Demain Nous Appartient : Charles Lelaure évoque ses premières semaines de tournage pour la série à succès de TF1 !
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Bonjour Charles,
Quel plaisir d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !
On peut vous retrouver depuis peu dans la série à succès de TF1 « Demain Nous Appartient ». On imagine votre joie et votre plaisir d’avoir rejoint cette belle famille artistique ?
C’est rien de le dire. Vue la période, je me considère comme extrêmement chanceux. Ce n’est évidemment pas le cas de tous mes camarades. Ce rôle est vraiment arrivé à point nommé, je me réjouis de l’avoir décroché et, surtout, d’y retrouver tout un petit groupe de potes, de vieux potes même pour certains. J’étais en cours avec certains d’entre eux il y a plus de quinze ans et il y en a sept ou huit que je connais vraiment très très bien. Donc j’ai vraiment l’impression d’arriver dans une famille. Franchement, depuis que j’y suis, depuis début décembre pour le tournage, je n’ai croisé que des gens sympas.
Vous y interprétez le rôle du procureur Xavier Meffre, qui revient à Sète après avoir vécu à l’autre bout du monde. Comment le présenteriez-vous ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Il y a deux facettes chez Xavier Meffre. D’abord à travers la comédie romantique avec le personnage de Chloé dont il était fou amoureux au lycée. Puis professionnelle. Celle d’un jeune (41 ans) procureur qui revient s’installer à Sète où il a passé sa jeunesse. C’est un légaliste passionné par son travail et très à cheval sur les règles. C’est quelqu’un de très sympathique, de très pro et qui va générer de la bonne humeur, particulièrement dans sa vie intime. Il ne va pas hésiter à sortir la petite blague au bon moment. Il va aussi pousser les gens dans leurs retranchements grâce à l’humour et il va également les tester comme cela. Il faut savoir que, dans la vie, le plus jeune procureur de l’histoire avait 43 ans. J’en ai 40... La jeunesse de mon personnage peut aussi jouer en sa défaveur, c’est en cela que l’humour va lui permettre de s’ancrer dans sa fonction, en face des policiers à qui il a à faire. Il doit donner les autorisations pour les enquêtes, prendre les décisions, trancher pour ensuite plaider au tribunal, c’est une responsabilité importante. Son humour est un trait de caractère que j’aime beaucoup chez ce personnage.
Au moment de son interprétation, avez-vous ou avez-vous eu des sources particulières d’inspiration ?
Pas forcément parce que je ne voulais pas tomber dans le cliché du procureur qui parle bien, à utiliser toujours les bons termes. D’ailleurs, j’ai quelques scènes qui sont un peu pièges. Il peut facilement employer des mots qui sortent du langage courant, c’était important pour moi que ce personnage me ressemble aussi dans sa façon de parler, je ne voulais pas non plus qu’il soit trop loin de ce qu’il est à la vie. Je voulais qu’il ait cette simplicité d’échange, ça le rend plus humain. Il est jeune et peut avoir des hésitations ou des fragilités, comme n’importe quel juriste de son âge. On a d’ailleurs déjà pu observer cela dans des procès importants, pour d’autres fonctions, de juges d’instruction notamment. Je pense à l’affaire d’Outreau, avec le juge Burgaud qui était un jeune juge... En tout cas, mon personnage ne s’enflamme pas et se doit d’avoir une certaine humilité. Le fait de le rapprocher de moi peut, je pense, apporter cela, pour qu’il ne se considère pas comme un procureur d’expérience. Il est là où il est parce que c’est un vrai bosseur et je pense qu’il est conscient de son âge par rapport à la fonction. Il est conscient qu’il n’est pas à l’abri d’erreurs. J’espère que l’on s’attache à ce personnage.
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Avant de découvrir le plateau, vous êtes-vous plongé dans les épisodes en diffusion pour mieux encore connaitre le contexte du moment ? Ou, à l’inverse, avez-vous préféré garder une certaine fraicheur ?
J’avoue que je ne me suis pas amusé à regarder toutes les saisons tournées depuis le début mais, par contre, j’ai regardé deux à trois épisodes pour savoir quel était le format, à quoi ça ressemblait et pour prendre un peu la température. Afin de ne pas arriver en terrain inconnu. En revanche, j’ai voulu garder une fraîcheur à ce niveau-là pour voir ce que je pouvais apporter pour servir la série au mieux. Je reconnais que, le premier mois avant ma première diffusion, ce n’était pas évident de ne pas savoir ce que ça donnait. Je n’avais pas vraiment de recul sur ce que je faisais. Il y avait un côté intéressant mais un autre qui pouvait apporter une fragilité. Cette fragilité peut servir, je pense, aussi l’arrivée de mon personnage.
Après, on m’a rapidement fait comprendre que c’était quelqu’un qui avait beaucoup d’humour et qu’il fallait que j’aille dans ce sens-là. Il fallait se permettre d’aller plus dans la fantaisie que ce que je pouvais y apporter au départ. Cela m’a pas mal aidé. J’avais besoin d’avoir des retours pour coller un peu plus à ce que l’on attendait de ce personnage.
On le sait, le rythme de tournage sur une quotidienne est plutôt soutenu, au travers du nombre de minutes utiles à défendre au quotidien. Avez-vous une méthodologie particulière en ce sens ?
C’est l’exercice le plus difficile que j’ai pu connaître depuis que je fais ce métier, depuis plus de 20 ans. Il faut savoir que, sur un long-métrage, on fait généralement entre 3 à 5 minutes utiles par jour. Sur une série comme « Femmes de loi » à l’époque, on faisait 7 à 8 minutes, ce qui était déjà beaucoup. Sur des unitaires, on est à peu près sur ce rythme-là, des fois moins, des fois plus. Je viens de tourner « Germinal », on était entre 4 à 6 minutes par jour. Là, sur « Demain Nous Appartient », arriver dès fois à 12 voire 18 minutes utiles dans la journée pourrait faire penser à de l'abattage mais je crois que c’est surtout un rythme à intégrer et à accepter. C’est vraiment ce que j’ai eu de plus difficile à faire depuis que je fais ce métier. Je le dis souvent, je défie n’importe quel comédien d’être bon sur ce genre de format. Cela exige beaucoup de travail et la plupart des gens que je croise sur ce programme sont d’énormes bosseurs. Une journée comme j’en ai de temps en temps à 8 séquences, avec 4 pages de texte à chaque fois, représente une trentaine de pages à maîtriser. C’est un gros rythme quand on tient cela sur une semaine. On rentre le soir à 19 ou 20 heures et on bosse jusqu’à 1 heure du matin. A 6 heures, on est de nouveau debout pour repartir sur le plateau. Quand on arrive à être régulier sur ce rythme et à faire un travail sérieux, je pense qu’on en tire beaucoup de choses positives. Je crois que le jour où on se retrouve ensuite sur un format de 3 à 4 minutes, on est très à l’aise. La grosse erreur serait de prendre cela à la légère et de ne pas anticiper l’intégration du texte. Au début, je me disais surtout que j’allais devoir travailler mon endurance, en voyant une machine de guerre comme Ingrid Chauvin, qui aurait beaucoup de choses à apprendre à d’autres comédiens. C’est quelqu’un qui fait ce métier sur ce rythme-là depuis 20 ans, qui est toujours souriante, avec le texte su, toujours d’humeur d’égale, d’une gentillesse rare, c’est une personne profondément adorable et qui est d’une régularité déconcertante. Sur un long métrage avec des réalisateurs qui ont le temps de diriger, de mettre en place les choses, elle serait formidable. Quand on voit ce qu’elle arrive à sortir avec le rythme qu’il y a sur DNA, ça impose le respect. Nous nous connaissions déjà parce qu’on avait travaillé ensemble il y a 15 ans mais, là, je la redécouvre avec bonheur. C’est quelqu’un avec qui j’ai toujours plaisir à arriver le matin sur le plateau.
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Sans dévoiler de grand secret, on imagine, à la vue des épisodes actuellement en diffusion, que les téléspectateurs vont pouvoir suivre les aventures de Xavier à la fois sur le plan professionnel mais aussi sur un plan plus personnel ?
Oui, oui, il y a de très jolies scènes qui sont en train d’être dévoilées, où le personnage de Xavier se rapproche de celui de Chloé. C’est une relation qui a été mise en difficulté à cause du choix de Chloé de cacher Martin Constant chez elle. Mon personnage avait découvrir cette décision, cela avait créé beaucoup de tensions entre eux et malmené un peu leur histoire.
En parallèle, dans le contexte du moment, quels sont vos autres projets artistiques ?
Je viens de terminer le tournage de « Germinal », c’était un clin d’œil dans ce 6x52 minutes, qui reprend le roman de Zola pour France 2. David Hourrègue, qui réalise cette mini-série, avait vu une photo de moi avec une moustache et m’a appelé pour me proposer un petit rôle de lieutenant de gendarmerie qui intervient lors des manifestations sur le carreau de la mine. J’ai sauté évidemment sur l’occasion, en plus c’était un rôle à cheval les trois quarts du temps, j’ai adoré cette idée. C’est surtout un film d’époque, ce qui est de plus en plus rare, avec une lumière absolument dingue. Le chef opérateur, Xavier Dolléans, a fait un travail magnifique accompagné de Guillaume Quilichini, le steadycamer qui a su aller chercher les images voulues par le chef d’orchestre, David Hourrègue. C’est un tout petit rôle mais je suis évidemment très fier d'avoir participé à cette aventure-là. Quel bonheur de tourner dans ces conditions, sur des histoires comme cela. Louis Peres, qui tient le premier rôle, est impressionnant de maturité à 24 ans. Cela laisse augurer de belles choses pour lui. Je n’oublie pas non plus Thierry Godard, Sami Bouajila ou Guillaume de Tonquedec qui font partie de ce petit bijou produit par Banijay. Citons aussi Alix Poisson qui est impressionnante. J’ai retrouvé également des amis, notamment Vincent Deniard avec qui je suis dans « Le porteur d’histoire » et Anna Mihalcea avec qui j’ai joué « Roméo et Juliette » pendant près de 8 ans. J’avais quatre jours de tournage et j’étais très heureux d’y participer.
En parallèle, comme mes potes, je suis toujours “non essentiel”, en attente que les théâtres rouvrent et dans l’incompréhension la plus totale lorsque je vois tous les lieux où les gens se tassent en masses et sans limites...
Merci, Charles, pour toutes vos réponses !