Tanya Mattouk nous parle de sa nouvelle actualité, La Visite imaginaire !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Tanya,

 

C’est toujours une réelle joie de vous retrouver pour un nouvel entretien.

 

Vous êtes tous les dimanches matins, sauf le premier du mois, au Musée Picasso pour « La Visite imaginaire », jusqu’au 16 décembre. Comment présenteriez-vous ce projet original et hybride ?

 

C’est un projet effectivement hybride dans lequel mon partenaire de scène, Richard Pinto, et moi-même sommes des narrateurs itinérants de l’exposition « Picasso. Chefs d’œuvre ! ». On déambule au fil des salles avec un groupe, on introduit les œuvres, on donne un éclairage informatif sur le contexte de l’époque, sur la réception de l’œuvre, etc. Et des saynètes, des poèmes et des parties en mouvement viennent entrecouper le tout.

 

Ce projet est atypique, ludique, instructif, il est ouvert à tous les âges et il bouscule les codes du musée. Les acteurs sont au service des œuvres de Picasso pour leur apporter une nouvelle dimension.

 

Le musée est ouvert et l’accès des salles n’est pas réservé qu’aux personnes qui vous suivent. Qu’est-ce que cela change pour vous dans l’interprétation, comparativement à un public plus traditionnel lorsque vous êtes sur scène ?

 

On est complètement aux antipodes de cela : on est tous debout, on marche de salle en salle, on est sur un  pied d’égalité car on est sur le même plan que le public. Il n’y a pas de scène donc on est vraiment tous sur un même niveau.

 

 

Une sorte de complicité se crée, on traverse ce voyage ensemble. Il n’y a plus le côté scène vs public, qui délimite et qui crée un rapport plus traditionnel. Là, on embarque ensemble dans un voyage, où nous sommes comme des « capitaines » qui prenons la parole.

 

N’étant pas en musée fermé, nous sommes dans les salles avec d'autres visiteurs du musée et nous devons jongler avec ce qui se passe autour de nous. Il y a parfois des interactions, même s’il n’est pas prévu qu’il y en ait. Mais nous ne sommes pas dans du stand-up où l’on fait participer le groupe, il est là pour embarquer et traverser cette visite à nos côtés.

 

En termes de préparation, avez-vous de votre côté approfondi un peu la démarche en faisant des recherches sur l’artiste, sur l’exposition, sur le musée ?

 

Bien sûr ! De façon générale, j’ai toujours été attirée par l’art, le dessin a été mon premier amour. Avant même de penser à être actrice, je voulais être dans le dessin et l'art. C’est donc un retour aux sources en quelque sorte.

 

Je suis absolument conquise, je combine deux de mes amours, le jeu d’acteur et le dessin, la peinture, je suis comme un poisson dans l’eau, totalement dans mon élément.

 

Pour être absolument honnête, Picasso n’est pas, à la base, mon artiste préféré. Il y a une sorte d’injonction qui fait que l’on doit aimer Picasso mais il est parfois assez opaque comme artiste. On voit les œuvres et, sans avoir les clés de compréhension, je trouve que l’on peut passer un peu à côté.

 

Il existe, dans notre narration, un fil conducteur qui est « Le Chef d’œuvre inconnu » d’Honoré de Balzac. J’ai fait des recherches, je l’ai lu bien sûr, j’ai approfondi les œuvres de Picasso aussi. Mais il y a énormément d’éléments-clés qui sont apportés par la visite elle-même. Cela m’a ouvert les yeux sur l’artiste. Maintenant, j’ai une sorte d’intimité avec le travail de Picasso qui fait que j’aime à présent ces œuvres-là.

 

Les correspondances à la façon baudelairienne apportent une vraie résonance entre l’œuvre de Picasso, ce que l’on raconte, les saynètes et les poèmes. Cela donne un nouvel éclairage et j’ai un vrai intérêt, une vraie affection maintenant pour ces œuvres.

 

J’ai de meilleures clés de compréhension à présent, je pense notamment à certains Arlequins inachevés. On explique pourquoi l’artiste a choisi de laisser l’œuvre ainsi, on le dit de façon assez ludique et, du coup, cela devient « fun ».

 

 

Vous êtes presque complets à chaque fois. Quels retours avez-vous reçus du public ? Qu’est-ce qui a plu aux gens dans cette forme originale ?

 

Il y a eu des réactions très variées mais toujours positives. Très honnêtement, nous sommes avec Richard, mon partenaire, très fiers de ce projet. Pauline Caupenne, la créatrice du projet et metteuse en scène, nous a fait un beau cadeau parce que c’est un beau projet utile, ludique, éducatif, court (une heure). Vraiment, c’est chouette. Les réactions ont été très bonnes, de façon générale les gens sont venus nous dire que, un peu comme moi, ils ont ouvert les yeux sur l’œuvre de Picasso.

 

C’est très agréable d’avoir ces retours-là de gens qui ont été émus par la forme narrative, théâtralisée. Parce que l’on raconte une histoire finalement, l’histoire de l’œuvre de l’artiste, de son évolution. On explique pourquoi il a traversé ces mouvements, ces courants, pourquoi et comment il est arrivé à exposer au Palais des Papes à Avignon par exemple.

 

Des gens ont été très émus par cela, par l’œuvre elle-même, par l’éclairage, par la forme apportée, on a même eu des spectateurs en larmes, des personnes amusées, des enfants ébahis... On a eu tous types de réactions et les gens en ressortent légers. Il y a quelque chose de solennel de façon générale, parfois élitiste même, lorsque l’on va au musée mais, ici, c’est un peu l’inverse. C’est en cela aussi que ce n’est pas du tout une visite guidée traditionnelle. Le côté ludique et, j’insiste, léger, en ressort.

 

A titre plus personnel, au-delà de cette aventure qui s’achèvera le 16 décembre, aimeriez-vous retenter l’expérience, avec cet artiste ci ou un autre ?

 

Carrément ! Quand on est acteur, c’est rare d’être aussi proche du public pendant le jeu. Là, il y a une vraie proximité avec les gens, on les regarde dans le blanc des yeux, on joue avec les formes, elles sont variées et nous sommes entourés de magnifiques œuvres dans un cadre idyllique. On est très bien accueillis aussi, au Musée Picasso. On dit des poèmes, en vers ou en prose, on passe par la danse, on traverse des formes artistiques ultra différentes, c’est donc un régal pour un acteur de vivre cela. C’est assez unique.

 

 

Cela a presque parfois une forme de happening et de performance. J’espère que l’on aura l’occasion de le refaire, dans ce musée et d'autres. La forme créée par Pauline peut correspondre, je pense, à plein de cadres différents.

 

En conclusion, sur quels points aimeriez-vous insister pour définitivement inciter les lecteurs à venir le dimanche matin ?

 

Ce n’est pas si tôt que cela, c’est à 11h 30, cela dure une heure et, après, dans le Marais, vous pouvez aller bruncher et vous détendre dans un super quartier !

 

On a déjà joué cinq fois, on est au milieu de l’aventure et je ne saurais dire à quel point le temps passe vite. C’est une expérience unique, pour les spectateurs et pour les acteurs. J’ai donc envie de partager ce moment unique avec un maximum de monde bien sûr. C’est beau de rassembler les arts comme cela, je trouve que c’est beau de bousculer les codes, d’offrir une forme culturelle innovante. C’est, indiscutablement quelque chose à vivre. J’aimerais donc y voir autant de monde que possible, pour le partager ensemble. 

 

Merci Tanya pour toutes vos réponses !

 

 

 

La Visite imaginaire "Chefs-d'oeuvre Picasso" 

Mise en scène: Pauline Caupenne

Interprétation: Tanya Mattouk et Richard Pinto

À 11h30 les dimanches 11, 18 et 25 novembre, et les 9 et 16 décembre 

Au Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, 75003 Paris.

Réservations obligatoires sur le site du Musée Picasso: 

http://www.museepicassoparis.fr/evenements_a_venir/ 

Plus d'infos sur la Visite Imaginaire sur: www.visiteimaginaire.com

Publié dans Théâtre

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