G.E.E.K : Louise Cassin nous présente la pièce qu'elle propose actuellement au théâtre Clavel !
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Bonjour Louise,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous êtes sur scène, depuis début novembre, avec la pièce « Geek », au théâtre Clavel. On imagine, dans le contexte actuel, que ce doit être une vraie joie de pouvoir retrouver le public chaque semaine ?
Oui, clairement ! C’est vrai que, quand on a commencé les répétitions en octobre, on était encore assez confiant, la question ne se posait pas trop encore, on a commencé à jouer le 4 novembre et plus on s’est mis à jouer, plus on a vu l’étau se resserrer avec le Covid et donc les jauges aussi aller et venir en fonction des annonces. On a bien commencé et, dès les premières annonces, on a vu une rechute. Là, c’est vrai que tout le mois de décembre, pareil, on l’a senti venir et, encore plus fin décembre et début janvier, on se dit que chaque semaine est une chance. Chaque représentation est une fête, chaque date est prise. On est vraiment très contents de tenir le coup et d’avoir la chance aussi d’avoir du public parce que ce n’est pas le cas partout. C’est vrai que ça fait vraiment plaisir !
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Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?
Pour moi, c’est vraiment un spectacle qui est original surtout par sa forme. Parce que c’est un spectacle qui est interactif. En tant que comédien, c’est vraiment un énorme challenge pour cela parce que tout est question du choix des spectateurs au début. En fait, il y a plusieurs possibilités et déjà au début de la pièce, on va leur demander de choisir un personnage principal. Il y a trois possibilités et, en fonction, on sait si on devient personnage principal ou secondaire. Rien qu’à la première minute, la pièce prend un tournant. Ensuite, ce ne sont que des successions de choix et donc de réactions. La pièce se crée comme cela au fur et à mesure. C’est très plaisant pour nous, on est tout le temps sur un fil. Par rapport à une pièce plus classique, là la ligne change à peu près toutes les dix minutes et il faut se réaccorder en permanence. Ce qui fait que, du coup, depuis le début, on n’a jamais joué deux fois la même version. C’est pour moi la plus grosse force de ce spectacle. Les spectateurs peuvent venir plusieurs fois, ils ne verront jamais la même pièce et de notre côté, nous n’avons jamais l’impression de jouer exactement la même chose. On est toujours un peu surpris par les réactions des gens, certains vont prendre les choix les plus tordus, d’autres vont préférer autre chose. C’est marrant, il y a une sorte d’union qui se fait entre les spectateurs, elle n’est pas consciente je pense, il y a dès fois des salles que l’on trouve très tolérantes avec des choix vraiment calmes et, dès fois, des salles qui ne prennent que des choix tordus qui rendent la pièce elle-même barrée, cela en est d’autant plus drôle pour nous.
En tout cas, la pièce s’adresse à un public très large et très diversifié…
C’est vrai que l’on dit, parce que c’est plus facile, « Geek » mais le vrai nom de la pièce est « G.E.E.K », qui est la contraction de Génération d’Emotions Etonnantes Kontradictoires. L’idée de base de cette pièce est que ça parle surtout d’une génération, avec le propos et la culture geek, une génération de trentenaires où, finalement, on le dit souvent, on est aujourd’hui peut-être un peu plus gamins que la génération de nos parents. On a un personnage qui correspond vraiment au gros cliché du geek et, finalement, on va se rendre compte au fur et à mesure que les trois sont geek mais de façon différente par rapport au monde moderne. Aujourd’hui, tout le monde connait la culture geek alors que, il y a dix ans, ce n’était peut-être pas un mot qui était aussi courant. Je vois que même ma mère sait ce qu’est un geek. C’est vrai que ça parle à tout le monde, on a des enfants des viennent et qui vont capter des références à certains jeux vidéo et qui vont adorer le format. On a aussi des personnes plus âgées, qui ne comprennent rien aux références mais eux vont juste voir l’histoire d’amour et le triangle amoureux que raconte la pièce.
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Quelles sont les principales caractéristiques de votre personnage ?
Je joue Lucie. Peu importe la version choisie, l’histoire de base est la même pour les trois personnages. Lucie est la copine de Mathieu qui héberge Ernest, le fameux geek en dépression, après avoir perdu son emploi, en plus du départ de sa femme. Il va mieux, il est très confortable chez son pote et Mathieu ayant proposé à Lucie de s’installer avec lui, elle arrive dans cette colocation. Le projet est que Ernest s’en aille mais ça va être plus compliqué que cela, on va se rendre compte que les trois se connaissent du collège et qu’Ernest était amoureux de Lucie avant. Dans tout cela, Lucie est un personnage solaire, c’est une romantique, elle est toujours de très bonne composition, toujours joyeuse. Donc, quand elle voit Ernest, au début, elle ne détecte pas le problème. Ca dépend un peu des versions, elle voudra bien qu’il parte, sans le mettre dehors complètement. On a Mathieu qui est un peu piégé entre sa copine et son pote. Ernest, en fonction des versions, ne veut pas d’elle au début mais, forcément, quand il voit, ça lui fait quelque chose. Il se retrouve tiraillé et piégé, il retrouve son amour d’enfance mais peut-il s’immiscer entre les deux pour tenter sa chance ? C’est vrai que, pour le personnage de Lucie, ça dépend vraiment des versions, où elle est plus ou moins un élément perturbateur. Quand c’est sa version, elle se fait perturber par les deux autres personnages. A l’inverse, dans la version d’Ernest par exemple, elle est complètement l’élément perturbateur. Ça devient un triangle amoureux et elle ne sait plus trop qui choisir.
La distribution est alternante, en plus des choix imposés par le public pendant le spectacle. Cela nécessite du coup une réelle adaptation pour vous ?
Pour moi qui ai fait toutes les dates depuis novembre, j’ai eu toutes les configurations possibles. J’avais répété principalement avec deux comédiens mais je me suis retrouvée lâchée dans le grand bain avec les deux autres, avec lesquels j’avais rapidement répété. C’est vrai que ce qui est super pour les six comédiens de cette pièce, c’est que nous avons tous les six des énergies très différentes. Au début, c’est vrai que ça m’a fait très très peur de ne pas me sentir prête et l’alchimie s’est faite sur scène, en suivant le texte et l’histoire. Pour moi, c’est vrai que c’est très chouette, c’est un super luxe. Maintenant, du coup, je me sens à l’aise avec toutes les combinaisons et je ne peux même pas dire que j’ai des préférences, ça va très bien avec ce format qui bouge au fur et à mesure. Ce n’est pas visible pour les spectateurs mais c’est super pour les comédiens de ne pas tomber dans une routine, d’être tout le temps justement sur le fil et de ne pas trop savoir, pour s’adapter à la seconde. C’est un spectacle où on est vraiment obligés d’être sur l’instant, on ne peut pas se permettre d’anticiper une éventuelle réaction à venir parce que l’on ne sait jamais ce qui va se passer.
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Au fur et à mesure des retours du public à l’issue des représentations, vous avez aussi modifié à la marge certaines choses sur scène…
Je n’étais pas là sur les représentations à Bordeaux mais c’est vrai que le public parisien a pas mal surpris l’équipe de base. Même ne serait-ce que par rapport aux choix. Ici, à Paris, c’est beaucoup plus homogène, tous les choix sont à peu près passés, du coup c’est d’autant plus intéressant derrière pour avoir des retours. Très vite, on en a eus sur des petites histoires de compréhension avec les références, ou encore sur le format pour choisir la fin. Des facilitations ont été faites pour mieux comprendre.
Comme les gens sont décisionnaires, ils ont une vraie attente derrière. S’ils décident que Lucie se met en colère, ils veulent la voir vraiment énervée, pas juste un peu chafouin. Pareil, c’étaient des retours que l’on avait pu avoir, ils auraient eu envie de plus suite aux décisions prises. Donc, quand c’est possible, on se permet de raccorder en écoutant les retours. C’est très chouette et plaisant en tout cas, en sortant, de discuter avec les spectateurs, d’avoir leurs retours.
Merci, Louise, pour toutes vos réponses !