Maud Andrieux et Margherita Coppola évoquent "Drôles de Dames", dans le cadre du Festival Nikon !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Maud, bonjour Margherita,

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à nos questions !

Dans le cadre du Festival Nikon 2021, vous avez co-écrit le court-métrage « Drôles de Dames ». Comment le présenter facilement ? De quoi parle-t-il ? Quels thèmes y sont abordés ?

Margherita : On voulait se lancer dans l’écriture d’une comédie. Nous avons pris le parti d’un point de vu décalé qui se retrouve tant dans l’écriture que dans la mise en scène d’inspiration théâtrale.
Le Nikon Festival impose une durée de 2 minutes 20 et un thème. Pour cette 11ème édition, c’était « un jeu ». Le jeu est un sujet inspirant car il nous accompagne depuis toujours. Et en cette période complexe, nous avions besoin de légèreté.

Nous avons voulu donner vie à un jeu de cartes. Deux d’entre elles vont se réveiller: la Dame de Trèfle (interprétée par Maud) et la Dame de Cœur (que j’incarne). Ces « drôles de dames » donnent un point de vue singulier sur le monde et sur l’actualité. Elles soulignent la frénésie de notre époque où les gens n’ont plus (ou ne prennent plus) le temps de profiter des petites choses.

Maud : Nos personnages peuvent apparaître très différents et en opposition mais s’avéreront complémentaires et très complices. La Dame de Cœur est tempétueuse, dans l’énergie de la jeunesse et qui a envie de vivre pleinement ses aventures de jeu.

Margherita : En effet, recluses dans leurs paquet au fond d’un tiroir, elles ne jouent plus depuis longtemps et échafaudent un plan pour se remettre en jeu. C’est là que la Dame de Trèfle intervient sous l’impulsion de la Dame de Cœur.

Maud : Mon personnage, plus âgé, raisonné, veille à la bonne tenue des dames du paquet. Sans la Dame de Cœur, elle continuerait à patienter sans mot dire. Quand le film démarre, elle dort, soumise. C’est l’action de sa complice, qui n’en peut plus d’être enfermée et qui lui demande de l’aide, qui va l’inciter à trouver une solution. Ayant de l’expérience, des contacts, elle seule peut parvenir à l’objectif final: jouer de nouveau.

La mise en scène a un côté très théâtral également, comme l’indique le dossier de presse.

Margherita : En effet. Le théâtre est très présent dans le film : le décor, les costumes, le jeu… Il fallait recréer l’intérieur d’un paquet de cartes. Il a été évident de s’orienter vers la simplicité : deux cartes géantes sur fond noir, ambiance bougie et nos deux dames habillées en costumes d’époque.

Afin de signifier la superposition des cartes, un split-screen s’est imposé permettant aux deux femmes de se retrouver l’une à côté de l’autre à l’écran, donnant ainsi un rythme plus cinématographique. Le jeu d’actrices fait également un clin d’oeil au théâtre. C’est tout cela qui accentue l’aspect décalé de notre comédie.

Maud : Margherita et moi, toutes deux comédiennes ayant fait beaucoup de théâtre, ça nous intéressait d’écrire sur un univers théâtral et de le transposer à l’image. Ces personnages n’existant pas dans la vraie vie, on ne pouvait forcément pas les jouer de manière naturelle. Il fallait que toutes deux aient un grain un peu supérieur, pousser un peu les intentions de jeu, les émotions, pour que ça paraisse aussi insolite. Dès l’écriture du scénario, nous savions qu’on ne serait pas sur une scène théâtrale avec dix mètres d’ouverture, mais il fallait quand même garder cette dimension de reines, de dames, cette bienséance mise en avant par la dame de trèfle vis-à-vis de la dame de cœur. On devait se tenir à un rang social avec un langage soutenu et décalé pour celui qui regarde et, pour nous, c’était très drôle à jouer.

 

 

En tant que comédiennes, est-il si évident que cela d’interpréter des cartes ? Cela change-t-il d’un rôle plus classique, plus conventionné ?

Margherita : Oui, je trouve que ça change. Effectivement, on a cherché un jeu qui était plus adapté à ces personnages fantaisistes. Nous ne pouvions pas jouer de manière intimiste puisque ça n’aurait pas pu soutenir l’extravagance de notre histoire. Nous ne sommes pas dans un monde réel, classique et encadré. La clé afin de trouver la bonne direction dans l’interprétation a été le plaisir de sortir de ce cadre et de s’amuser.

Le timing global a été serré, entre l’idée et le rendu final. On imagine que les journées ont été chargées et intenses, sur tous les points de vue mais que, au final, la fierté et la joie l’emportent ?

Maud : Pour ce Festival Nikon, nous avons Margherita et moi écrit un premier scénario qui nous a occupée durant deux mois, de sa réalisation à la post production. Ce film, dont nous n’étions pas productrices, ne participe finalement pas au Festival pour des raisons de format. Cette embûche de parcours nous a motivé à écrire un second scénario pour y participer. A partir de l’idée que j’ai imaginée dès le lendemain de cette décision, nous nous sommes mis au travail d’écriture ensemble. Nous étions déjà fin janvier. C’est dire qu’il nous restait peu de temps avant la deadline étant le 17 février. Et nous n’avions pas d’équipe de travail. On a tout fait, de A à Z. Ça a été l’occasion d’une première réalisation pour Margherita et la première production du collectif Le Protocole. Nous sommes très fières d’avoir tenu un timing extrêmement serré et du résultat qui correspond à nos attentes de scénaristes.

Margherita, un petit mot sur cette première expérience de réalisatrice ?

Margherita : Ça faisait quelques temps que je voulais passer derrière la caméra. Je viens d’une famille d’artistes peintres et j’ai suivi des études d’art, ce qui fait que « l’image » a un rôle central dans mon quotidien. Passer du scénario au film, c’est un peu comme passer de l’idée du tableau à la toile avec toutes ses couleurs, ses nuances, ses textures. Cette première réalisation a été passionnante et enrichissante mais aussi stressante.

Il y a eu bien sûr les doutes d’une première mais le plaisir a pris le dessus me permettant de dépasser les difficultés. Ça été très amusant de « dessiner » au cadre, plan par plan, notre histoire jusqu’à la chute que j’avais imaginée.

La direction d’acteur a été aussi un point central avant et pendant le tournage. Il fallait trouver la justesse de ces personnages excentriques pour que l’ensemble soit harmonieux. 

Je tire un bilan très positif de cette expérience qui m’a appris beaucoup de choses (et j’en ai encore beaucoup à apprendre!). Ça été aussi l’occasion de faire de très belles rencontres. Parce qu'un film, c’est avant tout un travail d’équipe ! Et un grand merci s’impose à: Aldrick Brièche 1er assistant réalisatrice, Noémie Martineau cheffe opératrice, Kevin Abdoul chef électricien, Théo Palfray au son/mixage/musique, Étienne Glénat assistant son, Charlotte Blanchet assistante plateau, Rachel Cunéo au montage et à l’étalonnage, Hédi Zehri à la régie et à la décoration, Oriane Chaussard pour le graphisme des cartes, Laurent Monserrat pour les photos de plateau, Sophie Balagayrie pour les sous-titrage en anglais, Flavien Dareau pour la voix off du journaliste et Ferdinand et Jeanne Boudy pour les voix d’enfants.

Maud : Je peux témoigner du plaisir et de l’investissement de la réalisatrice que j’ai vu naître en elle. Je l’ai vu prendre les choses en main, avec des idées artistiques et techniques précises qui ne l’ont pas quitté tout le long du travail.  J’ai apprécié son souci d’actrice sur le terrain, de ne pas laisser la direction d’acteurs ni le jeu comme dernier pôle d’action mais de le mettre au centre du travail. Cela a été extrêmement plaisant, constructif et galvanisant.

 

 

Quels premiers retours avez-vous déjà pu avoir ?

Margherita : Globalement, on a eu de très bons retours de gens du métier et d’univers tout autres.  

Maud : Les retours sont très enthousiastes, ça donne envie de continuer.

Une suite est-elle envisagée ? Sous quelle forme ?

Margherita : Peut-être une web-série ? Toujours dans des formats courts de 2 minutes. Nos « Drôles de Dames » sont attachantes et nous n’avons pas envie de les quitter tout de suite!

Maud : On aurait envie d’aborder des sujets de société grâce au décalage de nos personnages hors du temps.

Ce fut un plaisir d’échanger avec toutes les deux !

Le film est visible dans le lien suivant :

https://www.festivalnikon.fr/video/2020/1283

Publié dans Télévision

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