Renaud Le Bas, artiste aux multiples casquettes, évoque son actualité et ses projets !

Publié le par Julian STOCKY

Renaud Le Bas, artiste aux multiples casquettes, évoque son actualité et ses projets !

Bonjour Renaud,

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour répondre à notre sollicitation.

1/ Vous êtes, comme en témoigne votre parcours, un artiste aux multiples casquettes. Au travers notamment du cinéma, de la télévision, du théâtre, de la publicité, de l’écriture et de la réalisation. D’où vous vient cette passion pour l’art, au sens général du terme ? Qu’est-ce qui vous y plait tant ?

Le cursus initial n’était pas prévu ainsi. Je n’avais jamais fait de théâtre avant de rentrer à l’école de la comédie de Saint-Etienne. Les rencontres m’ont beaucoup aidé à avancer. A l’époque, je ne le percevais pas encore mais, aujourd’hui, j’en suis intimement convaincu, le besoin de dire quelque chose est à l’origine de mon parcours.

Que ce soit le jeu ou l’écriture, c’est l’apprentissage des techniques qui m’ont le plus intéressé, mieux comprendre le processus artistique pour transformer une émotion en un outil permettant de dire quelque chose. Il est important de composer avec soi-même mais également d’acquérir de la distance pour parler aux autres.

2/ Quelles complémentarités retrouvez-vous entre ces différents exercices ?

Si je n’avais pas été acteur, je n’aurai peut-être pas écrit de pièce.

Je n’ai pas envie de raconter ma vie, je souhaite que mon expérience personnelle soit mise au service de quelque chose de plus important. En l’occurrence le vivre ensemble. Dans « un visible Théo », pièce éditée au cahier de l’égaré j’ai voulu trouver un angle où tout un chacun peut se reconnaitre, parler des points communs plutôt que stigmatiser les différences, je souhaitais raccourcir la distance, entre deux communauté de parents : ceux vivant avec le handicap et ceux ne le connaissant pas pour parler à tous.

Au-delà de cela, la pratique du jeu m’aide aussi à me rendre compte de la meilleure façon d’écrire et de construire un personnage.

3/ Quelles sont généralement vos principales sources d’écriture ?

Elles sont diverses et variées. Pouvant être des auteurs, des films ou bien encore des réalisateurs. Les réalisateurs anglais tout particulièrement, qui sont souvent « dans l’humain ».

Mais de façon générale, elles sont empreintes de comédie.

4/ Les rythmes sur les plateaux sont souvent très soutenus. A ce titre, quelle est votre méthodologie de travail en amont pour ensuite être efficace face au réalisateur ?

La base est de savoir son texte. Le casting en amont aide aussi à comprendre le fonctionnement et les attentes théoriques. Je viens avec une ou deux propositions, tout en restant ouvert.

L’autre pilier : être à l’écoute de ses partenaires.

5/ Quels sentiments prédominent en vous au moment de monter sur scène, avant une représentation théâtrale ? L’excitation de retrouver le public ? Le stress d’une nouvelle date ?

Tout dépend des spectacles. J’ai beaucoup travaillé avec Frédéric Andrau, que j’admire beaucoup, et qui a l’habitude de me mettre sur le plateau avant même l’arrivée des spectateurs. Je compte alors les gens et cela m’aide à me concentrer, à m’oublier moi-même.

Il n’y a pas, je crois, de méthode. Certains acteurs ont besoin de se concentrer, d’autres pas. Le trac est une sensation qui vient, qui part et que je ne recherche pas.

Le plus important est d’être dans le moment, quel que soit l’état dans lequel l’on se trouve. Il faut accepter d’être dans l’instant.

6/ De façon générale, quels sont vos projets et vos envies artistiques actuels ?

Ma grande envie est de réaliser « A l’air libre », long-métrage pour lequel je suis accompagné par « Les films de la butte » pour la production et que j’ai coécrit avec Serge Hazanavicius.

L’histoire d’un homme qui à la naissance de son fils a décidé de rayer le mot rêver de sa vie pour le remplacer par le verbe gérer. Huit ans après, en bon scaphandrier, il a construit un bulle autour de sa famille, Claire son épouse et son fils Théo, une bulle qui étouffe, qui empêche de vivre à l’air libre et qui déjà se fissure de l’intérieur. Il va lui falloir réapprendre à rêver, à vivre aussi pour lui s’il ne veut pas tout perdre.

Tous, nous pouvons nous retrouver dans Massimo. La seule différence, c’est que Théo est handicapé mental, ce qui ne l’empêche pas d’aller bien. Avec humour et bienveillance, mais aussi sans édulcorer la réalité, j’ai voulu raconter que mes interrogations de père d’un grand gars de 21 ans handicapé sont finalement très proches de n’importe quel papa. Finalement, qu’est-ce que c’est être père ? Et qu’ai-je à transmettre ?

A titre personnel, sur ce deuxième point, je me suis rendu compte que la seule chose que je peux transmettre à mon fils, puisque je ne pourrai pas lui apprendre à écrire ou à jouer au théâtre, c’est sa propension à être heureux dans sa vie. Et si moi-même je ne le suis pas, comment pourrai-je lui transmettre ?

Je viens également de terminer le tournage de mon premier court-métrage en coréalisation avec Yves Legrain : « Intérieur nuit ». L’histoire d’une serveuse un peu fatiguée qui va rêver la fermeture de son bar.

7/ Pour finir, qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs de cet entretien pour les inciter à continuer de s’intéresser à l’art ?

L’art est un dialogue. Il ne faut jamais se dire que c’est quelque chose d’hermétique qui n’est pas pour vous. Par contre, vous avez le droit de ne pas aimer ce qui vous est dit dans cet échange.

Ce qui est important, c’est de rester ouvert et de se laisser surprendre.

Bref, laissez-vous tenter, vous ne savez pas ou cela peut vous emmener.

Effectuer cette interview avec vous, Renaud, fut une joie !

Publié dans Télévision, Théâtre

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