Mathilde Bernard évoque son actualité et ses projets, sur scène et en studio !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Mathilde,

Quelle joie d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène, au théâtre Le Funambule Montmartre, dans la pièce « Folie Baroque ». A titre personnel, on imagine sans doute le plaisir et la joie que cela doit être pour vous ?

C’est un spectacle qui a vu le jour en 2020, nous avions joué 4 dates avant le confinement. Entre temps, l’équipe a pas mal changé, finalement la seule résistante, c’est bien moiJ. J’ai proposé à Alexis de nous rejoindre, c’est un ami comédien et metteur en scène. L’équipe est donc entièrement nouvelle, c’est un peu comme une nouvelle pièce.

Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

Je dirais que c’est une comédie classique musicale, pour ne pas l’associer à de la comédie musicale. On n’est pas du tout là-dessus, on ne vient pas défendre nos répliques en chantant, on est bien sur une pièce de théâtre qui raconte l’histoire de l’arrivée de castrats napolitains en France au XVIIIe siècle. La musique était alors assez présente, dans notre pays, dans les salons, dans les grandes familles aristocrates mais on n’avait encore jamais vu de chanteurs castrés en France.

A titre personnel, je joue le rôle de Claudine, une femme très libre, qui revient de Venise chez elle et qui offre un castrat à son amant ou mari – on ne sait pas exactement quel est leur lien. C’est l’élément déclencheur de la pièce…

 

 

Au moment de vous approprier ce personnage, vous étiez-vous plongée dans certains éléments de contexte de l’époque, pour mieux en appréhender l’atmosphère ?

Je ne suis évidemment pas habituée à jouer un personnage du XVIIIe donc, pour le rôle, j’ai regardé beaucoup de films d’époque. Notamment « Madame de Joncquières », avec Cécile de France, qui se tient extrêmement droite. La position des mains, à l’époque, est extrêmement importante. On ne peut évidemment pas les mettre dans les poches…Je connaissais peu le monde des castrats, j’ai regardé « Farinelli », je me suis renseignée, j’ai lu pas mal d’articles. Sabine, l’auteur, nous a beaucoup documentés aussi, elle nous a vraiment donné toute sa bibliographie de tous les bouquins dont elle s’était inspirée. Je suis allée voir pas mal de spectacles pour savoir quels éléments de mise en scène étaient mis en avant et quels étaient les costumes. Je pense notamment à une pièce au La Bruyère qui m’a vraiment marquée, qui s’appelait « Aime comme Marquise ». La comédienne qui jouait cette femme m’a beaucoup inspirée.

Mais, oui, il est évident que l’on s’est tous plus ou moins inspirés de vieux bouquins du lycée que l’on avait en tête, comme « La princesse de Clèves », ainsi que de films d’époque. Aujourd’hui, c’est vrai que pas mal de supports existent, nous permettant de travailler nos rôles.

Pour certaines facettes de Claudine, y avez-vous mis, de près ou de loin, un peu de vous ou de personnes de votre entourage ?

Je pense que Claudine me ressemble sur pas mal d’aspects. Elle est un peu fofolle, extravagante, elle parle beaucoup, elle peut aussi être joueuse avec son mari. Elle est parfois sur la retenue mais elle n’a pas sa langue dans sa poche, quand elle a besoin de dire quelque chose, elle le dit donc elle est assez honnête. Elle est également une femme enfant.

Donc, oui, j’y ai mis un peu de ma personnalité. De toute manière, tu y mets forcément un peu de toi quand tu construis un rôle. Evidemment, la classe sociale est très éloignée de la mienne, l’époque fait toute la différence mais il n’empêche que, dans sa folie, sa générosité et je dirais sa fougue, on se rejoint pas mal.

Les mots et le phrasé sont-ils d’ailleurs ceux de l’époque ? Ou le vocabulaire est-il plus contemporain ?

Je pense que Sabine a vraiment fait un beau travail, justement, sur la retranscription et le langage soutenu de l’époque. Maintenant, nous, comédiens, sommes très très fidèles à son écriture mais on peut y mettre aussi un peu de contemporain dans notre manière de parler pour, peut-être, rendre nos personnages plus quotidiens. Donc c’est vraiment un parti-pris. On a cette liberté de quand même casser un peu ce langage soutenu mais tout le texte est extrêmement classique. J’avoue que ça fait du bien aussi aux oreilles de ne pas avoir un « ouais, grave ! » en plein milieu d’une réplique.

Vous l’avez dit, vous êtes 4 sur scène mais pas forcément 4 comédiens, il y a un mélange de jeu et de musicalité tout au long de la représentation…

Sachant que ça parle des chanteurs castrats, on n’avait pas du tout envie de proposer juste un comédien qui interprète un castrat mais qui ne puisse pas chanter. Donc notre comédien, je vous rassure, n’est pas castré, il est contreténor donc il a une tessiture vocale évidemment très aigue pour un garçon. Il fallait aussi qu’il ait un amour pour Vivaldi, qu’il connaisse ses chansons et ses mélodies, Sébastien a donc fait, lui aussi, un gros travail de recherches. On ne voulait pas non plus se contenter d’une bande son, on souhaitait avoir un vrai piano sur scène. Malheureusement pour nous, ce n’est pas un clavecin car le piano, à l’époque, n’était pas vraiment existant mais, justement, on se marre là-dessus, on dit que c’est un piano droit et que mon mari est un avant-gardiste. Ces deux rôles, de Sébastien et de Magnhild, contrebalancent donc les deux autres personnages.

 

 

Quels principaux retours avez-vous déjà pu avoir du public, à l’issue du spectacle ?

Je pense qu’ils ont apprécié l’ambiance générale qui se dégage de cette pièce, on a eu de très beaux compliments sur le texte, sur l’énergie déployée sur le plateau, sur le décor classique de ce salon parisien, sur la beauté des chants. On a eu pas mal de mots gentils mais c’est un début, on verra par la suite.

A propos de début, sans doute peaufinez-vous encore certains éléments, en fonction de vos ressentis et des retours de la salle ?

On s’est rendu compte qu’il y avait quelques petites choses qui ne passaient pas. Pas le texte, qui est écrit et ancré, en revanche en mise en scène il peut y avoir des déplacements à retravailler. Un accessoire de texte peut aussi être déplacé ou changé de timing. Alors même que l’on est sur scène, on va refaire des répétitions pour que le spectacle se bonifie de semaines en semaines. Donc, oui, je pense qu’il va encore bouger, rien n’est fixé.

 

 

En complément, vous qui êtes une artiste aux multiples casquettes, vous développez d’autres projets musicaux…

Oui, c’est d’ailleurs aussi pour cela que « Folie Baroque » m’a beaucoup attirée quand on m’a proposé le rôle, c’est qu’il y avait évidemment un lien entre la musique et la comédie, les deux métiers que je fais et qui me plaisent toujours autant.

J’avais sorti un premier EP – un album de 6 titres – en mars 2022 et je suis sur l’écriture d’un second. C’est du travail, de l’écriture des textes à l’enregistrement, sans oublier les scénarii des clips. Je m’en occupe donc à côté du théâtre et j’aurai une date de concert le 27 janvier au Pamela Club, à Saint-Germain. C’est une date gratuite, où seront présentés 2 à 3 nouveaux titres du prochain EP. J’y ferai aussi quelques reprises et chanterai également l’intégralité du premier album.

Avoir cette pluridisciplinarité-là doit être, à titre personnel, particulièrement plaisant et agréable ?

Oui ! Là où je me sens un peu légitime sur scène dans « Folie Baroque », c’est que, comme je suis musicienne, j’ai une certaine oreille et donc je comprends leur langage, ce qu’un autre comédien peut-être ne comprendrait pas. Donc, quand ils parlent de tierces, de changements de tonalité ou de rythme, je les comprends. C’est mon petit plus en tant que comédienneJ. Parfois même, je traduis à Alexis ce qu’ils veulent dire. C’est vrai que c’est hyper sympa : j’ai, sur scène, le plaisir d’écouter de la belle musique et le plaisir pour moi de jouer la comédie.

Merci, Mathilde, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Musique

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