Maud Buquet évoque son parcours mais aussi ses projets artistiques actuels !
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Bonjour Maud,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, comme en témoigne votre parcours. Si l’on en revient à l’origine de votre parcours, qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire de l’artistique votre quotidien ?
J’ai commencé toute petite, avec un tournage à l’âge de 9 ans, aux côtés de Jacques Baratier, un réalisateur, ami de la famille. Je pense que ça m’a marquée. Ma maitresse de CM1 m’a dit-je ne m’en rappelais pas- que petite, je parlais déjà d’être comédienne. Là où j’ai vraiment fait mon choix, c’est au moment où j’ai vu « Lawrence d’Arabie ». Ce film m’a marquée par sa puissance, son envergure, sa narration. J’aime beaucoup la dimension biographique et politique que peut avoir le cinéma, quand il apporte un éclairage, un regard sur le monde. Je me suis dit que c’était passionnant et que je voudrais y participer. Par la suite, j’ai oublié complètement cette envie, je l’ai mise de côté pendant des années et je me suis dit que j’allais travailler avec les animaux. Je voulais aider la terre. Arrivée au Bac, il s’est avéré que mon profil était beaucoup plus littéraire que scientifique, ça m’a orienté vers les langues, vers la Fac et c’est là qu’une amie m’a proposé de faire des essais pour l’école de Gérard Philippe. Je n’avais jamais pris de cours, ils demandaient deux ans d’expérience mais j’ai été prise quand même. J’ai fait une année avec eux avant de rejoindre l’école de Niels Arestrup. C’était une école éclectique, plein de gens du métier venaient y faire des stages, cela m’a ouvert sur l’international et sur plein d’horizons.
En sortant de l’école, je me suis retrouvée à une audition avec des anglais, pour un film sur Arte. Je n’avais pas fini l’école que je travaillais déjà. J’ai fait ce premier film et, juste après, j’ai eu vent d’un casting à Rome. Ils m’ont fait venir en me disant que le rôle me correspondait mais qu’il fallait que je parle italien et arabe, sous un mois. Je ne parlais ni l’un ni l’autre mais je leur ai dit « d’accord! ». J’ai bossé pendant un mois non-stop toute seule pour y parvenir… Ce premier rôle féminin a lancé ma carrière en Italie avant celle en France. J’ai eu un agent et ça s’est enchainé là-bas avec pas mal de rôles importants en télé et cinéma. J’ai partagé la tête d’affiche avec Alessandro Gassman sur une longue série télé. J’ai tourné mon dernier long métrage « Pizza e datteri » à Venise, dans lequel j’ai le rôle féminin principal. En France, j’ai travaillé aussi assez vite après l’école, j’ai fait l’un des premiers rôles de « Promenons-nous dans les bois », aux côté de François Berléand, un film qui a relancé le film de genre en France à l’époque. Après, j’ai fait beaucoup de télé et des rôles dans des longs métrages, comme « Agent Secret » où je jouais avec Vincent Cassel, ou le « Prix à payer » avec Christian Clavier. J’ai fait aussi un rôle principal dans un film américain qui m’a amenée à New York.
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Au théâtre, j’ai été introduite dans une famille de comédie, j’ai fait pas mal de boulevards modernes, j’ai joué au théâtre Fontaine pendant un an, au Trévise aussi. Je pense qu’il y a eu un tournant dans ma vie à mes 30 ans, je voulais voir une ligne dans ce que je faisais. Cela m’a orientée vers aussi la mise en scène. J’ai commencé par une comédie satirique. Puis, pendant deux ans, j’ai fait une création autour d’un Best-seller, « Dialogues avec l’ange » (Gitta Mallasz), cela a été le démarrage de cette recherche un peu plus personnelle de questionnement et de sens. A la troisième création, j’ai collaboré avec des chanteurs de l’opéra de Paris.
Là, je viens de monter une comédie de Shakespeare, « Les Deux Gentilshommes de Vérone », au sein de la troupe de la Pépinière du Nouveau Monde, avec une quinzaine d’acteurs. Après avoir joué quelques dates à Paris, ce spectacle vient d’être programmé dans des théâtres prestigieux en 2023 : au grand Théâtre de la Garenne Colombes, pour le festival Shakespeare d’Avril à l’Auditorium de Vincennes et nous ferons même l’ouverture du Festival Shakespeare au Théâtre élisabéthain d’Hardelot, classé le plus beau théâtre en bois au monde!
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La Pépinière est un collectif solidaire, un lieu de rassemblement et de création, c’était un besoin pour moi de le créer. C’est un lieu de mutualisation des savoirs entre cinquante artistes professionnels qui s’entraident, qui s’entrainent. On a une salle pour cela dans le centre de Paris. Chacun peut y créer des spectacles, c’est un peu de la co-production. On se donne le luxe du temps: on a créé le Shakespeare en deux ans!
On imagine que ces différentes cordes artistiques sont très complémentaires, artistiquement parlant ?
J’ai toujours eu le goût pour les groupes. Ce qui amène souvent l’excellence, c’est d’avoir le temps de faire des créations, de sortir des modes de production actuels qui sont très rapides et qui nous imposent aussi des choix artistiques que l’on n’a pas forcément envie de faire. Nous avons choisi ce terrain de jeu pour monter des œuvres qui ont plus de sens pour nous. J’ai créé la Pépinière au moment où j’avais besoin de retrouver de grands textes…pour me donner un nouveau souffle sans doute et une nouvelle stimulation. Je suis un peu comme la gardienne de ce groupe, mais on fonctionne de façon circulaire, collégiale, tout le monde est un peu leader dans ce groupe, chaque cercle collabore et on remet tout au centre. On est quatre metteurs en scènes dans la Pépinière qui œuvrent en ce moment. Pour ma part, j’ai plein de projets qui sont en train de se développer.
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Je commence actuellement les auditions pour monter « Roméo et Juliette », en y mélangeant du chant. Je vais aussi monter une pièce sur Tchernobyl qu’une jeune auteure m’a proposé après avoir vu les « Deux Gentilshommes de Vérone ». C’est un très beau texte qui a reçu un prix à France Culture. Ce thème s’inscrit dans la droite lignée de la charte « Nature et culture » mise en place à la Pépinière. On est engagés dans la protection de la terre et on a décidé d’agir en créant un pacte avec la Nature : Pour une place achetée, un arbre est planté avec Reforest’Action. On a aussi des actions pour protéger les abeilles, les forêts, les coraux… Tout cela est important à mes yeux. Mais pour moi l’écologie passe aussi par les mots, la poésie et la beauté. Alors je crée des grands textes en troupe, tout en agissant pour l’environnement. J’ai réuni mes deux centres d’intérêts et j’accomplis mon rêve.
Merci, Maud, pour toutes vos réponses !
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