Elsa Bontempelli évoque son parcours, ses souvenirs et ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Elsa,

 

Merci de me consacrer du temps aujourd’hui pour me parler de votre actualité.

 

Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, sur scène et en dehors. Qu’est-ce que vous plaît dans votre quotidien artistique ? 

 

J’ai de plus en plus de mal à répondre aux personnes qui me demandent quel est mon métier. J’ai eu la chance d’être sur scène et j’ai développé mon savoir de metteuse en scène en fonction de mes expériences d’artiste.

 

Ce qui me plaît, c’est d’avoir la possibilité de savoir ce que mes artistes ressentent sur scène, l’ayant vécu. C’est une chance pour la compétence principale que j’ai développée qui est la mise en scène.

 

Quel lien, quelle complémentarité existe-t-il entre la mise en scène et la scène ? Comment combinez-vous ces deux domaines ?

 

J’ai un énorme respect pour les artistes que je dirige. J’essaye d’être très claire dans ce que je leur demande, car j’ai eu des metteurs en scène peu clairs qui m’ont mise dans l’embarras.

 

J’ai aussi eu des chorégraphes ou des metteurs en scène très exigeants et très coléreux et ça mettait aussi les artistes en stress, les repoussant dans des retranchements qui ne sont pas forcément agréables. J’ai eu des metteurs ou chorégraphes qui étaient des copains et ce n’était pas bon non plus, le copinage pose à un moment donné un problème de hiérarchie.

 

En fonction des expériences que j’ai eues en tant qu’artiste, j’essaie de donner le plus grand confort à mes artistes en créant une équipe où tout le monde a sa place, se sent écouté et cadré.

 

J’ai eu la chance d’être soliste, en tant qu’artiste, d’avoir des possibilités de m’exprimer seule sur scène. Très souvent, on a ce fantasme de la meneuse, soliste, mais cela ne me correspond pas, je préfère faire partie d’une équipe. Pour moi, l’aventure artistique est avant tout une aventure de groupe. C’est comme cela qu’elle est la plus enrichissante.

 

Quand êtes-vous la plus à l’aise et, inversement, quand êtes-vous davantage sujette au stress ? A la direction ou dans la lumière ?

 

C’est un stress totalement différent, qui ne se situe pas au même moment. Quand je mets en scène, j’ai des maux de têtes, le cœur qui bat. En tant qu’artiste, j’ai mal à l’estomac.

 

Mais ce qui me libère, c’est qu’en tant que metteur en scène, on voit les choses. En tant qu’artiste, on est parfois incapable de faire face aux jugements parce qu’on ne s’est pas vu. En tant que metteur en scène, mon œil extérieur me permet un certain détachement face à la critique.

 

C’est une expérience bouleversante, d’avoir mis en scène quelque chose et de se mettre dans le public, d’être impuissant à ce qu’il se passe, de ressentir le public pris dans l’émotion ou dans le rire. Je regarde autant la salle que la scène et c’est seulement comme cela que je suis capable de juger mon travail. C’est libérateur finalement d’avoir cette possibilité de recul.

 

J’ai beaucoup d’admiration pour les artistes qui se mettent eux-mêmes en scène et qui n’ont aucun recul sur ce qu’ils font.

 

Pour la mise en scène, avez-vous des sources particulières d’inspiration ?

 

J’ai atterri dans le monde du cabaret parce que je mesure 1,83m. Grâce à cette particularité physique, j’ai été tout de suite engagée dans ce milieu.

 

Mais j’ai grandi dans le milieu du théâtre et particulièrement dans le milieu musical. Etant petite, je jouais dans les lignes de fauteuils de théâtre, pendant que mon père mettait en scène. La mise en scène m’a donc toujours paru naturelle. Dès mes 7 ans, il m’arrivait de mettre en doute la mise en scène qu’on me proposait. A 3,4, 5 ans, on est des éponges. Quand on a des parents artistes, inconsciemment, on ingurgite tout ça et j’ai reçu cette logique. On n’apprend que ce que l’on sait déjà.

 

Etant artiste d’abord chorégraphique, de par mes débuts au Lido, j’accorde une grande importance au corps. J’ai besoin de comédiens corporels, j’ai beaucoup de mal avec les comédiens qui sont peut-être très sincères mais qui regardent le lustre. J’ai besoin d’incarnation du texte dans le corps. C’est quelque chose que j’ai gardé de mon expérience de danseuse.

 

Vous avez récemment mis en scène « Les Vilaines », avec des dates qui se sont très bien passées. Que retenez-vous de ces premières dates ?

 

Evidemment, nous sommes ravis de la façon dont le public a reçu notre trio. C’est fabuleux de créer quelque chose et que ce soit reçu par le public de manière enthousiaste.

 

 

 

En tant que metteuse en scène, je ne vois que ce qui ne marche pas ! (rires). Il y a encore beaucoup de choses à retravailler, pour huiler la mécanique. Mais il y a un vrai potentiel dans ce spectacle, dans le concept, dans le trio : Mélina Claire, Margaux Heller et Elsa Fidji. Je les ai choisies par audition. Elles s’accordent entre elles et de façon troublante avec les personnages. Il y a une vraie symbiose.

 

Nous développons ce potentiel. Nous voulons faire une version avec 4 musiciens de Jazz pour 8 chansons. Nous recrutons en ce moment ! Ils soutiendront bien sûr le jeu, tout au long de la pièce.

 

Quels sont vos autres projets et envies artistiques du moment ?

 

On a une pièce, seulement théâtrale et une autre qui est musicale. Il s’agit de deux livrets différents. Mais ils ont en commun que c’est du spectacle qui parle du spectacle.

 

La première s’appelle « Avis d’audition », sur les auditions donc. Deux comédiens et une comédienne. C’est la rencontre intense qui fait partie de la vie de l’acteur et de la profession du metteur en scène. Qu’est-ce qu’il se passe pendant une audition ? Des deux côtés, il peut y avoir des surprises : une rencontre amoureuse, c’est d’ailleurs comme cela que se sont rencontrés mes parents ! Ça peut être un personnage à côté de la plaque, une erreur de casting, comme quelqu’un qui veut un petit rôle court et qui se retrouve à jouer Hamlet ! C’est la déclinaison de toutes les situations qui sont évoquées par une série de monologues et de dialogues. C’est pour 2020-2021.

 

L’autre s’appelle « Si ça vous chante ». C’est une pièce montée par mon père il y a 20 ans. Elle évoque la naissance de la Chanson, incarnée par une jeune comédienne, fruit de la rencontre entre Monsieur Texte et Madame Musique. C’est l’aventure de cette fille, qui rencontre le Rythme, le Disque, le Showbiz. Tous ces personnages sont incarnés. Ils utilisent la Chanson pour qu’elle soit rentable, ils la vulgarisent ou la glorifient. Pour 2020-2021 aussi.

 

Nous sommes une production qui a plein de soutiens, c’est une chance. Nous sommes très excités de tous ces projets. Ces derniers représentent déjà 3 ou 4 ans de travail. Ils demandent beaucoup de comédiens.

 

J’ai toujours eu, par ailleurs, l’envie d’ouvrir un lieu sur un bateau, très cabaret, chansonnier, tourné vers le Music-Hall et l’écriture. J’aimerais avoir un lieu pour accueillir les artistes. Ça, c’est pour la prochaine décennie !

 

Merci beaucoup, j’ai été ravi de partager ce moment avec vous aujourd’hui. Nous suivrons avec intérêt vos prochaines représentations !

Publié dans Théâtre

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