François Creton revient pour nous sur son parcours et nous dévoile ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

François Creton revient pour nous sur son parcours et nous dévoile ses projets !

Bonjour François,

Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions pour notre blog.

1/ Vous êtes un artiste aux multiples casquettes, comme en témoignent vos expériences en télévision, au cinéma mais aussi en doublage. Comment qualifierez-vous votre parcours ? Comment le décrire simplement ?

Mon parcours est, je crois, celui d’un comédien lambda. Comme tout artiste, mon travail consiste à pouvoir être exploitable, avec des techniques différentes mais le fond reste le même. Quelque soit le contexte, jouer la comédie est la base.

Les multiples techniques s’apprennent majoritairement sur le tas, en plus des écoles et des formations existantes. Mais les rencontres restent le plus important. C’est d’ailleurs là la principale valeur ajoutée des formations qui peuvent être dispensées. Ce qui permet ensuite un aiguillage plus facile des carrières.

Toutefois, je trouve regrettable en France le manque d’ouverture et l’existence de compartiments d’un domaine à l’autre. Bien que cela commence un peu à évoluer. Typiquement, un comédien de doublage est un comédien tout court.

2/ Quelles complémentarités pouvez-vous retrouver entre les différents exercices artistiques évoqués ?

Comme je vous le disais précédemment, le fond est le même et, effectivement, les techniques sont différentes. La télévision et le cinéma sont extrêmement exigeants pour la précision des places et de la lumière notamment.

Cette rigueur sert ensuite au théâtre, entre autres pour savoir où est la lumière, ce qu’elle donne et comment l’utiliser.

Le doublage est vraiment autre chose, presque à l’inverse. Au début, j’avais tendance à parler trop fort. Car il faut vraiment chuchoter, encore plus que sur les plateaux de tournage. L’expérience aide à compléter la boite à outils.

3/ Face au rythme généralement soutenu sur un plateau de tournage, quelle est votre méthodologie de travail en amont, pour ensuite être efficace devant le réalisateur ?

Je travaille énormément le texte pour qu’il soit fortement intégré. Pour ensuite ne plus avoir de méthode, ne rien prévoir et ne pas arrivé charger de quoi que ce soit. J’ai remarqué que plus le comédien est déchargé, plus il lui est facile d’entendre les propositions du metteur en scène.

La ponctuation du texte reçu donne obligatoirement une pensée. Tous ces signes sont autant de promesses de jeu. Donc, même inconsciemment, l’artiste s’en ancre. Une méthode intéressante consiste à recopier le texte sans ponctuation pour l’apprendre presque mathématiquement. Pour ensuite pouvoir, lors du tournage, recréer une nouvelle ponctuation avec le metteur en scène.

Il faut donc arriver le moins enfermé possible pour pouvoir être assez vierge de proposition.

4/ En parallèle, quelles sont, selon vous, les principales clés d’un doublage réussi ?

Ce n’est pas le comédien de doublage qui joue. Il y a déjà un artiste sur la pellicule, il ne faut donc pas tirer la couverture à soi. Mais, en même temps, quelques grands noms du cinéma américain sont devenus populaires grâce à leur voix de doublage. Ce qui veut dire que cette dernière a attiré l’attention pour donner une osmose magnifique. Ce qui est rarissime et miraculeux.

Il est important de se mettre au service d’une chair déjà existante. C’est une incarnation bien particulière. Pour y parvenir, le comédien n’a que la voix. Il doit donc mettre presque un peu trop de lui-même, sans déborder sur le comédien de la pellicule. Il faut alors être très attentionné pour ne pas prendre la place de ce dernier. Ce qui est assez ingrat. Le comédien de doublage n’est pas la vedette, il doit savoir s’effacer.

5/ De façon plus générale, quels sont vos projets et envies artistiques actuels ?

Je suis actuellement beaucoup dans l’écriture. J’ai terminé un spectacle que j’ai monté et joué l’année dernière, "Junk Box" un regard poétique sur les addictions, que nous avons tourné) à Paris et en région parisienne.

J’écris aussi en ce moment un autre spectacle, « un après midi de printemps, qui j’espère sera en répétition pour cet automne. Mais je suis surtout sur la rédaction d’un scénario avec un jeune réalisateur, Maxime Roy. Il s’agira là de son deuxième film. Autours de la relation père – fils, mon, ton, notre, père ne peut pas être un mec comme un autre, et pourtant moi qui suis un mec comme un autre je suis père, d’où, quel rôle jouons nous les uns les autres, et comment se rencontrer, particulièrement quand la fin de vie approche.

6/ Pour conclure, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de cet entretien pour les inciter à continuer d’aimer l’art ?

A chaque fois qu’il y a eu des problèmes, sociaux, de crise, de guerre, ce qui nous unis, ce qui reconstruit l’identité, la cohésion, le vivre ensemble passe par la culture. Cette dernière remet les gens en commun, leur donnant l’envie de communiquer, de vivre, de parler…

En période difficile, comme en ce moment, je trouve que la culture devrait être surtout mise en avant. Elle ne va évidemment pas solutionner la crise, mais elle va être la soupape qui doit nous empêcher de rester enfermés dans nos convictions individuelles alimentées par les médias. La vie avance et cela est visible dans la culture.

On va au théâtre ensemble, on y rit ensemble. Il y a quelque chose de commun dans le public. Pour sourire, pour réfléchir, pour se poser des questions. Il faut donc continuer à aller au théâtre, aux musées, à questionner le vivant à travers la culture, pour un vivre ensemble de meilleure qualité et de réflexion, nous pouvons vivre mieux, il suffit de s’en donner les moyens, allons y !

Ce fut un plaisir, François, d’effectuer cette interview en votre compagnie !

Merci !

Publié dans Télévision

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