Amazon, Henry, Messi : David Astorga dit tout !
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Bonjour David,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Depuis le début de saison, on peut vous retrouver sur la chaine Le Pass Ligue 1 de Prime Video. A titre personnel, on imagine sans doute le plaisir et la joie de faire partie de cette belle aventure, dès son commencement ?
Tout nouveau, tout beau, forcément J. Oui, pour moi, c’est un retour au bord terrain que je n’avais pas forcément envisagé ces derniers mois et que j’ai accueilli avec beaucoup de plaisir lorsqu’il s’est présenté ! Je suis très content que l’on me fasse confiance pour ce rôle-là, que j’ai pratiqué principalement avec l’équipe de France et avec quelques clubs français en ligue des champions. Il y a une vraie joie de vraiment visiter les stades de Ligue 1, ce que je n’avais pas fait avant. Je visitais les stades quand l’équipe de France jouait à domicile mais c’était souvent au stade de France. Il y a eu Nantes, Marseille…mais la plupart ont été refaits depuis. Récemment, j’ai découvert le Groupama Stadium de l’intérieur, j’ai vu le stade Pierre Mauroy, des stades que je ne voyais qu’à la télé. Donc je suis content de faire partie de cette aventure. Il y a un vrai plaisir aussi de retrouver les gens qui travaillent sur Le Pass Ligue 1. Julien Brun et Michael Bayard sont des copains de l’époque Eurosport.
C’est un vrai plaisir et puis il y a aussi ce côté nouvel entrant avec de nouvelles méthodes. On demande plus d’implication aux clubs sur le dispositif, vous l’avez vu avec les interviews avant match, le studio à la mi-temps et celui à la fin. Nous sommes au cœur du match et on demande aux clubs de plus s’impliquer. Tout cela est assez frais, il y a une vraie joie de se retrouver le week-end !
En plus, le début de saison, journalistiquement parlant, on pense notamment aux matchs du dimanche soir, a été intense…
Il y a eu quelques péripéties. Forcément, on pense à Nice – Marseille, finalement l’interruption a duré plus longtemps que le match, c’est quand même assez extraordinaire. Mais je dirais que, professionnellement, cela a été une épreuve intéressante car nous avons aussi un devoir d’information. Il a fallu aller chercher ne serait-ce que des bribes d’informations qu’il fallait vérifier en très peu de temps. Au départ, les dirigeants ne viennent pas spontanément vous parler puis lorsqu’ils sont au micro, chacun essaie de faire passer son message et c’est là où il faut être très vigilant. On est en direct, si on prend l’information comme cela sans l’analyser, on peut faire passer de fausses informations, ce qui peut être évidement préjudiciable. Donc tout ce qu’on prend d’un côté, il faut le vérifier de l’autre…
J’ai aussi pu guider la réalisation, qui ne dispose pas de tous les éléments sur le terrain. Ainsi j’étais là pour transmettre ce que je voyais et proposer de faire un plan sur ceci ou sur cela. Je trouve que, avec Thibault Le Rol, malgré la gravité des événements, on a réussi à garder les téléspectateurs informés pendant de très longues minutes.
Dans un tout autre registre, beaucoup plus festif, il y a eu aussi les premières minutes de Lionel Messi en Ligue 1, cela a été l’évènement de la rentrée ! C’était un moment sympa, j’étais forcément content que cela se passe sur Prime Video ! Au-delà du fait que c’est l’un des meilleurs joueurs du monde qui débarque en France, ce qui m’a marqué, c’est l’accueil de Reims. C’était une vraie fête pour les rémois et, au-delà, j’imagine une vraie fête pour le foot français. Les gens ont fait le traditionnel chant « Messi, Messi » même si on n’était pas au Parc…Donc c’était assez fort, c’était un beau moment.
Comparativement aux 18 mois précédents, le public est de retour dans les stades, ce qui est une super nouvelle pour l’ambiance…
J’ai une réponse partagée là-dessus. Evidemment ça fait du bien de revoir du monde dans les stades, pour l’ambiance et pour le plaisir de tous ces gens qui aiment le foot, qui vivent pour le foot. Après, on a vécu pendant les premières journées des débordements dans plusieurs stades, c’est très regrettable. Pour ces pseudo supporters, la question que l’on peut se poser est : le foot leur a-t-il vraiment manqué ? Je ne comprends pas les gens qui agissent comme cela, ça me dépasse. On a été privés de foot pendant plus d’un an, n’ont-ils pas pris le temps de réfléchir à cette privation ? Au final, de grandes stars ont rejoint la Ligue 1, ça joue bien en ce début de saison mais l’image du football français à l’étranger se retrouve entachée par ces événements. Franchement, en tant qu’amoureux du foot, je trouve cela vraiment regrettable, si ce n’est plus.
Plus personnellement, concernant votre rôle en bord de terrain pendant une rencontre, comment appréhendez-vous tout ce qu’il est possible de voir et d’analyser ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que, jusqu’à la J5, nous étions encore en période Covid, avec des zones Covid définies. Cela empêchait le journaliste terrain, sauf à de très rares occasions, d’être collé aux bancs. Alors que justement, si je suis là, c’est pour essayer d’attraper des petits échanges, de attitudes. Le fait qu’il y ait ces restrictions-là a été pénalisant. Après, je vois mon rôle comme étant les yeux de Julien ou de Smail, sur ce qu’ils ne peuvent pas forcément voir. Evidement ils voient beaucoup de choses depuis la tribune de presse (surement pour moi le meilleur endroit pour suivre un match) mais ils ne peuvent pas avoir un œil sur tout. Ils sont concentrés sur le ballon, sur le jeu et je vais peut-être voir d’autres choses. A titre d’exemple, on pourrait faire une séquence entière sur Sampaoli, c’est quelqu’un qui ne s’arrête pas du début à la fin, il fait les cent pas, il parle, il s’énerve, il crie, il conseille…C’est quelqu’un de très vivant, il y a plein de choses à raconter sur lui. Evidemment, on ne peut pas vampiriser le commentaire purement sportif avec des anecdotes mais c’est vraiment intéressant. Plus on peut en donner, plus ça donne aussi une coloration au match. Tous les entraineurs ne sont pas forcément expressifs mais je me souviens qu’à Nantes-Lyon, Antoine Kambouaré parlait beaucoup avec le quatrième arbitre, ils étaient même, à un moment donné, presque bras dessus, bras dessous. Ça discutait…Ce sont des images sympas que l’on filme et que l’on diffuse mais c’est bien si l’on peut mettre un peu de dialogues là-dessus, en expliquant ce que l’on a entendu.
Pour l’instant, on essaye d’avoir la meilleure position possible, ce qui est un peu compliqué avec les restrictions. Mon rôle est aussi de soutenir les commentateurs pendant les petits creux, d’apporter des précisions sur ce que l’on a vu. Ça se transforme souvent en des considérations techniques ou tactiques. Il y a quelque chose que j’aime bien faire, et que j’ai fait contre Reims, c’est de poser des questions au consultant. Il y a des choses que, forcément, lui ne peut pas voir et que je vois depuis la pelouse. En comparaison avec ce que je faisais à TF1, j’ai beaucoup plus de liberté.
En amont de l’antenne, dans les heures et jours qui précédent la rencontre, avez-vous une méthodologie particulière de préparation ?
Je lis un peu ce qui se fait à droite et à gauche, je regarde les derniers matchs. Quand on suit le foot, on connait les clubs. Cette saison, Clermont est monté et, du coup, comme j’ai déjà fait « Rookies » pour Free avec eux, je discute avec l’attaché de presse assez régulièrement. Ils font de petits documentaires et de petites séries sur l’équipe, ce sont des choses que j’ai regardées avant mon premier match chez eux. A l’inverse, une préparation d’un match du PSG ne nécessite pas la même chose. Mais comme on est en début de saison, il y a beaucoup de nouveaux joueurs donc il faut avoir des billes, tout simplement.
Après, pour moi, en bord de terrain, je suis surtout guidé par les évènements. Il faut être dans le ton dans ce que l’on veut faire au niveau du dispositif, au niveau du show. On a des réunions de préparation avant les matchs, on échange beaucoup entre nous pour savoir sur quoi on va axer et, généralement, c’est aussi le ton que l’on essaie de donner dans les interviews d’avant match. Les thèmes sont choisis à l’avance mais, après, on ne sait jamais, il faut être capable de réagir et de rebondir sur ce qui se passe.
Ce que je ressens en tout cas depuis le début de saison, c’est que c’est assez instinctif. En tout cas, j’essaie de regarder les matchs, de voir qui est important, d’avoir quelques statistiques en tête. J’ai d’ailleurs vu, sur le Twitter de Prime Video Sport, qu’ils commençaient à en mettre. J’en ai sorties deux qui m’intéressaient, notamment les meilleurs dribleurs et la possession de balle. Mon travail est en fait non stop toute la semaine. On rassemble pleins d’informations que l’on utilise le jour du match !
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Après ces premières semaines de diffusion, quels principaux retours pouvez-vous en avoir ?
J’échange régulièrement avec les clubs, d’autant que je les vois aussi pour « Rookies ». Généralement, le retour est positif dans le sens où, comme je le disais plus haut, c’est nouveau et c’est « frais ». Nous sommes là pour mettre en valeur le championnat et notre approche éditoriale, qui se veut être au plus près des acteurs du jeu, fait que nous sommes très demandeur auprès des clubs. C’est une nouvelle façon de travailler, et nous avons besoin de construire une relation de confiance avec eux car certains peuvent être encore réticents.
Du point de vue du public, j’entends beaucoup de commentaires positifs sur les consultants. Le dispositif étant nouveau, il suscite l’intérêt et cela a l’air de plaire, comme les différentes interviews qui peuvent être faites avec les joueurs ou dirigeants lors des debriefs d’après-match. C’est bien, je trouve car ce sont de petits éclairages sur le match, ça permet de voir d’autres acteurs aussi que les stars, des joueurs que l’on connait moins et qui, aux côtés de Thibault, ont l’occasion de s’exprimer plus longuement. Quand les jeunes joueurs tombent sur Thierry Henry, ils sont ravis aussi. Tout cela est bien, et nouveau !
Concernant le championnat en lui-même, ce début de saison est très intéressant, avec très peu de 0 à 0 notamment.
Effectivement, ça joue et ça joue partout. Ça va changer, je pense, dans les semaines qui viennent et, j’espère, à faible échelle car il y a des clubs qui sont déjà dans le rouge. Donc, forcément, ils vont adapter un peu leur façon de jouer. Je ne sais pas si c’est lié mais j’ai le sentiment que l’arrivée des entraineurs étrangers, que l’on est allé chercher généralement pour leur sensibilité au jeu et à aller de l’avant, commence à prendre dans les clubs. Je pense tout bêtement à Bordeaux, qui était mené 2 à 0 à Marseille à la mi-temps. Petkovic fait entrer Pembélé en piston droit, c’est lui qui marque le premier but et qui est impliqué sur le deuxième. Cet entraineur insuffle un vent nouveau dans cette équipe, qui ne recule pas. Les joueurs ont continué à jouer et, finalement, ont été récompensés en prenant un point, ce qui n’est pas rien au Vélodrome. Je mettrais cela sur le compte des entraineurs étrangers et ceux issus de Ligue 2 qui viennent avec leurs idées, qui font souffler un vent nouveau sur la Ligue 1, c’est ce qu’on a pu voir sur les premières journées.
En parallèle, vous continuez « Rookies » pour Free. Au-delà du plaisir que cela doit être, on peut penser à une vraie complémentarité pour vous avec le bord de terrain ?
C’est très sympa pour moi. « Rookies » est un programme que j’ai lancé il y a un an et j’ai retrouvé avec grand plaisir à Reims, par exemple, Hugo Ekitiké, qui joue attaquant, qui était remplaçant sur ce match. C’était marrant de se revoir.
Je passe ma semaine dans les clubs maintenant et j’ai hâte de voir jouer mes Rookies en Ligue 1. Donc c’est un vrai plaisir de le faire et c’est un vrai plaisir aussi de retrouver cette jeunesse-là. Ce n’est pas une jeunesse que je fréquente d’un point de vue cercle d’amis ou famille donc je suis toujours en découverte de leurs codes et de leur mentalité. C’est bien, je vois déjà, sur les premiers épisodes, que ça a changé par rapport à la saison dernière. Pour la plupart, ils connaissent le programme, ce qui change beaucoup de choses. Des clubs qui ne nous suivaient pas forcément l’année dernière nous suivent maintenant, ça veut dire aussi que le programme fonctionne, qu’il plait aux clubs donc ça fait plaisir.
Justement, comment se fait le choix des joueurs mis en avant ?
En début de saison, je regarde les effectifs et j’essaie de repérer de jeunes joueurs français qui n’ont jamais joué avec les pros en match officiel. Je vois quels profils peuvent correspondre. J’envoie des demandes aux clubs qui soit valident, soit en choisissent un autre, pour X raisons. On a eu le cas à Reims, on avait proposé un joueur mais celui-ci était alors en instance de départ. Le club, du coup, nous en a proposé un autre. Tous sont intéressants, tous ont des histoires différentes.
On n’a pas la même connaissance que les clubs sur les profils des joueurs, sur ceux qui sont capables de bien verbaliser ou pas. On fait donc cela en bonne intelligence, on propose et les clubs disposent.
Ce début de saison est hyper intense mais sans doute est-il hyper passionnant ?
Oui, c’est bien, on est tout le temps sur le qui-vive. C’est plaisant, on est tout le temps occupé, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Le fait de travailler sur la Ligue 1 pour Prime Vidéo m’aide aussi pour accélérer les contacts pour « Rookies ». A force, je connais bien tous les attachés de presse.
Lorsque, le lundi, je suis dans un club pour « Rookies », je discute déjà du prochain match avec eux sur Prime Vidéo. C’est super pour moi, franchement c’est bien.
Pour terminer, selon vous, à quoi peut-on s’attendre pour cette saison de Ligue 1 ?
Je pense que Monaco sera dans les quatre, même si l’équipe a pris un peu de retard. Je pense à Marseille pour le podium, c’est vraiment pas mal, ça s’arrête rarement, Payet est bien, on sent qu’il a envie de jouer, Sampaoli est sur le banc donc je pense que ça peut aller loin. Sans oublier Nice, qui serait une demi-surprise. Ils se sont renforcés avec Delort, ils ont l’entraineur champion de France. Pour les avoir vus deux fois, c’est vraiment pas mal, ça joue bien, on a l’impression que c’est déjà rôdé. Un podium avec Paris, Nice et Marseille ne me surprendrait pas, et Monaco juste derrière.
L’an dernier, le PSG n’a pas pris beaucoup de points contre les gros, il faudra faire attention. Est-on reparti sur un cycle de 3 à 4 ans où ils gagnent tout ? Je ne sais pas, même si, sur le papier, ça fait peur. A suivre…sur Prime Vidéo !
Merci, David, pour toutes vos réponses !