Amazon Prime Vidéo, La Chaine L'Equipe, RTL : David Aiello évoque sa rentrée télé et radio !
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Bonjour David,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Nous pouvons vous retrouver sur différents médias en ce début de saison, notamment sur Le Pass Ligue 1 d’Amazon, sur la chaine l’Equipe et sur RTL. Concernant Amazon Prime Vidéo, on imagine sans doute la fierté, le plaisir et la joie que ce doit être de participer à cette aventure, dès sa naissance ?
Effectivement ! Je pense que ce sont trois mots qui collent bien : fierté, joie, plaisir. C’est exactement ça. En fait, pourquoi tous ces qualificatifs ? J’ai été un peu surpris au départ d’être contacté. Moi-même, j’ai fait beaucoup de choses dans ma carrière depuis maintenant 22 ans de journalisme mais j’avais très très peu fait de bord de terrain. Je l’avais fait un peu dans l’aventure Orange Sport dans laquelle j’étais impliqué mais j’avais surtout été aux commentaires, de la Séria A et de la boxe. J’avais commenté des matchs amicaux de clubs de Ligue 1 mais je crois que je n’ai fait qu’une fois le bord de terrain. En même temps, ça me trottait dans la tête, presque avec des regrets, je me disais que peut-être j’avais loupé un peu le coche. Parce qu’être au bord de terrain pourrait me plaire. Pour moi, tout simplement, le journalisme, c’est le terrain. Là, on ne peut pas être plus sur le terrain qu’avec Amazon, c’est assez extraordinaire.
Ce qui me fait durer dans ce métier, et je me le suis dit très souvent, c’est que j’ai gardé un émerveillement et une passion quasiment d’enfant. On ne va pas se cacher, beaucoup de journalistes sont des sportifs inaccomplis, c’était mon cas : à un moment, quand j’ai vu que je ne pouvais pas devenir footballeur professionnel, je me suis orienté vers le journalisme, vers ce rôle de messager, d’intermédiaire entre le terrain et les téléspectateurs. J’ai eu très rapidement cette passion-là. Quasiment tout le temps, je me dis « quelle chance, quel pied de faire ce métier ». Là, en étant au bord du terrain, je me dis que c’est juste fabuleux.
En 2004, je travaillais à la radio, pour Sport FM et, à cette époque, on pouvait accéder aux pelouses, je me rappelle que l’on faisait les directs d’avant-match sur le terrain, j’étais au Parc des Princes, je regardais autour de moi et je me disais « mais quel pied d’être là ». Ce rôle est effectivement extrêmement gratifiant.
Comme je le disais, j’ai peu d’expérience dans ce rôle mais je l’ai découvert comme étant extrêmement intéressant. J’ai eu envie de suite, quand on m’a proposé ce poste, d’apporter ma vision : il y a beaucoup de choses que les téléspectateurs ne peuvent pas voir et même que le commentateur ne peut pas voir, lui qui est 10, 20 ou 30 mètres au-dessus de moi. Semaine dernière, pour Rennes- Psg, j’étais à un mètre du banc de Pochettino et de son staff. J’ai vu plein de choses. C’est très intéressant, je trouve cela génial à raconter aux téléspectateurs. Je trouve qu’il y a une vraie plus-value dans ce rôle, ça ne se limite pas à l’annonce des remplacements ou du temps additionnel. Je découvre au fur et à mesure, j’essaie encore de doser un petit peu. On commente à trois et je trouve cette dimension très intéressante.
En amont de la rencontre, que ce soit dans les minutes au stade avant la prise d’antenne mais aussi dans la semaine précédente, avez-vous une méthodologie plus particulière de préparation ?
Je pense que « méthodologie » est vraiment le terme. J’ai des méthodologies différentes par exemple dans mes interventions à « L’équipe du soir » ou pour mes interventions sur Prime Vidéo. Pour ces dernières, il faut que je sois beaucoup plus pointu sur le jeu et les joueurs, je vais pouvoir livrer des petits détails ou des petites anecdotes que je vais mettre en rapport avec ce que je vois. Il y a cette préparation-là qui est plus importante. Comme on fait aussi les interviews d’avant-match, de mi-temps et d’après-match, j’essaie aussi toujours de savoir ce qui s’est dit, pour pouvoir rebondir. Notamment en avant-match, pour pouvoir dire « vous avez déclaré telle chose » ou « votre coach a déclaré que…» et rebondir dessus. Cette préparation est forcément plus pointue aussi car on fait quelque chose comme deux heures un quart d’antenne, là où sur « L’Equipe du soir », quand je suis envoyé spécial sur les matchs, je vais avoir trois à quatre interventions.
Pour lever un peu le voile sur les coulisses des émissions sur la chaine L’Equipe, les chefs d’éditions m’appellent le matin, quand je suis déjà dans le train, dans l’avion ou sur la route. Pour me dire ce qu’ils ont décidé et me demander mon avis. J’ai cet angle-là très précis à préparer, en connaissant exactement ce sur quoi je vais devoir intervenir et les moments de l’émission où je vais devoir le faire. Il y a une préparation qui est beaucoup plus ciblée, là où, sur Prime Vidéo, il va y avoir le scénario du match qui va influer. Les préparations des interviews sont, là-aussi, très précises, on se met d’accord avec les chefs d’éditions des matchs. Ce qu’il y a de fabuleux, et je le redécouvre, c’est que l’on ne se rend pas compte, lorsque l’on regarde un match, de tout le travail qu’il y a derrière. Un match de foot est quand même une grosse machine. En tant que journaliste bord terrain, quand j’arrive sur la pelouse, j’ai souvent trois à quatre personnes qui s’occupent de moi : le cadreur, la personne qui s’occupe du son, celle qui s’occupe de la lumière et il y a l’assistant réalisateur qui est là pour faire le lien, me donner les infos. C’est aussi une grosse préparation, tout l’avant match est écrit, préparé, il y a les contacts avec les clubs, c’est énormément de boulot mais c’est un super boulot évidemment. On parle souvent de la magie de la télé, Patrick Chêne disait souvent que la télé est un sport collectif et il avait raison. On est tous dépendants les uns des autres. En même temps, il y a toute la dimension technique qui est très lourde. La dernière fois, sur un match, mon micro m’a lâché pendant cinq minutes et je ne savais pas pourquoi. On est dépendant de cela, ça crée quelque chose, une émulation assez folle qui fait aussi que c’est un média quand même à part.
J’aime aussi beaucoup la radio, qui est un média plus simple. J’aurais du mal à choisir entre les deux mais, en télé, il y a aussi cette dimension assez dingue je trouve qui est que l’on fait partie des meubles, que l’on rentre dans le quotidien des gens. Sur des émissions comme « L’Equipe du soir » ou « L’équipe de Greg », c’est encore plus vrai parce que ce sont des émissions de fans. Il ne se passe pas une semaine sans que les gens nous arrêtent dans la rue et nous disent chaleureusement qu’ils adorent ces émissions. Ils réagissent en nous demandant pourquoi untel a dit telle chose. Il y a un monsieur qui me disait il n’y a pas longtemps que ces émissions lui permettent de décompresser et de passer à autre chose en rentrant du boulot. On est dans le salon des gens, c’est très sympa, ça crée une interactivité à distance.
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Ces supports, ces médias, bien que différents, sont sans soute très complémentaires et sans doute que l’un vous aide pour un autre.
Bien sûr, forcément ! D’ailleurs, c’est très intéressant. Je vois des choses sur les terrains de Ligue 1 qui vont enrichir mes passages à « L’Equipe du soir » ou à RTL. En même temps, quand je vais sur ces deux médias, je croise plein de collègues, parfois même des anciens présidents, des agents de joueurs, d’anciens entraineurs, de futurs entraineurs. Ils ont plein d’informations aussi et tout cela se nourrit. C’est très intéressant d’être au cœur de cela, c’est un petit milieu, tout le monde se connait, il y a beaucoup d’informations qui circulent de cette manière.
Après ces quelques premières semaines de championnat de Ligue 1, quel regard avez-vous sur le début de saison ?
J’ai beaucoup dégommé la Ligue 1 ces dernières années. L’expression « Les 5 grands championnats européens » m’horripilait parce qu’il suffit de regarder le palmarès des 30 dernières années en coupe d’Europe pour voir que l’Ukraine, les Pays-Bas, la Russie…ont gagné plus de trophées que nous. Economiquement, on est un grand championnat mais, sportivement, on n’y arrive pas. Du coup, j’ai dit beaucoup de mal de la Ligue 1 pendant quelques temps parce que je trouvais qu’elle était trop frileuse. Il y avait une sorte de problème peut-être d’approche culturelle des matchs. Je trouve qu’il y a de très bons joueurs techniquement, physiquement mais ça manque de culture foot souvent, sur l’approche des matchs et notamment le fait que les joueurs ne regardent pas les matchs. Ça m’a toujours un peu chagriné. Ceci dit, je trouve que, depuis un ou deux ans, ça va un petit peu mieux, les matchs sont plus plaisants. J’ai vu récemment les statistiques du nombre de buts marqués par match, on est bien, c’est un indicateur parlant. Je trouve que l’apport des entraineurs étrangers est intéressant. Ça ouvre le championnat. Donc, oui, je suis plutôt assez emballé. On va rester prudent mais je trouve qu’il y a peut-être un peu moins de frilosité et c’est plutôt sympa.
Pour terminer, votre emploi du temps doit être très chargé mais ça doit être un vrai bonheur quotidien d’évoluer sur ces différents médias et dans ce milieu passionnant du ballon rond ?
Oui, exactement ! J’enseigne aussi parfois dans des écoles de journalisme, je leur dis qu’il faut forcément un peu de talent pour réussir, qu’il faut beaucoup de persévérance, de travail. C’est un métier de passion donc fabuleux mais c’est un métier aussi où je rentre à 1 heure du matin quand je fais « L’Equipe du soir ». Je peux vous dire que, quand on sort d’une telle émission, on ne s’endort pas dans la minute qui suit, tellement il y a eu d’excitation. Il faut redescendre. C’est donc aussi un métier de sacrifices, ça fait 20 ans que je travaille les week-ends. Tout ça pour dire que, pour y arriver, il faut toujours avoir beaucoup de passion, de désir, de vraie envie de continuer à y arriver. Donc c’est fabuleux et si je trouve toujours cela autant fabuleux, c’est justement parce que j’ai toujours ce désir, cette passion, cet émerveillement d’arriver dans un stade de Ligue 1, de regarder autour de moi et de me dire, comme Thierry Roland, « quel pied ». Ce n’est pas facile effectivement de jongler parfois avec l’emploi du temps mais il y a beaucoup de personnes qui ont des métiers bien plus compliqués donc certes, il y a des sacrifices mais ça reste un métier extraordinaire.
Merci, David, pour toutes vos réponses !