Monsieur Sort : Interview croisée des cinq comédiens de la pièce !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Caroline, Lorenzo, Hugo, Danny et Zach,

 

Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre site.

 

 

Vous êtes à l'affiche, les samedis et dimanches, au Mélo d'Amélie, de la pièce «  Monsieur Sort  ». Afin de poser le cadre, comment présenteriez-vous ce nouveau spectacle  ?

 

Zach  : C'est une comédie transgénérationnelle, qui parle aussi bien aux enfants qu'aux adultes, de 7 à 77 ans. On l'a écrite ensemble, elle parle du temps qui passe et de cette routine dans laquelle les gens s'installent au fur et à mesure. Parfois, les personnes ne se rendent pas compte que la vie qu'ils ont choisie ne leur convient pas, ils ont alors besoin d'un coup de pied pour prendre conscience qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. Justement, ce coup de pied, c'est Monsieur Sort.

 

On explore différentes temporalités. Dans le temps présent, les personnages organisent une soirée. Les scènes du passé sont des adaptations de grands classiques du théâtre, Molière, Shakespeare.

 

Lorenzo  : Il y a aussi un auteur plus récent, Celestini, on se sert d'extraits de «  Discours à la nation  » qui a eu un Molière en 2014. 

 

 

Sans tout en dévoiler, quels thèmes et quels sujets sont abordés sur scène  ?

 

Hugo  : On aime aborder différents sujets, on évoque l'amitié, la relation homme femme, la relation des hommes qui ont plus de mal envers les femmes, l'écologie. En fait, on essaie de toucher plusieurs choses sans donner de leçon. On veut simplement transmettre de l'amour et des émotions au travers d'actions qui peuvent se passer dans la vie réelle.

 

Zach  : En fait, les thèmes sont venus assez naturellement, ils parlent à tout un chacun. Il y a aussi l'émancipation de la femme et sa soumission. Le personnage de Caroline est quelqu'un qui, à mon sens, représente l'évolution de la femme depuis le siècle dernier, entre cette femme qui doit rester chez elle à s'occuper de son mari, à être à ses petits soins et celle d'aujourd'hui qui a réussi à conquérir son indépendance.

 

A notre échelle, on parle de politique en restant très collé à l'actualité. On essaie d'intégrer dans la pièce chaque événement important qui se passe.

 

Lorenzo  : Par contre, on ne prend pas parti.

 

Zach  : Notre but n'est pas de donner notre avis, on est simplement un prisme par lequel tout ce que l'on voit dans la société actuelle passe pour en ressortir sous notre point de vue, qui est rigolo. Mais on ne juge jamais.

 

Lorenzo  : C'est une comédie d'une heure et demie dans laquelle nous avons amené notre monde. Il y a beaucoup de références à la culture pop, à la politique. Cela peut correspondre à chacun. Nous débarquons vraiment avec notre monde et, s'agissant de notre création, on se permet une palette de jeu que l'on n'aurait jamais pu nous proposer autrement.

 

On a tous des personnages qui, dans le présent, sont complètement opposés à ce qu'ils étaient dans leur vie antérieure. C'est ce qui est intéressant, on voit comment un événement surnaturel, par le génie joué par Zach, bouleverse d'un coup la vie de ces quatre personnes.

 

Le génie, malgré notre volonté, nous embarque dans toutes ces époques, avec tous ces personnages. Finalement, tous se surprennent et, plus que faire des choses, ils apprennent à oser. Ils prennent conscience que, finalement, ils sont enfermés dans leur carcan, que le monde est plein de possibilités, que la frontière entre soi et un autre est infime.

 

Ces personnages voient leur vie passer, sont choqués et sont alors volontaires pour évoluer. Ils vont essayer de donner leur meilleur d'eux mêmes pour s'améliorer.

 

 

Vous avez commencé à évoquer les personnages. Justement, pouvez-vous chacun nous présenter le votre  ?

 

Caroline  : Cathy est quelqu'un de très réservée à la base, elle se fait un peu martyriser par son mari. A force, elle accepte mais, au fond d'elle, ce n'est pas vraiment la vie qu'elle a envie d'avoir. La soirée spiritisme à laquelle elle participe lui permet de voir des gens et de se livrer un peu plus. Elle en profite pour sortir de sa timidité et montrer une autre facette de sa personnalité.

 

Au fur et à mesure de la pièce, elle se livre et se révèle davantage.

 

Zach  : Le génie va l'aider à se libérer au travers de ses ancêtres qu'il lui montre dans le passé. Il y avait des femmes fortes qui ne se laissaient pas faire, elle peut donc elle aussi en être capable. Progressivement, elle se défait de son mari.

 

Danny  : Charles est quelqu'un de très arrogant, de fier de lui, hautain. Il a peur de l'échec et, quand il croise des personnes qui ne sont pas comme lui, il est réticent. Il cherche de suite à se justifier, à montrer qu'il est meilleur. Il ne respecte pas sa femme Cathy, il n'arrête pas de la rabaisser. Au fil de la pièce, il a d'ailleurs du mal à l'accepter, il se rend compte, comme ses ancêtres ne sont pas aussi nobles qu'il le pensait, qu'il doit changer, qu'il doit s'accepter lui même avant tout, qu'il doit se rendre compte de ce qui est cher autours de lui. Il finit par comprendre qu'il faut en profiter, plutôt que de s'inventer une vie et un personnage.

 

Hugo  : Je suis Gégé, écolo, j'adore les animaux et la nature, je suis quelqu'un de très gentil, sociable. Changer vraiment le monde est quelque chose qui me fait vibrer, je me dis que ce serait grave si je n’impactais pas la société.

 

Automatiquement, je suis un régime alimentaire spécial, je suis végan. Je suis contre les puissants, contre les banquiers, les politiciens. Je suis vraiment pour le peuple. J'évolue aussi au fil de la pièce, je me rends compte que ce mode de vie n'est pas forcément le meilleur. Finalement, je suis plus nuancé, je comprends les choses et les accepte un peu plus.

 

C'est un peu l'opposé de Charles, mon meilleur ami. Il y a d'ailleurs beaucoup d'interactions entre les deux, ce qui est très intéressant. On se rend compte que je ne suis pas meilleur que lui et inversement. On n'est aussi pas si différents finalement que ça.

 

Lorenzo  : Au départ, ils représentent deux stéréotypes qui se rencontrent, ils sont antagonistes. Dany représente l'homme libéral, qui réussit mais qui s'enferme dans son travail, qui oublie sa vie de famille, qui a beaucoup de choses à se prouver en permanence. Tandis que Hugo représente plus le combat moderne, d'ailleurs dès la première scène, il fait une déclaration d'amour à son bonsaï.

 

Du coup, les deux sont un peu extrémistes, comme on l'a dit, ils ont enfermés dans le carcan. Mais c'est finalement au travers de voyages temporels et d'interactions entre eux deux qu'ils vont réfléchir, qu'ils vont mieux se comprendre, alors qu'ils se connaissent depuis la maternelle et sont meilleurs amis d'enfance. Ils retrouvent à la fin leur racine.

 

Hugo  : On a tous des amis de vingt ans mais à qui on n'a plus rien à dire. On a voulu mettre en avant que l'on peut continuer à se voir sans être forcément d'accord et finir par trouver un terrain d'entente.

 

Lorenzo  : Je joue Patrick, le cousin de Gégé. Moi aussi, je suis, à la base, un peu un stéréotype dans le sens où je suis un geek rempli de références qui n'a pas confiance en lui et encore moins avec les filles. Dans la pièce, je craque sur le personnage de Caroline et, grâce au génie, je prends petit à petit confiance, j'ose des choses et je vais même aller au delà de mes espérances. Je vais me surprendre.

 

J'aime bien ce personnage. Pour moi, il est vraiment conscient de ses défauts, il a du mal à les gérer, il en pâtit mais il est volontaire, il est prêt à en changer. Il sait que c'est dur, que la route sera longue, qu'il ne part pas avec beaucoup d'avantages. Petit à petit, il va se découvrir avec des ancêtres qui ne lui ressemblent pas du tout, qui ont confiance en eux.

 

Au début, nous sommes tous un peu surpris par l'arrivée du génie mais je suis le plus enchanté. C'est vraiment mon univers, j'en ai rêvé et il arrive. J'en ai toutefois peur car j'en connais les dangers, ayant vu suffisamment de films pour cela. Mais je suis prêt à vivre l'aventure à fond.

 

Zach  : Je joue Monsieur Sort, le génie de la cassette vidéo. Mon personnage est un peu spécial, il n'a aucun filtre. Son pouvoir principal est de «  foutre le bordel  », il dit les choses telles qu'elles sont. Son but, au fond, est de faire évoluer les autres personnages, de leur faire comprendre qu'ils peuvent se débarrasser de leurs problèmes.

 

C'est un grand enfant, il est un peu la métaphore de l'enfant que l'on a été, que l'on a perdu, cet enfant qui peut tout se permettre, qui n'a peur de rien mais qui, en grandissant, rentre dans une sorte de moule. Monsieur Sort est, je pense, cette petite voix qu'ils ont tous dans le tête et qui leur dit  : «  oui, je peux devenir quelqu'un d'autre et changer ma vie  ». Sous ses airs un peu je-m’en-foutiste, mon personnage est quelqu'un de bien.

 

Il a des pouvoirs un peu particuliers, d'hypnotiseur, de manipulateur. Il les fait retourner dans le temps, il se joue d'eux, il s'amuse avec eux comme s'ils étaient ses animaux de compagnie. Même si, au final, il les aime beaucoup.

 

Lorenzo  : Ce n'est vraiment pas le génie de la lampe d'Aladin qui va exécuter tous nos vœux. Au contraire, c'est un petit bâtard. On s'est tous dit, je pense, dans notre vie  : «  ah, si seulement j'avais cela, ce serait plus simple  ». Là, c'est lui qui appairait, il est l'élément déclencheur. Il n'a pas de filtre, il dit les choses cash, que l'on soit prêt à les entendre ou pas.

 

Zach  : Je pense que c'est quelqu'un dont on aurait besoin dans la vraie vie, quelqu'un qui nous dit les choses. Pour se rendre compte que l'on ne réagit pas forcément de la meilleure des façons.

 

 

De façon plus générale, selon vous, qu'est ce qui va attirer les spectateurs à venir vous voir sur scène  ?

 

Hugo  : Pour moi, il y a différentes choses qui vont plaire. C'est une pièce écrite par nos soins, elle vient du cœur, nous avons pris plaisir à la penser, à l'écrire, à la défendre. Nous nous sommes battus pendant un an et nous sommes très contents d'en être là.

 

On a beaucoup répété, pendant des heures et des heures. On commence à présent vraiment à assimiler le jeu, on se sent vraiment biens. Surtout, dans la pièce, nous avons un côté innovant, dans le sens où on casse un peu les codes du théâtre. Généralement, quand on va voir une pièce, on sait ce que l'on va y trouver. Nous voulions apporter un petit côté magique dans tout cela. Nous aimons beaucoup le cinéma, pour nous cette pièce n'est pas forcément que du théâtre, elle est entre les deux. On danse, on chante, on joue, on fait un peu de tout. C'est une pièce qui va gagner à être connue.

 

Zach  : Nous sommes un groupe avec une très bonne énergie, on s'entend vraiment bien et cela se voit sur scène dans notre jeu. On a une fraîcheur à partager avec les gens, ainsi qu'un vrai dynamisme positif qui va leur parler. Les thèmes abordés sont intemporels, les classiques choisis montrent que, au XVIIè siècle, les problématiques étaient les mêmes. Elles n'ont pas changé, c'est un recommencement éternel. Les sujets sont terriblement d'actualité, le public pourra facilement s'y reconnaître.

 

Nous sommes aussi un groupe très éclectique, du coup nos références le sont aussi. On chante Blanche Neige et, juste après, nous citons Charles de Gaulle. On joue le Roi Lion et, dans la foulée, nous parlons de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Cela va, je pense, parler aux enfants, aux adultes, aux plus âgés aussi. Il y a des allusions cinématographiques, télévisuelles, on danse, on chante, on fait du mime, vraiment c'est un show complet. C'est très original. On reste à notre niveau, on commence mais c'est un format qui a sa place et que l'on voudrait partager avec les gens.

 

Lorenzo  : On prend un plaisir fou à être sur scène, c'est notre bébé, on fait tout pour le mener à bien, on est vraiment très motivés. On s'écoute, on s'implique, on est polyvalents, on rigole en permanence, on improvise aussi, on se renouvelle. On se surprend nous mêmes et on pourra donc aussi surprendre le spectateur. Nous venons d'une classe plutôt cinéma, nous n'avons ainsi pas forcément tous les codes du théâtre, ce qui pourrait être un désavantage à la base mais, en fait, c'est ce qui fait, je pense, notre originalité.

 

 

Pour terminer, comment définitivement inciter les lecteurs à venir voir ce spectacle  ?

 

Lorenzo  : Dans une période pas si facile, où la politique est remise en question, où l'on voit des changements d'idées, nous évoquons ces combats de manière plus légère. On arrive à rigoler dessus, je pense que l'humour sert à cela, il est fait pour transmettre des messages, en laissant chacun les interpréter. Le spectateur est libre, pense, rigole, passe un bon moment pendant une heure et demie dans notre monde déluré.

 

Hugo  : Notre pièce, on peut le dire, est différente, elle a vraiment un côté innovant. Rien que pour cela, il faut venir nous voir. Je peux vous faire la promesse que vous allez rigoler. On se marre en le faisant, on prend du plaisir, on s'éclate donc on veut le faire avec vous.

 

Caroline  : Le public nous porte énormément, il est réactif, c'est ce qui nous rend vivant de tout ce que l'on fait, des efforts que l'on produit. C'est une pièce originale, il faut venir nous voir. C'est drôle, il y a aussi plein de choses à comprendre. Nous attendons également vos avis et conseils avec impatience. Cela nous aidera à aller encore plus loin.

 

Zach  : Il y a aussi un côté un peu nostalgique dans la pièce, c'est notamment un voyage dans le passé. Cela m'émeut beaucoup. Les spectateurs les plus expérimentés vont pouvoir retourner en enfance grâce aux références que l'on cite.

 

Danny  : On peut vous garantir une déconnexion totale et un voyage à cent à l'heure. La pièce va vraiment très vite, vous ne fermerez pas l’œil. Vous allez rire, vous éclater, vous participerez au voyage.

 

 

Ce fut un plaisir d'échanger avec vous cinq  !

Publié dans Théâtre

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