. Mais je n’avais pas envie de cela, j’avais envie de confronter les gens là, maintenant, tout de suite, aujourd’hui, sur ce qui les fait vibrer. D’ailleurs, on le voit bien sur scène, il y a des tournures de phrases qui sont révélatrices de l’époque que nous traversons. Je crois que c’est intéressant, c’est ce qui fait aussi que ça s’inscrit dans l’air du temps.
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Est-il si facile, ensuite, de faire monter sur scène certains spectateurs et de les faire participer ?
C’est toujours, évidemment, le grand saut dans l’inconnu parce que les publics sont tous différents. C’est à moi de les appréhender, de les dresser- je sors mon fouet J- et, surtout, de les mettre en confiance, de ne pas les braquer. Je me concentre pour être à l’écoute et, en réalité, jusqu’ici, j’ai réussi à mettre tout le monde dans un espace de sécurité, de drôlerie et pas dans le jugement. Donc ça fonctionne, à différents degrés. Même si tout est écrit partout, certains se retrouvent là, invités par je ne sais qui et ne savent pas du tout où ils mettent les pieds, ils sont donc surpris. Mais la surprise peut aussi être délicieuse et faire partie du jeu. Je crois que tout se joue au début, dans les premières 10 à 15 minutes, où il faut arriver à vraiment instaurer cet échange, pour que l’on soit dans un intime, un intime partagé, avec des lumières qui ne sont pas toujours que sur moi. Je dois me concentrer pour être dans l’équilibre et arriver à prendre les spectateurs dans mes bras, au sens propre comme au sens figuré.
On peut penser que, sur les papiers, vous pouvez retrouver des choses conventionnelles et d’autres qui le sont un peu moins ?
Oui ! Je suis surtout étonnée par les tournures, par la manière de dire les choses. Il y a des fantasmes très traditionnels, pour en nommer un, le trio, où on invite une personne extérieure au couple. Il y a tellement de manières de fantasmer sur le trio que, parfois, c’est très drôle ! Je remarque qu’il y a cette hésitation, souvent il est écrit « j’aimerais inviter un homme (ou une femme) » donc, déjà, la personne n’est pas sûre et ça me fait beaucoup rire ! Il y a aussi « je voudrais faire l’amour à 3…ou 4 », ce n’est pas clair et je trouve cela marrant. En gros, cela veut presque dire « bon, je veux bien y aller mais…peut-être…finalement pas… ». Parfois, il y a évidemment des gens que l’on sent à l’aise avec la mise en scène du désir, il y a comme un petit synopsis, en quelques phrases où le décor est planté. Là, c’est toujours assez magique d’avoir des fantasmes élaborés et le public n’hésite pas à applaudir, il y a un grand engouement. Oui, c’est très intéressant !
Cela doit être, du coup, particulièrement plaisant de réussir à faire participer les gens. D’autant plus quand, au début, certains pouvaient être hésitants pour finalement se lâcher plus encore que les autres…
Oui, là, c’est le tour de force magique lié évidemment à mon costume d’artiste. Ce sont l’art et la poésie qui permettent cela, c’est vrai que c’est merveilleux quand une personne réticente – pour des raisons qui la concernent et je n’ai d’ailleurs aucun soucis avec cela – finit par se laisse envahir par cette vague de désir et d’amour. C’est fantastique !
Bien entendu, la participation du public se fait dans la bienveillance et vous savez accueillir vos hôtes sur scène…
Je suis très généreuse ! J’ai du champagne sur scène, j’ai des livres, j’ai des objets érotiques et c’est un vrai plaisir de les voir repartir avec. C’est un peu comme un baptême érotique finalement, ils ne repartent pas avec les dragées mais avec des petits rouges à lèvres vibrants.
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D’ailleurs, quels principaux retours pouvez-vous avoir du public à l’issue de la représentation ?
En premier lieu, il y a évidemment l’étonnement de la forme de ce spectacle, beaucoup de gens disant « waouh, je n’ai jamais vu cela, c’est la première fois que je vis un spectacle comme cela, c’est absolument unique ». Ensuite, c’est quelque chose que je n’avais pas forcément appréhendé mais que j’adore, les gens sont à la fois excités de se dire « ouh là là, quand va-t-elle tirer mon petit papier ? Et comment les gens vont-ils réagir quand ils vont entendre mon fantasme ? » mais aussi excités de découvrir comment la personne à côté d’eux réagit à tel ou tel fantasme. Il y a quelque chose comme cela qui se vit par un jeu de regards, accentué par un jeu de lumières qui permettent de se voir. Il y a donc quand même de l’excitation à tous ces mots que l’on dit. Il y a un côté un peu érotique, au sens du mystère de qui a écrit quoi. Enfin, pas mal de gens me disent que ce spectacle leur a donné l’envie de lire tel ou tel auteur, au travers de l’aspect culturel de « Fantasy », où j’essaie de donner des pistes sur de grands auteurs. Ils ont donc parfois l’envie d’aller creuser plus profondément un fantasme auquel ils n’avaient pas pensé et qui est sorti ce soir-là.
Vous êtes sur scène jusqu’au troisième samedi d’avril pour l’instant. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? D’aller encore plus loin et de casser toujours plus ce fameux 4è mur ?
Oui, je veux toujours plus, à la fois me libérer et, par effet miroir, libérer mon public. On va vers un spectacle qui est une grande fête. Je pense qu’on va revenir encore plus forts à la rentrée de septembre. C’est un spectacle qui a toutes les chances d’aller sur les routes de France et de rencontrer un public encore plus large.
En complément, en plus de votre chronique hebdomadaire à la radio, aux côtés de Brigitte Lahaie, un album est en cours de finalisation, pour une sortie d’ici 2 mois environ…
Musicalement, c’est une carrière que je mène depuis 13 ans aujourd’hui, et que j’ai l’envie de continuer. Je souhaite pouvoir m’amuser, j’ai toujours pensé qu’un art nourrissait l’autre, en tout cas c’est comme cela que je le vis. La musique nourrit mon théâtre, qui nourrit à son tour la radio…des ponts se font. Cet album a été réalisé avec mon mari, il va être très beau, très poétique, aux saveurs de l’Italie.
Merci, Julia, pour toutes vos réponses !