Noémie Kocher revient sur son parcours et évoque ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

Crédits photo : @Charlotte Schousboe

 

Bonjour Noémie,

Merci d'avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre blog.

1/ Vous êtes une artiste aux multiples casquettes, notamment comédienne, scénariste mais aussi femme engagée ou encore enseignante. De façon générale, qu'est-ce qui vous plaît dans votre quotidien artistique ? Qu'est-ce qui vous y attire ?

Vaste question ! Raconter des histoires, en les jouant, en les écrivant. Avoir une vie intense. Avoir une vie tournée vers les autres. Même si les comédiens sont dans la lumière, le but de ce métier est de donner quelque chose à un public, de lui faire ressentir des émotions. Notre métier c’est donner beaucoup de soi aux autres et essayer de transmettre, des histoires, des messages et des émotions. Cela me plaît beaucoup.

2/ Retrouvez-vous des complémentarités et des parallélismes entre ces différents domaines ?

Je trouve que le jeu et l'écriture sont intimement liés, même si ce sont deux exercices différents. J'y trouve un lien direct. Quand j'écris, je me mets dans la peau de mes personnages, être actrice bien sûr m'y aide, je m'imagine les scènes, je suis dans les émotions, je me mets dans leur tête comme si c'était un rôle que je jouais. Quand j'interprète un rôle, j'écris toujours la vie du personnage, je me l’approprie, en me racontant son histoire, qui n'est pas forcément dans le scénario.

3/ A titre plus personnel, êtes-vous davantage attirée par l'un de ces domaines en particulier ? Ou est-ce l'ensemble qui vous plaît ?

Je n'ai longtemps été « que » actrice. J'ai toujours écris dans ma vie mais ma première vraie expérience professionnelle en tant que scénariste, a été pour un long-métrage. Une co-écriture, en 2004, avec le réalisateur du film « 1 Journée ». Aujourd’hui, c’est vraiment une activité parallèle à plein temps. Avoir plusieurs « casquettes » me comble.

4/ Parmi toutes vos expériences, certaines d'entre elles vous ont-elles plus marquées que les autres ?

Bien évidemment. Spontanément, il y en a deux, qui jaillissent tout de suite. Deux mises en scène de Patrice Leconte: « Confidences trop intimes », au théâtre, avec Christophe Malavoy et « Je l'aimais », l'adaptation du roman d'Anna Gavalda, avec Gérard Darmon et Irène Jacob. Ces deux expériences théâtrales ont été intenses et fortes, avec des gens que j'aime et que je vois encore dans la vie. Les histoires sont magnifiques, je garde plein d'images de bonheur dans la tête. Je ne suis jamais aussi heureuse que sur scène, j'ai un amour profond du théâtre.

Mais toutes les expériences sont marquantes. Je pense au film canadien que je viens de faire, « Happy Face » dans des conditions de tournage extrêmes. Je joue une femme atteinte d’un cancer, on m’a complètement transformé physiquement. Je suis heureuse que l'on m'ait permis de le faire, je suis devenue actrice pour avoir mille visages. Je pense aussi au film « 1 Journée » dans lequel j'ai eu un très beau rôle que je me suis écrit. Sans oublier plusieurs téléfilms, notamment d'époque. Et aussi mon premier rôle au cinéma, quand j'avais 24 ans, l’histoire d’une courtisane vénitienne, aux côtés de Jean Yanne. Ces semaines à ses côtés furent un plaisir absolu. Mes meilleurs souvenirs sont liés à de belles rencontres et je m'aperçois que les belles rencontres se font autours de belles histoires. Parce que les belles histoires font que les gens ont envie d'être au meilleur d'eux-mêmes, de donner, de s'investir. Parce que les belles histoires font vibrer et aimer.

 

Crédits photo : @Charlotte Schousboe

 

5/ En tant que scénariste, quelles sont vos principales sources d'inspiration ?

J’ai écrit trois scenarii jusqu’à présent qui sont tous devenus ou en train de devenir des films. Mon dernier scénario « Dévoilées » est actuellement en tournage à Genève pour la RTS et ARTE. Le premier scénario « 1 Journée » parlait du couple et de l’amour, je me suis inspirée de ma vie de femme bien sûr mais aussi de la vie en général, du monde et des autres. Ecrire et être acteur, c'est aussi observer le monde et le retranscrire à travers soi. Le second scénario, « Le temps d’Anna » est une histoire inspirée et inventée à partir de la vie de mes arrières grands parents. C'est une grande histoire d'amour impossible entre une femme atteinte de schizophrénie et un jeune ouvrier horloger, en Suisse, entre 1917 et 1933.

Pour le troisième scénario, j'avais très envie d'écrire quelque chose de différent, de moins intime. Je m'interroge beaucoup sur la violence au féminin, sur la femme « terroriste » en l’occurence avec « Dévoilées ». C'est un thème qui n’est pas si souvent traité. La violence au féminin est un tabou car la femme donnant la vie, on a du mal à comprendre qu'elle puisse la reprendre. Cela m'intrigue, m'intéresse, me questionne profondément. J'évoque ici un moment très douloureux de l’histoire de la Suisse, un attentat dans les années 70. Et puis, comme tant de gens, j'ai été très marquée par la tragédie du 13 novembre 2015 et tous les attentas djihadistes. Je n'ai pas trouvé d'autre solution pour déjouer la peur que de prendre la plume. Écrire cette histoire a été ma façon de supporter, de dépasser le réel. C'est aussi notre travail de scénariste, d’auteur, je trouve, que de parler des tragédies de notre société. Je me suis lancée à corps perdu dedans ce scénario, c'était viscéral. C’est donc là aussi, finalement, devenu une histoire qui parle de l’intime, de la famille et de l’amour.

6/ De façon plus générale, quels sont vos actualités et projets artistiques du moment ?

Il y a le tournage du film «  Dévoilées  » donc, pour la RTS et Arte. La prochaine sortie de « Happy face », ce film tourné au Québec, dont je vous ai parlé et qui est un objet extrêmement particulier. Ce film est destiné au marché américain et anglophone. C'est un rôle que j'ai fait avec un plaisir, immense c’était jouissif, intense, même si j’avais six heures de préparation par jour ! En plus, j’ai tourné ce film dans la ville dans laquelle j'ai grandi lorsque j'étais enfant, Montréal. C'était chouette !

J’ai tourné dans deux téléfilms pour France 3 qui viennent d’être diffusés, dont un très joli rôle dans la série "Cassandre". Je suis aussi récurrente dans une série allemande « Uber die Grenze » sur ARD, dont nous avons tourné la première saison. La seconde est en écriture. Je suis en train de lancer d'autres projets de scénario. Et j’ai aussi un très beau projet de théâtre, l'adaptation d'un film de Patrice Leconte. Et puis, toutes les choses que je ne peux pas vous dire, par superstition !

7/ Pour terminer, un mot sur une autre de vos casquettes vous accompagnez une ONG. Que dire sur cet investissement ci, auprès de l'OMCT, l’Organisation Mondiale contre la Torture?

On m'a demandé d'être marraine puis ambassadrice de cette ONG il y a une dizaine d'années, suite à un téléfilm sur la vie du fondateur de la Croix Rouge, Henri Dunant. Ce fut une évidence de les accompagner. Je me suis engagée auprès d'eux de diverses façons, deux fois en faisant des missions « humanitaires » qui ont donné lieu à des documentaires. Au Mexique et en Amazonie brésilienne notamment. Je m'implique et les soutiens également lors des manifestations, projections, événements etc.  C’est un brai engagement de cœur !

Cet échange fut un plaisir Noémie !

Publié dans Théâtre, Télévision

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