G.E.E.K : Léna De Saint Riquier évoque son retour sur scène, à Paris!

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Léna,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Vous êtes actuellement à l’affiche, au théâtre Clavel, de la pièce « G.E.E.K ». Dans le contexte actuel, on imagine la joie que ce doit être pour vous de retrouver le public ?

C’est effectivement beaucoup beaucoup de joie, d’autant plus que, en complément de la situation actuelle, j’ai eu un petit garçon en novembre. Donc, avec la grossesse, ça a été encore plus compliqué de monter sur scène. J’ai donc encore plus de plaisir, là, à remonter sur scène, après avoir cumulé les confinements et la grossesse. Ça faisait plus d’un an que je n’étais pas remontée sur scène donc, je l’avoue, début janvier, j’étais comme une gamine de retrouver la scène, de retrouver mes copains de jeu. C’était vraiment plaisant. C’est sûr que le contexte actuel est encore un petit peu tendu, on le sent, on a du monde, je pense que l’on peut s’estimer quand même chanceux mais la salle n’est pas pleine et on aimerait bien une salle un peu plus remplie. A priori, c’est un contexte qui est partagé dans tous les théâtres. Donc on se dit que l’on a quand même de la chance d’être sur scène et de pouvoir faire notre métier. On n’a pas à se plaindre, je suis ravie.

Avec vos mots, comment décririez-vous ce spectacle ?

C’est d’abord une comédie, sur quelque chose de très connu, à savoir le triangle amoureux. Il y a un couple et un élément perturbateur. Ce qui est encore plus intéressant dans cette pièce de théâtre, c’est qu’elle est interactive. Ce sont les spectateurs, au moyen de votes avec des petits cartons de couleur, qui vont non seulement choisir le personnage principal mais aussi, tout au long de la pièce, influencer l’histoire. A plusieurs moments, la scène s’arrête et les gens votent, permettant à la pièce de prendre un autre tournant. C’est chouette, c’est hyper stimulant pour nous. En fonction des choix des spectateurs, le triangle amoureux évolue différemment, ce n’est peut-être pas le même triangle qui se forme ni le même élément perturbateur.

Par exemple, dans la version de Lucie, le couple de base est clairement Lucie/Mathieu. Ernest est l’élément perturbateur, il vient un peu mettre le bazar là-dedans. Mais si Ernest est choisi comme le personnage principal, il forme le couple de base avec Mathieu, son coloc et meilleur ami. Lucie est alors l’élément perturbateur, qui arrive pour s’installer avec toutes ses affaires. C’est hyper intéressant, on joue avec les codes de ce triangle amoureux, en fonction des choix du public.

 

 

Vous y interprétez le rôle de Lucie. Qui est-elle ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Lucie est une jeune fille, elle a une trentaine d’années, comme Ernest et Mathieu d’ailleurs. On comprend qu’ils sont de la même année parce qu’ils ont été ensemble à l’école. C’est une jeune fille très moderne, bien assise dans son temps, qui, à la fois, a un côté très romantique, elle croit en son histoire avec Mathieu, elle s’installe chez lui, elle a envie que ça avance et, en même temps, c’est une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui peut être rentre-dedans quand il faut. Je pense, d’ailleurs, que c’est la différence que l’on a avec Louise Cassin, on ne joue pas exactement le même personnage, alors que l’on a le même texte. Je suis beaucoup plus frontale, beaucoup plus rentre dedans, là où Louise est beaucoup plus douce, elle joue une Lucie beaucoup plus gentille, beaucoup plus tolérante.

En tant que comédienne, comment abordez-vous ce spectacle, face à la multitude des scenarii possibles ?

C’est super, je trouve que c’est hyper stimulant pour les comédiens, on monte sur scène, toutes les possibilités existent, on ne sait pas ce que l’on va jouer, alors même que l’on est déjà sur scène. C’est excitant et, en même temps, ça fait très très peur. Ce n’est pas comme une pièce classique, où l’on sait quoi faire du début à la fin. Là, il faut être tout le temps en alerte, il ne faut pas se laisser dépasser, il faut être très concentré. Au début, on se fait un peu surprendre mais en tout cas, c’est hyper jouissif pour nous et ça demande un gros travail, même encore maintenant. Tous les jeudis, je reprends mon texte et révise les choix. Il peut arriver qu’un choix qui n’était pas tombé pendant un mois et demi revienne…Faisant partie de la première équipe, c’est un peu plus facile pour moi car j’ai vu la pièce évoluer au fur et à mesure. J’ai pu appréhender progressivement les choses mais, franchement, tout le monde s’en sort hyper bien.

Chaque représentation est presque unique du coup…

Exactement ! Je n’ai jamais fait deux fois la même représentation. Il y a plus de 19 000 versions qui existent, ça en fait pas mal. Aucune représentation ne se ressemble, on sait grosso modo où on va mais c’est tout….En plus, j’ai rencontré récemment la nouvelle équipe, c’est très chouette, c’est d’autant plus stimulant.

 

 

Quels principaux retours vous fait le public à l’issue de la pièce ?

A l’époque, à Bordeaux, on avait eu beaucoup de retours selon lesquels les gens voulaient toujours plus de choix. Cela nous a beaucoup poussé. Le public voulait avoir vraiment le contrôle total sur ce qui se passait, c’était cool, ça voulait dire qu’ils nous suivaient complètement et qu’ils étaient à fond dans les enjeux de la pièce. A présent, les retours nous montrent que c’est super novateur aussi. C’est vrai, moi qui vais pas mal au théâtre, je n’avais jamais eu à ce point-là la possibilité d’influencer autant la pièce. Les gens apprécient et sortent avec le sourire en nous disant que ça leur a fait du bien. Un choix est demandé toutes les dix minutes, ils ne voient donc pas le temps passer.

Peu importe les générations, tout le monde a quelque chose à y trouver. Les plus jeunes ont toutes les références geek et les plus âgés vont davantage se faire prendre par l’histoire, par les relations entre les personnages.

Les réservations sont ouvertes jusqu’à fin février. On imagine que vous auriez envie de voir l’aventure se prolonger ?

Tout à fait ! C’est en discussion, je ne peux pas en dire trop pour l’instant car ce n’est pas encore acté mais il y a des chances que l’on continue au printemps. On fera aussi certainement le festival d’Avignon cet été.

En complément, quels sont vos autres projets artistiques actuels ?

Je suis actuellement sur deux autres projets. Un que j’ai co-écrit avec deux autres comédiennes, qui est davantage du théâtre musical. Cette pièce « L’air est plus frais quand on voyage » évoque la maladie d’Alzheimer, on suit l’histoire de trois femmes qui se retrouvent dans un wagon de train. Au fur et à mesure, on se dit qu’il y a des choses un peu étranges qui se passent, elles ont des réactions un peu étranges, elles parlent de choses un peu étranges…on comprend progressivement qui sont ces femmes et ce qu’elles font dans ce train. C’est un sujet lourd mais on l’aborde avec beaucoup de légèreté, sous format d’opérette. C’est un spectacle familial, avec du théâtre et des chansons. On a hâte, avec Marie Lerebours et Julie Lemas.

 

 

Un autre, « Ceux qui s’aiment », est une pièce à cinq personnages, qui raconte l’histoire d’une famille rurale, qui se retrouve pour l’anniversaire du papa. On comprend que les enfants ne se sont pas vus depuis un certain temps, on va attendre tout le premier acte la grande sœur qui n’arrive pas et, en même temps, se cristallisent tous les non-dits de cette fratrie. C’est une très jolie pièce, là aussi je suis entourée de supers comédiens. On espère des premières représentations en janvier prochain.

Merci, Léna, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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