Alexis Barbosa évoque la mise en scène de la pièce Notre jeunesse !

Bonjour Alexis,
Merci de nous accorder un peu de votre temps entre deux répétitions.
1/ Vous effectuez la mise en scène de la pièce « Notre jeunesse », qui se joue sur quatre dates, du 7 au 10 novembre, au théâtre La Loge. Pour commencer, comment présenter ce spectacle ? Quelles thématiques y sont abordées ?
C'est une pièce sur l'espoir, l'espoir de cinq personnes, qui représentent notre jeunesse. Ce sont des gens en opposition avec la société actuelle qui se battent pour leur liberté. C'est du théâtre de genre, voire d'anticipation. Je pense souvent, en la faisant, à « Reservoir dogs » de Tarantino. J'essaie d'amener des codes de cinéma de genre au théâtre.
La pièce raconte l'histoire de cinq jeunes fugitifs qui sont en opposition avec un régime autoritaire récemment arrivé au pouvoir. On ne sait pas lequel mais il peut s'apparenter à des régimes actuels. Ensemble, ils se retrouvent dans un théâtre dans laquelle ils se cachent pour fuir ce régime. Ils vont devoir décider comment agir. Le problème est qu'ils sont cinq personnalités totalement différentes.
2/ Justement, quelles sont les principales caractéristiques de chacun des personnages ?
Il y a la tête, jouée par Marion Trémontels, c'est la tête pensante, l'organisatrice qui s'inspire un peu de ces étudiants de mai 68 qui étaient leaders des événements. Ensuite vient Le Corbeau joué par Rodolphe Martin, une autre figure importante. J'essaie d'amener la pièce vers un univers de conte métaphorique pour ne pas pointer directement les régimes et laisser l'imagination du spectateur ouverte. Ce corbeau est une sorte d'avocat véreux, il prône la liberté de l'individualisme.
On retrouve aussi La Pute joué par Barthélémy Méridjen, qui est un travesti, qui se retrouve là un peu par hasard. C'est le personnage qui amène la légèreté dans la pièce. Il met en avant aussi la question de l'acceptation du genre, ce qui ouvre sur pleins de sujets. Notamment le mariage pour tous ou encore l'acceptation de l'homosexualité dans les régimes autoritaires.
Citons aussi La Vierge, interprète par Carole Labouze, un personnage qui croit en la foi. Elle va, au bout d'un moment, proposer de mener le combat par les armes. Enfin, L'Artiste interprêté par Thibault Mullot, personnage important, qui joue un rôle de médiation dans la société. Il est une sorte de rock star de la performance artistique, il s'est fait arrêter parce qu'il était en slip sur les barricades. Il pense que l'on peut sauver la société en percutant les consciences, avec un rapport au cosmos.
3/ Selon vous, qu'est-ce qui va plaire aux spectateurs qui viendront voir la pièce ?
Le spectacle parle d'eux, de leur société, de ce qui aurait pu se passer si certains partis avaient été élus. Justement, dans la pièce, le personnage de La Pute se fait élire parce qu'il est populaire dans le groupe. Cela peut faire référence à notre société. Les spectateurs vont s’y reconnaître car la pièce interroge des questions de société actuelles. Le but n'est pas de plaire mais de questionner pour faire avancer le monde.
4/ Pour la mise en scène, quelles ont été vos principales inspirations ?
Sur cette reprise, j'ai une méthode de travail assez particulière. C'est-à-dire que c'est une écriture au plateau. Avec les acteurs, en improvisation, on construit, on se met en situation. De là, on voit ensuite quels sont les différents types de réactions possibles, en partant de leurs vraies expériences, de leurs inspirations et on écrit la pièce.
Nous avons travaillé à ne mettre que les acteurs et la situation au centre. Les acteurs sont les maîtres du jeu.
5/ Quelle suite aimeriez-vous donner à ces quatre premières dates ?
Voyons ce que donnent ces premières représentations. Le but est de reprendre la pièce sur une série un peu plus longue. Ça serait intéressant d'aller jouer la pièce dans ces régimes autoritaires.
Je vous incite aussi à venir assister à la Carte Blanche, le samedi 11 novembre prochain. Les informations sont à retrouver dans le lien suivant :
Ce fut un régal de nous entretenir avec vous, Alexis !