Eurosport : Anne Boyer évoque sa rentrée bien chargée à l'antenne, avec notamment l'US Open puis le patinage !
Bonjour Anne,
Quelle joie d’effectuer cette interview avec vous !
A partir du 29 août prochain, nous pourrons vous retrouver sur les antennes d’Eurosport et sur l’appli pour l’US Open de tennis. A titre personnel, on imagine sans doute le plaisir et la joie que cela doit être pour vous ?
C’est toujours un plaisir ! C’est vrai que le tennis, c’est mon sport. Je suis très heureuse de commenter une nouvelle édition de l’US Open. Ça va être une édition intéressante en plus puisqu’il va y avoir du monde au rendez-vous, même s’il y a une petite interrogation pour Djokovic. On sait que, sans statut de vacciné, pour l’instant, il n’est pas autorisé à entrer sur le sol américain. Mais bon, ça restera intéressant même sans lui, il y a aura Nadal, Medvedev qui n’était pas à Wimbledon…Il y a plein d’histoires chez les hommes. Chez les dames aussi, avec Serena Williams qui va tirer sa révérence cette année. Donc, oui, on va se régaler. Au-delà du sport et de l’intérêt sportif, c’est aussi une super aventure humaine à Eurosport. On est très nombreux sur le dispositif, il y a les chaines classiques – Eurosport 1 et Eurosport 2 – et il y a toute l’application Eurosport, où on diffuse tous les matchs de tous les courts en version commentée. C’est une vraie richesse, c’est chouette pour nos mordus de tennis.
Il y a une très belle équipe de journalistes, on se connait depuis longtemps. Il y a ceux qui travaillent à Eurosport au quotidien et les pigistes avec qui on travaille également depuis longtemps. Evidemment, on est contents de retrouver nos consultantes et nos consultants, avec cette reprise du grand chelem. Donc ça va être chouette, oui, de se retrouver. Je suis donc très heureuse de commenter un nouvel US Open sur Eurosport, c’est une belle rentrée, ça promet !
Parmi la richesse et les forces d’Eurosport, vous avez commencé à l’évoquer, il y a ces nombreux consultants, aux profils très diversifiés…
Oui et ils ont tous encore un pied dans le tennis, de près ou de loin. Certains ont ou ont eu des responsabilités dans la Fédération Française de Tennis, comme Arnaud Di Pasquale, Arnaud Clément ou George Goven. Justine Hénin a son académie en tennis, Camille Pin travaille avec beaucoup de tournois, Jean-Paul Loth et Eric Deblicker ont une connaissance très fine et très riche du tennis, ils suivent ça de très près encore, ils ont encore un lien avec les joueurs et les joueuses. Donc, oui, oui, on a une belle brochette de consultantes et de consultants sur Eurosport, qui ont leur style bien à eux aussi et ça se voit aux commentaires, ça s’entend. Dans les émissions aussi, certains sont plus trublions que d’autres, je pense qu’il y a une belle relation aussi avec les journalistes, on s’entend tous très bien entre nous donc c’est vrai que c’est sympa. On a une vraie expertise de ce sport, je pense que c’est aussi notre plus-value sur le tennis, à la fois la bonne humeur et la précision de l’analyse, avec du sérieux quand il faut en avoir mais aussi de la légèreté. Donc, oui, à Eurosport, on est gâtés niveaux consultantes et consultants, il y a du beau monde.
Du coup, face à cette diversité de profils que vous citiez, vous adaptez-vous, à l’antenne, au style de chacun ?
Ça se fait assez naturellement, on a l’habitude maintenant, ça fait longtemps que l’on commente avec eux. C’est sûr que certains sont plus bavards, il y en a qui aiment mieux laisser vivre le jeu et moins parler, il y en a qui vont plus s’attacher à la technique et d’autres aux à-côtés. Ça dépend aussi des moments et des matchs, parfois il y a des rencontres qui ne sont pas très intéressantes sur le plan tennistique mais où il va se passer quelque chose autour, avec l’arbitre ou avec le public. Et il y a des matchs où ça va se faire tout seul quand le match est passionnant, il se passe plein de choses, c’est très riche. Surtout en grand chelem, il y a des histoires souvent assez incroyables, des inconnus qui vont loin, des revenants, des favoris qui tombent,…il y a toujours des super histoires. Donc ça se fait assez naturellement mais, oui, il y a une petite adaptation quand même en fonction du consultant. Il y en a avec qui on a plus d’affinités que d’autres, il y en a avec qui c’est plus facile de garder son sérieux et d’autres avec qui, parfois, il ne faut pas trop se disperser parce que ça va vite de rigoler et de se laisser un peu distraire quand le match n’est pas des plus intéressants. L’adaptation se fait donc assez simplement maintenant, surtout qu’on a l’habitude, ça fait un moment maintenant que l’on a le même pool de consultants et de journalistes.
A titre plus personnel, préférez-vous laisser le jeu se dérouler et intervenir entre les points ? Ou aimez-vous le faire pendant un échange ?
J’aime bien ne pas trop parler, souvent pas du tout, pendant les échanges. C’est ce que les gens attendent, je pense. Alors, évidemment, quand il y a un échange incroyable, parfois c’est tentant de glisser un petit « oh, c’est incroyable! ». Mais il faut que ce soit, je pense, assez rare et il faut attendre le beau moment. Mais, oui, globalement, j’essaie de laisser le jeu vivre au maximum. Après, on est porté par l’ambiance. Il y a des moments où, à la fin d’un échange qui a duré trente coups, on va laisser le consultant exploser quand on le sent prêt à parler. Parfois, c’est lui qui va se mettre un peu en arrière et qui va nous laisser partir. Donc ça dépend mais je suis plutôt à essayer de ne pas trop parler, à laisser vivre. Parfois, il y a besoin de meubler quand c’est un peu plus calme et c’est là où on va essayer d’interroger le consultant sur des idées plus généralistes, on fait un petit point sur le tennis français, sur les résultats ou les dernières évolutions. En tout cas, en tant que téléspectatrice, quand je regarde, j’aime bien que ce ne soit pas trop bavard mais aussi que, quand il faut, ça explose. C’est vrai que le tennis est un sport où le rythme est assez « lent » puisqu’on ne parle pas pendant les échanges, on ne parle pas en continu comme au foot par exemple. Du coup, il faut que, au moment venu, ça parte, il ne faut pas non plus se laisser trop endormir, c’est parfois un peu le risque, je pense, sur ce sport-là.
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J’aime quand il y a aussi de l’humeur, quand il se passe des choses, comme un mauvais geste ou une polémique. C’est bien que l’on puisse s’exprimer, qu’il y ait du débat, que l’on ne soit pas d’accord avec le consultant, c’est ce que j’aime aussi, ça me plait d’avoir des discussions un peu houleuses. Mais pas pendant le jeu, encore plus à l’US Open, où le public est très présent, fait du bruit donc il se suffit, je pense, à lui-même pour qu’il y ait de l’ambiance, sans qu’on soit forcés de parler. Même à la fin du point, parfois on ne parle pas, si c’est une vilaine faute ou si c’est un ace, on n’a pas besoin de commenter. Je pense qu’un Frédéric Verdier ou un Bertrand Milliard le font très bien. Il n’y a pas besoin de tout commenter, c’est un peu le risque d’ailleurs quand on débute. Je sais que je l’ai un peu fait, à vouloir tout le temps parler pour qu’il n’y ait pas de blanc mais je pense que, sur des tournois comme ça, ce n’est pas grave, il ne faut pas avoir peur du blanc, il faut laisser vivre. Les gens n’ont pas besoin d’avoir tout le temps quelqu’un qui leur parle, ils ont aussi envie de profiter de l’image et du jeu. Parfois, le téléspectateur a besoin de se faire seul sa propre idée sur ce qui vient de se passer et ensuite nous sommes là pour enrichir l’image. Il ne faut pas trop prendre de place, ce qui est difficile et c’est même ça le plus compliqué pour moi.
En amont d’une compétition comme celle-ci, avez-vous une méthodologie particulière de préparation ?
Sur Eurosport, on diffuse beaucoup de tennis, on a tout le circuit ATP toute l’année. On commente quasiment tous les tournois et on retrouve les mêmes équipes. On baigne presque dedans donc la préparation se fait tout au long de l’année. Avant un gros tournoi comme celui-ci, on a la chance de commenter ceux de préparation qui précédent, là en l’occurrence la tournée américaine, avec Montréal, Cincinnati, ça permet de se remettre dans le bain. Oui, il faut regarder du tennis en amont, se replonger dans l’actualité, on suit, même en vacances, ce qui se passe sur les tournois, on lit Eurosport.fr pour avoir les dernières nouvelles. On remet à jour aussi nos statistiques et nos petites fiches sur les joueurs, sans oublier de s’intéresser aux petites nouvelles et aux petits nouveaux qui débarquent, que l’on connait moins bien, qui ont parfois explosé pendant l’été quand les gros ont été un peu en retrait. Donc ma méthodologie est celle-ci, de doucement me remettre à lire un peu la presse, à regarder quelques images, des résumés quand je n’ai pas le temps de voir les matchs en entier et puis on se remet vite dans le bain. Il ne faut pas trop non plus se laisser phagocyter par les informations en amont, il faut aussi vivre le tournoi en lui-même et ce qui s’est passé avant ne va pas forcément déterminer ce qui va se passer pendant. J’aime bien ne pas avoir trop d’informations pour avoir un regard neuf sur le joueur ou la joueuse que je vais commenter.
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Pendant une compétition comme celle-ci, qui s’étend sur deux semaines, on peut penser que, en complément des matchs que vous commentez, vous en regardez d’autres parce que ce sont des joueuses ou joueurs que vous serez potentiellement amenée à retrouver à l’antenne quelques jours plus tard ?
Oui, oui, c’est sûr ! Pendant des grands chelems comme ça, on regarde beaucoup de tennis. On échange entre nous aussi, ça permet également de se nourrir car on ne peut pas non plus tout regarder, surtout que ce tournoi est en partie de nuit. Ce sont quinze jours qui sont dédiés à l’US Open, on est à fond dedans et la presse est aussi là pour nous permettre d’être exhaustifs sur toutes les informations. On regarde également les émissions sur Eurosport France qui encadrent les matchs, où il y a de gros résumés qui sont faits sur ce qu’il ne fallait pas manquer de la nuit, sur les principaux joueurs, les principales joueuses à suivre, sur les révélations ou la grosse sortie de route. Sans oublier Eurosport International, où ils sont un peu moins focalisés sur les français mais ça permet d’avoir des éléments sur d’autres joueurs.
Le rythme de la quinzaine doit être, du coup, particulièrement intense ?
Oui, oui, on sort assez fatigué en général de l’US Open ou de l’Open d’Australie puisque ce sont les deux grands chelems qui sont décalés. Après, j’aime bien ces ambiances de nuit, de petit matin, où ça a été assez feutré, il n’y a pas eu grand monde et puis les gens arrivent, ça échange autour de la machine à café, avant de commenter un match. On est crevés mais on est tellement contents d’être là ensemble, de commenter du tennis, surtout quand ce sont de beaux tournois, que la fatigue se fait vite oublier. Donc oui, il y a un rythme à prendre, au début on est en pleine forme, au milieu on a pris le rythme et, à la fin, on est un peu fatigués. Mais ça reste quinze jours, on ne travaille pas sept jours sur sept, le plus difficile à gérer, ce sont les jours de repos, il ne faut pas trop se décaler à nouveau mais, en même temps, quand on a des vies de famille, on n’a pas toujours le choix, mais ça se fait quand même assez bien. Franchement, c’est du plaisir !
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Sportivement parlant, selon vous, à quoi peut-on s’attendre sur chacun des deux tableaux pendant cette quinzaine ?
Il y a souvent beaucoup de surprises, on va évidemment être très attentif, chez les messieurs, à Rafael Nadal, il a quand même gagné les deux premiers grands chelems de l’année. L’US Open n’est pas forcément celui qui lui réussit le mieux. On sait qu’il a toujours cette blessure au pied sous-jacente, ça complique aussi parfois les choses, il va être très bien et, tout d’un coup, il va être gêné physiquement. Il y a l’interrogation Djokovic, on aimerait évidemment, sportivement, qu’il puisse participer. On va vite être fixés sur sa participation ou non. Sa présence va évidemment changer beaucoup de choses, dès qu’il est là, il devient l’un des favoris du tournoi. Il y a le numéro un mondial, Daniil Medvedev que l’on attend puisque c’est évidemment le tenant du titre, il avait battu l’année dernière Djokovic dans une finale assez incroyable. On compte aussi toujours sur cette « next gen », qui n’a pas encore réussi. Il y a Carlos Alcaraz qui suscite beaucoup d’espoir, Tsitsipas, Felix Auger Aliassime…. Après, il y a aussi des joueurs que l’on aime voir jouer, des Wawrinka, des Murray qui sont des revenants mais qui vont toujours nous offrir des matchs épiques. Il y a toujours des surprises donc c’est difficile de savoir à quoi s’attendre mais je pense que l’on va quand même retrouver les principales têtes d’affiches et de série. Il y a également le norvégien Casper Ruud qui fait une bonne tournée américaine. Ces noms-là sont attendus en huitième ou quart de finale.
Chez les femmes, il y a Simona Halep qui revient très bien depuis qu’elle travaille avec Patrick Mouratoglou. On a évidemment la polonaise Swiatek que l’on attend au tournant après sa victoire à Roland-Garros.
On aura évidemment un œil attentif sur nos françaises et nos français, malgré le forfait de notre numéro 1, Gaël Monfils. Il y a Alizé Cornet, qui est sans doute dans sa dernière année et qui se fait beaucoup plaisir, je crois, en ce moment. Caroline Garcia a retrouvé un niveau exceptionnel cet été, ça fait vraiment plaisir à voir, et c’est très encourageant pour cet US. C’est difficile de donner des pronostics, surtout après l’été où il y a pas mal d’interrogations, avec des joueuses et joueurs qui ont plus ou moins joué mais je pense que ça va être un tournoi intéressant, où presque tout le monde sera présent.
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En complément, on pourra vous retrouver ensuite, en octobre, pour la reprise de la saison de patinage. Cet autre exercice, certes différent, doit être très complémentaire quand même ?
Oui, oui, sur Eurosport, les sports d’hiver nous occupent une grosse partie de la saison. Il va y avoir la reprise du ski alpin, du biathlon, de l’émission « Chalet club ». A titre personnel, je suis hyper contente de reprendre le patinage parce que ça a été, évidemment, une magnifique année avec les Jeux Olympiques d’hiver et la médaille d’or de nos français, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, même s’ils ne seront pas sur le circuit cette saison car ils prennent une année sabbatique. On espère tous qu’ils reviendront ensuite car ils sont encore jeunes. Il y a Yuzuru Hanyu, la grande star japonaise, qui a aussi dit qu’il arrêtait donc ça va faire un petit vide mais on est très contents de retrouver le patinage parce que les saisons post-olympiques sont toujours hyper intéressantes. Il y a beaucoup de prises de risque, en général, au niveau des programmes, on essaie de créer des choses nouvelles puisqu’on n’a pas pris trop de risques sur les JO pour assurer le coup. Derrière, on tente des choses, il y a de nouvelles têtes qui arrivent, c’est la fin d’un cycle, souvent. Donc ce sont toujours des années très riches.
C’est d’ailleurs lors d’une année post-olympique que j’ai commencé à commenter le patinage, en 2018, après PyeongChang et c’est là que tout a commencé pour moi aux commentaires. Je n’avais jamais pris le micro pour commenter du sport et c’est Géraldine Pons, la directrice de la rédaction d’Eurosport France, qui m’a proposé de commenter le patinage. J’avais toujours dit que je ne commenterai jamais parce que ce n’était pas fait pour moi, j’aimais bien créer des sujets, travailler sur le reste, dans l’ombre. Mais quand on vous fait une telle proposition, ça ne se refuse pas. J’ai donc accepté et je ne regrette pas. Depuis, je ne me suis plus arrêtée et, surtout, j’ai commenté plein d’autres sports, dont le tennis qui est mon sport numéro un. C’est vrai que j’ai une affection particulière pour le patinage, je suis vraiment tombée amoureuse de cette discipline. J’ai toujours regardé, quand j’étais petite, avec ma maman, les compétitions le week-end mais au départ, je n’étais pas une spécialiste ! J’ai beaucoup appris au contact de Natalie Péchalat et d’Alban Préaubert, nos consultants à l’époque. Ils m’ont énormément aidée au début, j’étais hyper stressée mais ça a été un immense plaisir, et surtout un coup de foudre complètement inattendu pour le commentaire et, aujourd’hui, le commentaire représente 90% de mon activité. Je commente aussi de l’équitation ou du snooker. Il y a eu, lors des JO de Tokyo, la gymnastique et ce sera à nouveau le cas pour Paris 2024.
Donc, oui, je suis très heureuse de retrouver le patinage à partir d’octobre, ça va être une belle saison, on va se régaler sur Eurosport, c’est chouette !
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Pour boucler la boucle, vous évoquiez Paris 2024, c’est l’un des beaux projets à venir sur la chaine…
Oui, oui, on est déjà en plein dedans, on a déjà lancé le compte à rebours, il va y avoir des rendez-vous qui vont débuter à la rentrée puis tout au long de l’année. Des émissions seront animées autour des différents visages qui vont faire Paris 2024 et que l’on retrouvera sur Eurosport mais aussi autour des différentes disciplines. Cela va être chouette et c’est vrai que, après Tokyo, ça va vite arriver. C’est une grosse échéance que nous avons déjà commencée à préparer, on est à fond dedans, dans la finalisation de l’équipe de consultants et on retrouvera beaucoup de visages et de voix que l’on a entendues lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Je serai à nouveau sur la gymnastique, j’avais commenté avec Emilie Le Pennec à Tokyo et ça avait été un vrai plaisir. On a hâte et ça se prépare vraiment en amont. Ça parait loin mais ça arrive vite. On a tous hâte !
Merci, Anne, pour toutes vos réponses !