Rencontre avec Mathieu Alexandre (comédien dans Demain Nous Appartient sur TF1)

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Mathieu,

Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre site.

On peut vous retrouver sur TF1, à 19h 20, dans la série à succès « Demain Nous Appartient ». Qui vient de fêter son 500è épisode. Vous qui vivez cette aventure de l’intérieur, comment en expliquez-vous son succès ?

Je pense que le feuilleton de TF1 est bien fait. Je trouve que, dans ce format-là, ça fonctionne vraiment bien. Je parle de « format » car je pense que c'est important de comparer les séries en fonction de cela. DNA est un feuilleton, qui  a un épisode par jour, cinq jours par semaine tout au long de l'année. C'est une production incroyable quand on y pense. Dans ce rythme effréné, chacun fait en sorte de sortir la meilleure qualité possible, le meilleur cadre, le meilleur son, la meilleure interprétation, la meilleure figuration, la meilleure mise en scène, le meilleur décor, le meilleur accessoire, le meilleur costume, raccord maquillage, coiffure, production, etc etc, je ressens très fort que chacune et chacun a envie de faire au mieux. Tourner autant par jour, avoir ce rythme si soutenu, travailler aussi rapidement, c’est un exercice quand même très particulier. Je sens cette énergie de bien faire et j’aime cela. C’est vraiment très important pour moi, je dirais même que cette implication est nécessaire et qu'elle reste ma motivation principale. Le fait que ces centaines de personnes font au mieux chaque jour pour sortir un épisode, doit se ressentir. Je pense que c'est ça qui fait que le feuilleton a autant de succès.

Vous y interprétez Tristan. Quel regard portez-vous à présent sur lui ?

Comme je le disais, c’est un programme qui va vite, du coup, au début, je me suis dit qu’il fallait que je le rapproche le plus possible de moi. Donc de mes attitudes, de mes manières de faire des blagues, de ma manière de parler. Si on résume, Tristan ça reste Mathieu qui dit les phrases, et qui vit les situations que les scénaristes ont écrites pour Tristan. Je sais pas si c'est très clair :-).

Ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec ce qu'il dit ou ce qu'il pense ; par exemple l’intrigue où ma mère arrive et couche avec plein d’hommes. Personnellement, je m’en moquerais, contrairement à mon personnage.

J’aime bien Tristan, c’est un bon gars, j’aime qu’il soit sympa, drôle, touchant. Même si, parfois, il peut être naïf, limite un peu… bêta (pour rester poli), ça me parle, car c’est un côté que je peux avoir dans la vie.

Vous avez eu l’occasion de défendre des thématiques singulières, notamment dans sa relation naissante avec une escorte. C’est aussi un choix fort, juste avant la grande messe du 20h, de la première chaine d’Europe de mettre en avant des sujets aussi lourds.

Oui effectivement j'ai eu à jouer avec Laura Mathieu une intrigue sur les amours d'une prostituée. Je ne pense pas que cela soit une thématique singulière, c'est assez vu dans le cinéma par exemple (on se souvient tous de Pretty Woman), mais cela dit, jouer dans le genre « comédie romantique », jouer l'amoureux, le gars gauche qui va découvrir le grand secret de son amour, a été un très grand plaisir pour moi. Outre le fait que ma partenaire est vraiment top, j'ai bien aimé les différentes références aux scènes mythiques de ce genre (Love actually par ex), et j'ai trouvé que les scénaristes et dialoguistes nous ont donné de belles choses à dire et à défendre. J’ai bien aimé cette intrigue, car ça pose des questions : est-elle obligée d’arrêter ce qu’elle fait pour être avec quelqu’un ? Est-ce que c’est dans la logique ? C’est un métier qui, pour elle, est respectable. Tristan l’incite à arrêter, elle, à l’inverse, n’a pas envie d’être dépendante de son compagnon. Parfois je croise des spectateurs qui me disent que cela lance des débats chez eux, et ça c'est très enthousiasmant.

Dans votre question vous dites que DNA arrive avant la grande messe du 20h, c'est vrai. DNA parle de sujets de société, parfois de sujets violents, parfois d'amour et d'amitié, parfois, effectivement de thématiques peu développées en fiction. C'est peut-être un choix fort de la part de la chaine que de parler de sujets, mais je ne sais pas si se sont « des sujets lourds », ou des sujets qui peuvent déranger certains avant le 20h. Je dis que je n'aime pas le mot « lourds » pour les sujets de DNA, parce que pour moi, les sujets lourds sont justement dans le 20h : les guerres, les atrocités du monde, les injustices, les abus de pouvoir etc etc. DNA reste une fiction. Alors oui, elle aborde des thématiques parfois dérangeantes et violentes, mais je me dis que cette violence n'atteindra jamais celle du 20h.

Pour la suite, à moyen terme, aimeriez-vous défendre encore d’autres thèmes au travers de votre personnage ?

Je n’ai pas d’envie particulière. Il y a trop de causes qui méritent d'être entendues. Je fais confiance aux auteurs. Je sais simplement que j’aimerais faire de la comédie. Il me plairait que ce genre soit plus mis en avant. Faire rire les gens est quelque chose qui me tient à cœur.

Vous évoquiez le rythme soutenu sur le plateau. Avec votre expérience grandissante, affinez-vous votre méthodologie de préparation ?

Cette série est un énorme stage d’acteur. Je n’avais jamais joué à la télévision, et ces deux années sur DNA m'ont permis d'acquérir des compétences et des techniques, comme se mettre plus facilement dans ses marques, ne pas avoir « peur » de la caméra, jouer en faisant attention au son, à la lumière. Je ne connaissais pas ces choses-là et, maintenant, je commence à maitriser quelques « techniques ».

Lorsque je reçois une scène, j’essaie de comprendre où elle me mène. J'essaye de faire en sorte que les mots de Tristan deviennent les miens. Avec le texte j'essaye de comprendre la logique de la pensée de Tristan, comment et pourquoi il passe d'une idée à l'autre, comment rendre tout cela le plus naturel possible. Dans l'idée j'ai envie qu'on se dise « le comédien vient d'inventer ce qu'il vient de dire, et il l'a inventé devant la caméra ». Ce n'est pas toujours évident car dans DNA les personnages s'expriment beaucoup, un peu plus que dans la vraie vie, alors il faut parfois batailler, et travailler pour rendre cela naturel. Mais c'est un chouette exercice.

En ce moment, je suis dans une réflexion, je me dis qu’il faudrait peut-être que je trouve un coach sur Paris pour m’aider, pour m’améliorer.

En parallèle de ce programme, vous écrivez aussi, vous montez sur scène régulièrement. Retrouvez-vous des complémentarités entre ces différents domaines ? Ou les considérez-vous comme autant de métiers différents ?

Je ne pense pas qu’il y ait des métiers différents, il y a simplement des techniques différentes. Effectivement, j’ai fait beaucoup de théâtre avant et, en arrivant sur DNA, comme je le disais, il m’a fallu surtout appréhender, techniquement, le bon positionnement et le bon regard. Le métier reste le même et c’est pour cela que je ne suis pas d’accord avec les personnes qui font une sorte de catalogage entre comédiens (de théâtre) et acteurs (d'image).

J’aime le théâtre, j’ai envie de continuer, et j'aime l'image, j'ai envie de continuer :-).  Ces arts sont complémentaires, jamais je ne quitterai ni l’un ni l’autre. J’ai très envie de faire du cinéma et même de réaliser (je réalise déjà des courts métrages). L’image me plaît énormément, devant et derrière la caméra.

Vous êtes un habitué du Festival d’Avignon et vous préparez déjà l’édition 2020. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet que vous y défendrez ?

Je travaille depuis très longtemps avec la compagnie Les Moutons Noirs, que j’aime beaucoup. C'est un groupe de personnes incroyables. Avec eux, nous montons une adaptation du « Titanic », avec notamment de la danse et du chant. Nous serons 12 ou 13 sur scène, ce sera drôle, burlesque mais pas que. Ça va être super. Je suis content de faire partie de ce projet.

Pour la suite, quelles sont vos envies artistiques ?

J’ai très envie de faire des films. Je suis en train d’écrire un long métrage de comédie, que je vais tourner, je l’espère, très vite.

Un court métrage est aussi prévu en septembre, sur le thème de l’enfance.

Et je réalise une web série Happy Baby disponible sur You tube.

Ce fut un plaisir, Mathieu, d’échanger avec vous !

Publié dans Théâtre, Télévision

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