Geoffrey Sauveaux évoque son actualité et ses projets artistiques !
Bonjour Geoffrey,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
On peut vous retrouver depuis peu dans un court-métrage, « 12h20 ». Sans tout en dévoiler, comment le présenteriez-vous ?
Très simplement, ça commence comme un film à suspense, où un homme « classique » rentre chez lui mais découvre un post-it sur son frigo où il est marqué que, à 12h 20, il allait mourir. Et il est 12h 10… Ensuite, des petites choses se passent. On est sur du thriller, sur du suspense. Là est l’intérêt de ce court-métrage réalisé par Gabriel Kaluszynski, qui finit en un sujet complètement sociétal et d’actualité.
On a vraiment voulu faire un personnage tout ce qu’il y a de plus, encore une fois, « normal ». On est samedi matin, il revient de la salle de sport, il est rasé proprement, on n’en sait pas beaucoup plus sur lui. A priori, il habite dans une maison plutôt cossue. Il doit avoir un enfant, d’après ce que l’on peut voir. A priori, tout va bien.
Même si ce n’est jamais évident à dire, selon vous, qu’est-ce qui plaira aux internautes qui regarderont ce court-métrage ?
Déjà, le suspense. Imaginez-vous rentrer chez vous et vivre la même situation…. Du coup, on a envie d’atteindre la fin de ces dix minutes pour voir ce qui va se passer. C’est aussi une belle cause que l’on défend, que je trouve excessivement importante… Je suis obligé de m’arrêter là.
Il est diffusé sur les réseaux sociaux habituels et relayé par quelques associations. Voici d’ailleurs le lien de visionnage :
https://m.youtube.com/watch?v=IMRPtqvy76M&t=1s
Le tournage s’est fait en une journée. Comparativement à d’autres expériences, des adaptations ont-elles été nécessaires à titre personnel ?
On est beaucoup plus préparé dans ce genre de situation. C’est un court-métrage autoproduit qui me tient à cœur, je suis très copain avec le réalisateur donc je m’occupais aussi de l’organisation. On a mis nos réseaux en commun pour faire venir une équipe complète et professionnelle.
Justement, le problème dans ce genre de projet est de réussir à avoir quelques minutes afin de se reconcentrer sur mon rôle premier : comédien. J’essaie d’avoir la présence d’esprit de m’accorder quelques instants avant les prises, quitte à faire patienter l’équipe qui est prête, pour me recentrer sur le jeu et délaisser tout le reste : lumière, cadre, raccords etc…
En parallèle, vous préparez et produisez pour fin octobre un clip sur le secours catholique. Que dire sur cette belle aventure ?
C’est un film qui s’appelle « Révolution fraternelle », d’une durée d’une minute, où célébrités et anonymes vont se relayer pour dire un morceau du texte que l’on a écrit, qui est très actuel et, je trouve, qui est très bien résumé par le titre. On situe bien l’idée, on explique dans le texte ce qu’est la fraternité, au-delà de ce qui est marqué sur les frontons des mairies. Ça ne devrait pas rester qu’un mot, ça devrait être palpable j’ai envie de dire.
Des SDF participent au clip. Comment se passe le tournage ?
Ce sont des gens en marge de la société, qui n’ont pas forcément, ça parait bête, les moyens de communication que nous avons, à savoir un téléphone dans la poche. Qui n’ont pas non plus de lieu fixe. Bien sûr, ils ont leur routine, rythmée par des paniers distribués, par des chèques ou par un mobil’douche, qui est un camping-car que nous avons aussi filmé et qui peut apporter quelques instants d’intimité et de propreté.
Il a fallu trouver des gens qui aient envie, qui n’aient pas peur, je peux comprendre la crainte de certains, ils vivent dans la rue et ne veulent pas être reconnus parce qu’ils ont un travail et/ou une famille. C’est une population particulière, je suis revenu il y a peu du tournage, avec plein de questions et de chamboulements. Ça aide quand même à relativiser, on peut se plaindre de beaucoup de choses mais certains vivent malheureusement des situations que l’on ne connaitra, je l’espère, jamais. En plus, on comprend très vite qu’il y a plein de parcours différents et que ça peut arriver à tout le monde. A un moment, on vrille dans son esprit et on n’est plus soi-même, souvent en lien avec des drames familiaux. On a rencontré une personne adorable qui était chef d’entreprise d’électricité mais qui, en très peu de temps, s’est retrouvé à la rue. Il a perdu sa femme, a frappé un médecin à l’hôpital et tout s’est enchaîné… Il s’est finalement retrouvé sans rien, à la rue. C’est rude quand même…
Ce que je vais retenir de cette expérience, c’est qu’il faut faire attention. On est tous susceptibles de glisser et de tomber dans le ravin. Et ceci ne concerne pas une sorte de personne en particulier, ce sont des gens sur qui le sort s’est acharné.
Vous êtes un artiste aux nombreuses cordes artistiques, notamment à l’image et sur les planches. Certaines expériences vous ont-elles particulièrement marqué, plus encore que les autres ?
Oui, évidemment. J’étais enfant et j’ai joué avec Jean-Paul Belmondo, qui était mon acteur préféré. Ça reste quelque chose de dingue. J’ai en tête des images et de vrais moments. J’ai quand même fait rire Belmondo sur scène et ça me fait trop plaisir. L’anecdote est superbe.
Il y a aussi eu des caps, on peut parler également de « Plus Belle La Vie » ou de « La Famille Formidable », où l’on a vécu des choses incroyables à travers le monde. C’est quand même un métier où l’on a la chance de rencontrer beaucoup de gens, notamment des gens supers qui restent encore à nos côtés dix, quinze ou vingt ans après. Je pense notamment à Ambroise Michel ou Marie Sambourg, pour ne citer qu’eux. Le plus beau dans ce métier, ce sont les gens et l’équipe. Souvent, quand on part en tournage en province ou même à l’étranger, d’un seul coup, on est un groupe, une équipe de tournage. Avec « La Famille Formidable », on disait souvent : « c’est quand la colo ? ». On partait à quarante personnes, comédiens et équipe technique. On est allé envahir un bout du Maroc ou de la Thaïlande, on était tous ensemble, ça nous a soudés. On partait un à deux mois et on passait journées et soirées ensemble. Du coup, je me comparais souvent aux émissions d’enfermement. Bien sûr, on voyait les locaux mais il ne faut pas se mentir, un groupe de quarante français en Thaïlande va au resto ensemble, et non pas chacun de son côté. Tout est accéléré, les amitiés, qui sont démultipliées très vite, en tout cas les liens qui se créent, les amours, les colères…Tout va beaucoup plus vite, ce que l’on ne mesure pas, je pense, quand on n’a pas vécu ce genre d’expérience.
Si l’on revient à la genèse de ce parcours, d’où vous est venue cette envie d’artistique ?
Très au hasard, j’ai envie de dire. J’ai dix ans, je crois que je suis un petit garçon assez timide qui fait beaucoup de sport, qui aime les sports collectifs (on retrouve déjà l’équipe) et je tombe un peu malade, ce qui fait que je dois arrêter le sport. Bêtement, je me retrouve le mercredi après-midi et le samedi à buller à la maison. Mon père me suggère alors d’aller faire du théâtre, pensant que ça me ferait du bien pour mes futurs entretiens d’embauche (je rappelle que je n’avais alors que 10 ans…). Me voilà au théâtre municipal de Rosny et ça me plait assez vite. Mon vrai premier souvenir est mon premier spectacle de fin d’année, où deux cent personnes se marrent à une de mes répliques, un vrai kiff.
Merci, Geoffrey, pour toutes vos réponses !