Un Si Grand Soleil : Quentin Gratias évoque son personnage dans la série à succès de France 2 !
Bonjour Quentin,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous avez rejoint, il y a quelques mois maintenant, la série à succès de France 2 « Un Si Grand Soleil ». A titre personnel, on imagine sans doute la joie et le plaisir que ce doit être de faire partie de cette belle et grande famille artistique ?
Oui ! Je sais que je l’ai toujours pris comme une chance. Je me souviens, j’étais chez moi, à Montpellier, je reçois un appel de la directrice de casting qui m’évoque ce rôle d’infirmier possiblement récurrent. J’y suis allé, ça s’est très bien passé et lorsqu’elle m’a rappelé pour me dire que j’étais retenu, je m’en souviens très bien, j’étais au pays basque et j’étais hyper content, en même temps surpris, ne m’imaginant pas rentrer dans le « cliché » de l’infirmier qui passe dans une série quotidienne. En fait, je me suis dit « mince, j’ai eu la chance qu’à un moment donné, quelqu’un m’ait fait confiance, m’ait pris par la main pour faire un bout de chemin ensemble ». Je trouve cela hyper agréable. Ça va dans les deux sens, on me fait confiance et ils ont confiance en moi pour que ça soit bien sur la durée. Je fais ce métier-là pour faire plaisir aux gens mais il y a aussi une notion de groupe, que j’ai découverte au théâtre. C’est la joie de la troupe. Au théâtre, on se dit au revoir après la dernière mais, sur « Un Si Grand Soleil », on sait très bien que l’on va se revoir prochainement.
Ces derniers temps, j’ai d’autant plus senti cette notion de famille depuis que les décors de l’hôpital ont été reconstruits dans les studios de Vendargues. On est vraiment au milieu de tout le monde, de toute l’équipe, de toute la famille. Au moment de rejoindre la série, on m’avait parlé de ce côté famille, j’attendais de m’en rendre compte pour pouvoir juger et, oui, j’ai clairement la sensation d’être dans un groupe uni pour la même chose et c’est très très agréable d’en faire partie.
En plus de cela, le cadre de tournage est très agréable pour tout le monde…
Complètement ! Je sais que cette série est l’une des seules qui prend du temps pour aller tourner en extérieur. On perd peut-être 15 ou 20 minutes à prendre la bonne lumière ou à faire les bons placements, on n’est pas dans une logique industrielle, on est dans une logique de création artistique, ce qui est très agréable. J’ai l’impression qu’aucun métier sur le plateau n’est laissé pour compte. Chaque métier a son importance, on va prendre le temps pour chacun, quitte à être en retard….l’important est que ce que l’on tourne soit bien cadré, bien filmé, bien joué, bien éclairé, que l’on soit bien maquillés, bien coiffés….Toutes les personnes que j’ai pu rencontrer à la production et à l’administration sont vraiment contentes d’être là, de faire partie de cette aventure. Elle est assez récente, 3 ans reste une durée assez courte mais il y a cette impression de quelque chose de sympa, d’agréable et où ça essaie, autant que faire ce peu, de prendre soin les uns des autres.
Vous y interprétez le rôle de David, infirmier à l’hôpital de Montpellier. Avec vos mots, comment le caractériseriez-vous ?
C’est drôle, pour le casting, il y avait des indications comme « il est un peu dans ses rêves, toujours légèrement à côté de la plaque ». En fait, après, quand, la récurrence est venue et, récemment, avec l’apparition de sa femme et de son amant, je me suis dit qu’il fallait que j’arrive à incorporer dans ce personnage d’autres choses que les simples indications du début. C’est assez compliqué. On peut aller demander au service d’écriture des indications et des aides mais je me suis toujours dit que j’allais essayer de ne pas le faire pour proposer quelque chose qui me soit propre, sans trop coller à ce que je suis moi-même.
Au travers des textes que j’ai eu à jouer, il y a quelque chose que j’ai trouvé très agréable chez ce personnage, c’est l’empathie. C’est quelque chose qui me touche particulièrement, notamment je pense parce que je viens du théâtre, où il y a cette notion de troupe. C’est quelque chose que j’aime à défendre chez ce personnage, notamment par rapport à sa femme, où il est brinquebalé entre les sensations qu’il a à l’intérieur de lui, voulant autre chose, et ce souhait de ne pas faire de mal à la personne qu’il aime. En même temps, on peut penser que, en ne lui disant rien et en faisant ce qu’il fait, il lui fait du mal de toute façon.
Quand le personnage de Yasmine est arrivé, j’ai adoré notre première scène ensemble où mon personnage lui dit « mais ça va aller aux urgences, tu vas voir, ça va être dur mais tu vas t’en sortir, j’ai toute confiance en toi ». Je sais que c’est quelque chose que j’aime creuser chez David.
J’ai trouvé très intéressant cette notion de dualité entre le désir qu’il a et comment les choses vont être perçues. Il a une relation un peu particulière avec le personnage de Claire, il y a cette notion tout d’un coup d’assumer qui il est et de pouvoir dire clairement les choses, en assumant, en ne cachant rien.
C’est agréable, avec un personnage de quotidienne, de se dire qu’il est en constante évolution. Contrairement au théâtre, on a la chance d’avoir des textes nouveaux, des arches nouvelles, des intrigues nouvelles. On peut déplacer, à un moment donné, légèrement son personnage pour aller voir autre chose, pour aller tester de nouvelles émotions et se laisser surprendre. En tant que comédien, c’est un bel outil. Cette mutation constante est très agréable.
On le sait, sur une quotidienne, le rythme de tournage est particulièrement soutenu. Au fur et à mesure, avez-vous adapté votre méthodologie de travail en ce sens ?
Complètement ! J’ai eu la chance de découvrir plein de formes de théâtre différents, c’était une chance dingue, j’ai pu ouvrir la palette de jeu et me confronter à des choses bien distinctes. Je me rends compte que le jeu à la caméra et celui au théâtre sont complètement différents, il n’y a pas les mêmes ressorts internes. Notamment avec l’arche récente, en ayant plusieurs jours de tournage d’affilée, en ne tournant pas les choses chronologiquement, avec des allers retours dans le temps, l’aide du coach est très précieuse, c’était très agréable pour moi, de jour en jour, de lâcher prise. J’ai essayé, autant que faire ce peu, de ne pas prouver les choses, de ne pas imposer ma façon de jouer, je me suis laissé porter et guider. Le but d’une série quotidienne est de coller au naturel de la société, il y a ce but de jouer assez léger, d’être d’une certaine façon un peu détaché des choses, en mettant une distance dans le jeu.
C’est un apprentissage un peu constant, il y a des choses que j’aurais aimé refaire, notamment quand je me revois à l’écran. Je ne sais pas tout, je continue à apprendre tout le temps, pour devenir meilleur. C’est une émulation interne, pour être meilleur que ce que je viens de faire, juste pour moi, pas pour prouver quelque chose.
En parallèle, quels sont vos projets à venir, notamment sur scène ?
J’ai gagné avec une équipe de « Flying Fish Production», une boite de réalisation sur Montpellier, le 48h de Montpellier, deuxième au 48H national à Paris et 1er à la Finale Internationale Filmapalooza, on a eu le prix de la meilleure direction artistique nationale et on a gagné le prix du meilleur film. Du coup, ce film, « La zone », a été projeté à Cannes, dans la sélection du Short Corner. C’est fantastique, je suis tellement content.
Je viens de finir de jouer dans une pièce, « Smog », au Printemps des comédiens sur Montpellier, qui se rejouera, en novembre, sur Toulouse et à nouveau Montpellier, en Mars à Sénart puis en juin au théâtre de la tempête pendant 3 semaines. J’ai aussi une création, avec une autrice, Claire Barrabès, « Longtemps je me suis levé tôt », qui relate l’histoire des « Jeannette », une entreprise en Normandie de madeleines. Où les moyens de production avaient été gardés sur place pour relancer la marque sans les patrons. On devrait monter sur scène, à Caen, en février 2022. Aussi, il y a un film dans lequel j’ai tourné, une adaptation du roman graphique « La nuit mange le jour », qui devrait sortir, je pense, l’année prochaine.
Merci, Quentin, pour toutes vos réponses !