Un Si Grand Soleil : Aurélie Bargème évoque son arrivée prochaine dans la série à succès de France 2 !
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Bonjour Aurélie,
Quel plaisir de vous retrouver pour ce nouvel entretien !
On pourra vous découvrir prochainement dans la série à succès de France 2 « Un Si Grand Soleil ». On imagine sans doute le plaisir et la joie que ce doit être pour vous de rejoindre cette belle et grande famille artistique ?
Oui, ça a été même doublement un plaisir. D’abord parce que, forcément, avec le Covid, je n’avais pas tourné depuis longtemps. Même si les tournages TV continuaient, c’était quand même une période extrêmement mouvementée, où il y avait moins de castings. Donc ça a été le plaisir d’abord de retrouver les plateaux, de refaire mon métier avec des partenaires en chair et en os, et de sortir de chez moi, puisque c’est à Montpellier. Après avoir été si longtemps confinée, j’avoue que se balader au soleil était vraiment agréable. L’autre chose qui m’a fait plaisir, c’est que j’ai trouvé l’ambiance très sympa, je ne m’attendais pas à cela. Comme c’est une énorme machine, c’est presque une « usine », dans le bon sens du terme, je m’attendais à quelque chose d’un peu impersonnel, d’un peu froid, où finalement, les gens passent et puis s’en vont. En fait, j’ai trouvé qu’il y avait énormément de respect et de gentillesse, les gens sont très détendus, on sent qu’ils sont heureux d’être là, que l’ambiance est bonne, que tout le monde est content du « produit », c’est-à-dire de la fiction en elle-même et de la façon dont ça se passe.
Pourtant, on n’est pas du tout dans quelque chose de familial… A chaque fois que j’y allais, il y avait systématiquement des gens différents. C’est un mastodonte, il y a quatre équipes de tournage par jour et, en plus, les réalisateurs changent toutes les deux semaines. Comme mon tournage s’est étalé sur un mois, j’ai vu au moins cinq réalisateurs. Parfois, je voyais un réalisateur pour une séquence, voire pour une phrase. Forcément, le HMC est aussi différent. On a un peu peur de cela au début, quand on arrive, on pense que l’on va être complètement paumé mais, en fait, tous ont tellement intégré cette problématique qu’ils sont très accueillants avec les nouveaux, justement pour les mettre à l’aise. Donc c’était une bonne ambiance, à la fois professionnelle, carrée et sympathique.
Vous avez commencé à l’aborder, le cadre de tournage, à Montpellier, en période estivale, devait être sans doute très agréable.
Je confirme ! J’ai commencé par tous les extérieurs, avec même des scènes de plein air. C’est vrai aussi que les comédiens sont installés dans un hôtel où il y a une terrasse. Je suis arrivée au mois d’août, il faisait un temps magnifique. L’ambiance était festive mais aussi très travailleuse : on prenait l’apéro mais on révisait les scènes du lendemain en même temps ! Les récurrents ont un sacré rythme, ils enchainent. Eux ne sont pas du tout à la cool ! Et le tournage va vite, sans répétition avant, on débarque avec des réalisateurs que l’on ne connait pas et qui n’ont pas tous eu le temps de prendre leur téléphone en amont, on est complètement parachuté. Mais les comédiens avec qui je jouais étaient formidables, et toujours d’accord pour répéter la veille.
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En amont du tournage, avez-vous regardé certains épisodes en diffusion pour vous imprégner notamment de l’atmosphère du programme ?
Je suis plutôt une bosseuse, un bon petit soldat, je ne supporte pas d’arriver sur un tournage sans avoir fait un gros travail avant. Evidemment, j’ai vu pas mal d’épisodes. Mon compagnon qui regarde la série m’a aussi aidée. Les scènes ne concernaient pas forcément mon intrigue mais cela m’a permis de voir notamment comment c’était filmé. J’avoue que cela ne m’a pas tellement servi puisqu’à chaque fois, j’ai eu des réalisateurs différents. Chacun a sa façon de filmer et de travailler. On découvre, le matin, soit un réalisateur qui travaille de façon assez classique, qui est dans une autre pièce et qui fait des plans plutôt statiques, champ contre champ, soit un réalisateur en steadycam, qui bouge tout le temps, où on joue la scène en boucle, pendant qu’il tourne à 360° autour de nous. On ne le sait pas avant, c’est ce qui est amusant aussi…
Comment présenteriez-vous votre personnage ? Quelles sont ses principales caractéristiques ? Dans quel contexte arrive-t-il ?
J’arrive à la fin d’une grosse intrigue, qui a très bien marché, celle d’Alix et des escort boys. Je suis Béatrice, une amie d’Alix, j’ai un salon de beauté. J’ai donc passé beaucoup de temps à regarder des tutos sur comment faire des modelages des mains, comment faire la pose professionnelle du vernis. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est que c’est un personnage d’une femme de mon âge, mais surtout, pour une fois, ce n’est pas une femme soumise, malheureuse, frustrée, qui a du mal à gérer sa carrière et ses enfants. C’est une nana très bien dans ses pompes, mariée, bien fringuée, qui a des aventures de temps en temps. Parce qu’elle a envie de s’épanouir sexuellement. C’est hyper assumé et j’ai trouvé cela extrêmement moderne. C’est quelque chose dont on parle assez peu en fiction, le fait que des femmes de 40/50 ans peuvent être très libérées dans leur corps, qu’elles ne sont pas forcément fidèles à leur mari. C’est un personnage très chouette, avec des scènes assez drôles avec Alix, jouée par Nadia Fossier, une super partenaire de jeu et un personnage génial de comédie.
Après, la complexité vient du fait que l’on travaille notre personnage d’une certaine façon mais que, le matin, on peut tomber sur un réalisateur que l’on ne connait pas et qui a la vision inverse du personnage. Le lendemain, on tourne avec un autre réalisateur qui a encore potentiellement une autre vision. Donc la vraie difficulté, et je m’en suis aperçue en regardant le programme, est de donner un résultat cohérent, en tant que comédienne, avec autant de réalisateurs qui interviennent avec des visions différentes. A la fois, c’est un challenge : on n’est jamais dans nos certitudes, on est tout le temps remis en cause, c’est un bel exercice d’adaptabilité et de souplesse de son outil. Après, heureusement, je me dis c’est moi qui crée la cohérence du personnage, par ce que je dégage, par mon physique, mon énergie, ma voix.
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Du coup, en amont, comment avez-vous appréhendé l’interprétation de ce nouveau rôle ?
Il y a, comme toujours, deux étapes. Celle de l’apprentissage au rasoir du texte parce que je suis une stakhanoviste du texte. Même si, là-bas, on a le droit de se le mettre en bouche, ce qui permet de donner davantage une impression de naturel. J’apprends très en amont mon texte, même s’il est susceptible de changer un peu. On dit qu’il faut apprendre quelque chose sept fois avant de l’intégrer. Plus je fais de séances espacées, régulières et nombreuses d’apprentissage du texte, plus ce dernier n’est absolument plus un problème, et donc plus je me sens libérée. Le deuxième travail est celui de la vie du personnage. J’ai appelé l’équipe de scénaristes pour leur demander comment ils imaginaient Béatrice, avec beaucoup de questions, et ils m’ont répondu extrêmement gentiment qu’elle était bourgeoise, coquette et influençable… bon, d’accord… je me suis dit que j’allais pouvoir faire ce que je voulais ! Je me suis fait une grande fiche signalétique, sur son enfance, son éducation, ses parents, son milieu social, son parcours, ses études, son salon de beauté, son couple. Je me suis demandée aussi pourquoi elle allait voir des escort boys : est-ce parce que ça va mal dans son mariage ou, au contraire, est-elle simplement triste parce que son mec n’est jamais là ? Je me suis posée beaucoup de questions aussi sur sa démarche et son style, j’ai d’ailleurs donné mon avis au niveau du stylisme.
Quand un réalisateur me donnait une direction avec laquelle je n’étais pas complètement d’accord, de deux choses l’une : soit j’arrivais à l’intégrer quand même tout en gardant la cohérence de mon personnage, et dans ce cas je le faisais ; soit, comme c’est arrivé un jour, je n’étais pas d’accord du tout, et ce jour-là j’ai défendu mon bout de gras : j’ai convaincu le réalisateur qui, au final, était très content. Encore une fois, pour moi c’est essentiel de sentir une cohérence, sinon ça me bloque.
Donc je fais toujours ce travail assez solidement, même pour les castings, je crois que ça me rassure, tout simplement. J’ai bonne conscience quand j’arrive, et comme on est toujours impressionné sur un nouveau tournage, me sécuriser par une grosse préparation me permet d’être plus zen, et donc plus disponible à ce qui peut se passer après.
Sur une quotidienne, le rythme de tournage est intense. Comment l’avez-vous intégré ?
Je n’étais pas vraiment concernée par cette question, puisque j’ai eu une très grosse journée et ensuite des journées assez light. En fait, quand un nouveau personnage est créé, personne ne sait s’il va revenir ou pas. Au début, il est introduit, ça se fait par petites touches. En plus, je suis habituée à tourner vite, c’est le cas généralement en télé. Cela ne m’a pas tellement choquée, surtout qu’ils vont vite mais qu’ils ne s’arrêtent que s’ils sont contents. En termes de rythme, je trouve que les extérieurs étaient plus agréables que le studio, où sont installés les décors récurrents. J’ai fait mes deux derniers jours en studio, et c’est là, je dois dire que j’ai été un peu frustrée car ça va beaucoup plus vite. On enchaine les plans, il n’y a pas de déplacement de décor donc on a peu de temps entre deux séquences. En plus, la mise en scène est beaucoup plus académique et statique. Alors qu’en extérieur, les équipes sont plus légères, ça bouge, c’est plus dynamique. J’avoue que la meilleure journée a été celle en extérieur où j’ai enchainé au salon de coiffure, c’était génial.
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En complément, vous continuez vos autres activités artistiques, notamment l’écriture.
Evidemment, je continue à fond l’écriture. J’ai encore écrit une pièce, pendant le confinement, sur une histoire d’amour et de trahison, sur fond de guerre froide, qui se passe de part et d’autre du mur de Berlin. J’ai encore un autre projet de pièce en ce moment mais le théâtre étant ce qu’il est, cette période post covid est quand même extrêmement compliquée. On va dire que ce sont des projets pour du long terme, que je « congèle » et que je ressortirai à un moment plus opportun. Donc, oui, beaucoup d’écriture, et je suis aussi sur un projet d’écriture d’un épisode de 90 minutes pour la télévision, je suis en attente de la signature possible. C’est une très belle histoire, que j’ai travaillée avec une co-auteure que j’ai découverte il n’y a pas si longtemps, avec qui je m’entends extrêmement bien et qui a déjà beaucoup écrit en télé. On a commencé une collaboration qui est formidable et j’aimerais bien que ce soit le début d’une longue aventure d’écriture.
Merci, Aurélie, pour toutes vos réponses !