Demain Nous Appartient : Sahelle de Figueiredo évoque Noor, son personnage dans la série à succès de TF1 !
Bonjour Sahelle,
Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !
Vous faites partie de la belle aventure « Demain Nous Appartient » sur TF1 depuis quatre ans maintenant. On imagine votre joie, ainsi que celle de toute l’équipe, de voir la très grande fidélité des nombreux téléspectateurs ?
Oui, vraiment ! Ça fait plaisir parce qu’avec le confinement, on a eu presque deux mois d’absence et on avait peur de ne pas avoir le temps, malgré les épisodes d’avance, d’en tourner de nouveaux. Mais les gens sont quand même restés fidèles. C’est bien. Sur une quotidienne, on aurait pu croire que l’on aurait perdu du monde mais il y a eu des intrigues qui ont raccroché les téléspectateurs.
Après, c’est vrai que ça fait longtemps que l’on n’a pas pu faire de rencontre avec le public, ça manque. C’est alors un réel plaisir de rencontrer le public. Pour le coup, je sais que ça me manque, j’y repensais encore il y a quelques jours. Je me rappelle de cette séance de dédicaces au Spoon, où il y avait un nombre impressionnant de personnes, on avait l’impression d’être d’énormes stars mondiales, à notre balcon, à saluer les personnes venues. Et encore, il y avait eu tellement de monde que l’on avait manqué de temps. Les Festivals nous manquent aussi, j’avais notamment pu faire précédemment celui de Monaco, qui était très sympa.
On a un public qui est très fidèle, très varié aussi, avec des gens qui viennent de partout. C’est très agréable. Moi qui suis née en Alsace, j’adore rencontrer tout particulièrement des alsaciens, cela me fait trop plaisir à chaque fois de parler de cette belle région.
Justement, quels principaux retours peuvent-ils vous faire sur la série ?
Ils sont énormément attachés aux personnages. Je sais notamment qu’ils adoraient le personnage de Leila, ma maman dans la série, qu’interprétait Samira Lachhab. Quand le personnage est mort, les gens étaient très très attristés parce qu’elle était là depuis le début. Après, dès fois, on a des retours un peu différents, même si les téléspectateurs nous félicitent pour notre jeu, j’ai le souvenir que l’on m’ait déjà dit que je suis méchante avec ma mère, avec mon père, avec ma sœur, avec Jules, avec Timothée. Avec ce dernier, je m’en suis pris plein la figure, si je puis dire. Vu que c’est une quotidienne, on est rentrés dans le salon des gens, on fait complètement partie de leur vie, pas pour tous mais pour beaucoup.
Franchement, dans l’ensemble, le public est très bienveillant. Je sais qu’il y a une partie du public qui haït mon personnage mais, pourtant, je me dis que Noor n’est pas si méchante. Dès fois, je suis surprise, il y a des gens qui défendent Charlie alors qu’elle fait des choses beaucoup plus méchantes que Noor. Je pense aussi à l’intrigue où Soraya trompait Rémy avec Thomas Delcourt, il y avait une scène où je vois qu’elle reçoit des messages de Thomas sur son téléphone, j’ai lu les commentaires et j’ai pu constater que les gens s’en prenaient plus à Noor qui avait vu le message et qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas, plutôt qu’à ma sœur qui trompait son conjoint. En vérité, Noor n’avait pas cherché à lire le message, c’est juste que le téléphone était posé devant elle et que ça l’a intriguée. Il y avait une centaine de commentaires, sans exagérer, il y en avait environ soixante-dix en ce sens. Je me souviens en particulier d’un commentaire qui était bien pour moi, en tant que comédienne mais vexant pour le personnage. Il y était dit que la comédienne joue si bien qu’on a vraiment envie de la « tarter ». Depuis, j’ai pris un peu de recul vis-à-vis des commentaires.
En quatre ans à l’image, Noor a vécu énormément de choses, est passée par énormément d’émotions et de sentiments. Quel regard portez-vous sur son évolution et sur ce qu’elle est devenue ?
Cela me permet de ne pas m’ennuyer. Elle a une vie beaucoup plus palpitante que la mienne. C’est cool, j’ai l’impression d’avoir deux vies. On a la chance, sur une quotidienne, que le personnage évolue avec nous. On grandit ensemble. Je suis hyper contente, vraiment, de l’évolution de mon personnage. Parce que c’est vrai que pendant un an, voire un an et demi, j’avais très peu de séquences. J’étais encore au lycée au même temps, tant mieux quelque part car j’ai pu avoir mon Bac grâce à cela, sinon cela n’aurait pas été possible.
Jusqu’à ma première vraie séquence qui était avec Sylvie Filloux, la deuxième interprète de Judith, dans laquelle on se mettait du vernis à ongles. Je me rappellerai toute ma vie d’Atmen Kelif, qui joue mon papa, qui était venu me voir pour me féliciter. J’étais hyper contente. C’était la première fois que j’avais l’impression de vraiment faire mon métier de comédienne. C’était ma première opportunité de montrer ce que je pouvais faire. C’est vrai que je l’attendais avec impatience. Je l’avais vue comme un test, je savais que je n’avais pas le droit de me louper. Après cette séquence-là, j’en ai eues beaucoup d’autres et, petit à petit, j’ai commencé à évoluer jusqu’à avoir l’intrigue d’Halloween avec Timothée, où on était dans les thermes, une super expérience dans un super décor. Mon personnage a énormément évolué, il est maintenant récurrent, ce qui n’était pas donné au départ. Je fais même partie des plus anciens de la série.
Le personnage a bien évolué. C’est vrai que j’étais beaucoup guidée vers un jeu tout le temps très agressif, ce qui fait partie de ma personnalité. Je suis comme ça dans la vie aussi, je suis très douce mais je peux être très agressive aussi, c’est un défaut autant qu’une qualité. Le personnage était vraiment l’ado rebelle. Je trouvais cela d’autant plus dommage que Noor a un côté très touchant et très juste. Du coup, la production a essayé de l’adoucir, avec Jules, avec Timothée aussi. On a vu, avec lui, une autre face de Noor. Avec Grégoire, on ne savait plus trop où ça allait et, même si on s’apprécie beaucoup, on n’avait plus trop de plaisir à jouer ensemble. Après, on a vu d’autres côtés de Noor dans son couple avec Jules. Je suis très contente aussi de la réconciliation avec Samuel. C’était bien car avec Axel Kiener, son interprète, on avait envie de passer autre chose. On était contents d’avoir des scènes douces ensemble, notamment quand Noor perd ses cheveux. C’est d’ailleurs dommage qu’il n’y en ait pas plus. Ça va mieux aussi avec son père et sa sœur, mon personnage a pu se réconcilier un peu avec tout le monde. Même avec Charlie, vous le verrez, ça va s’adoucir.
Avez-vous ou avez-vous eu des sources particulières d’inspiration pour l’interprétation de Noor ?
C’est très drôle, justement, que vous posiez cette question. Il y a pas mal de fois où, avec Kenza Saïb-Couton, qui joue Soraya, on s’est dit que l’on est sous écoute. Je pense notamment au moment où Noor était tiraillée entre Jules et Timothée, c’est exactement ce qui se passait dans ma vie personnelle. Du coup, j’ai eu exactement la même discussion avec Kenza deux semaines avant de tourner une séquence où l’on disait la même chose. On aurait pu changer les prénoms que la discussion aurait été complètement logique.
Je sais aussi qu’avoir moi-même ce caractère un peu impulsif m’a beaucoup aidée. Du coup, je n’ai pas trop de soucis à me mettre dans des états d’hystérie. Concernant l’histoire de la mort de ma maman, les scènes à l’hôpital ont été très dures. Je suis très proche de Samira, c’est quelqu’un que j’aime beaucoup, elle est un peu ma maman de fiction. Elle me protège, je l’adore, elle était la première personne à m’accueillir dans la série puis à me donner des conseils. Du coup, inconsciemment, voire son personnage sur un lit d’hôpital a fait écho avec des choses que j’avais vues personnellement. Cela m’a plongé dans des choses dures que j’avais pu vivre plusieurs années auparavant. En plus, entre chaque prise, il fallait, avec Kenza, que l’on reste dans un état triste afin d’être pertinentes dans la scène suivante.
A un moment donné dans la scène, cela a d’ailleurs été coupé au montage, je n’arrivais pas à m’arrêter de pleurer. Je rigolais en même temps parce que je savais que c’était du cinéma. Je pense que j’avais besoin de vider des choses en moi. Ce que ma professeur m’a toujours dit, et Kenza aussi d’ailleurs, c’est qu’il ne faut pas se mettre dans des états seconds. Il faut puiser sans se faire du mal. Il faut arriver à trouver des petites accroches mais plus techniques qu’autre chose. Il faut se faire une histoire qui n’a rien à voir avec notre état personnel. Sinon, on se fait du mal. Malheureusement, ce jour-là, je n’avais pas réussi. On a, dès fois, l’impression de se mettre à nu, notamment dans des scènes d’émotion comme celle-ci.
On le sait, le rythme de tournage est soutenu sur une quotidienne, au travers du nombre de minutes utiles à défendre. Quelle est votre méthodologie de préparation face à cela ?
Je suis vraiment une mauvaise élève, je n’ai pas de méthodologie particulière. J’ai la chance d’avoir une très bonne mémoire, du coup je n’apprends mes textes que la veille au soir. Ça m’est arrivé de les apprendre à deux heures du matin alors que le réveil sonnait à six heures. Ça n’est pas un exemple du tout, je sais qu’il y en a qui se préparent deux semaines avant. Je ne suis pas du tout comme cela, je ne l’ai jamais été. Même au lycée, j’apprenais mes leçons le soir avant de me coucher, comme cela c’était frais le lendemain en me réveillant. En fait, c’est une méthode, en quelque sorte. Je sais que, dès fois, ça peut ne pas être rassurant pour mes partenaires. Mais cela a toujours marché et je pense que c’est ce qui compte.
C’est vrai que j’aime bien lire les textes avant, pour ne pas les découvrir au dernier moment, mais je les apprends la veille. Sinon, je trouve que l’on perd de la spontanéité. On a alors tendance inconsciemment à apprendre avec l’intonation et, du coup, c’est comme si chacun jouait une partition, sans coordination. J’aime bien apprendre au feeling, c’est plus naturel.
D’ailleurs, vous arrive-t-il de suivre la diffusion pour voir le rendu final et, ainsi, vous en servir pour votre propre jeu ?
Oui, j’aime bien regarder. Je ne le fais pas tout le temps par contre. En tout cas, cela permet de voir ce que ça donne, c’est quand même le projet final. Je m’en sers aussi pas mal pour regarder ce qui va et ce qui ne va pas du tout. C’est vrai que j’ai encore pas mal de tiques ou de mimiques à corriger. Même mes parents les ont remarqués. J’essaie de corriger, de moins froncer les sourcils, de moins pencher la tête. Aussi dans la voix et l’intonation. C’est comme un coaching.
Quatre ans après votre arrivée sur cette série, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Déjà, que ça continue. De belles intrigues vont arriver et j’en suis très heureuse. C’est vrai que j’aimerais bien que les personnages de jeunes fassent plus de choses ensemble. Ça commence à être le cas, on vient de tourner une intrigue un peu comme un test il y a quelques temps. Cela apportera de la fraicheur, d’autant plus que l’on sait que les téléspectateurs adorent les jeunes. J’adorerais aussi que le personnage continue à évoluer, à grandir, qu’il lui arrive des choses gaies également. Je trouve que Noor est cool pour ça, c’est un personnage qui n’est pas du tout fermé, il est assez libre. Plusieurs de ces facettes ont été travaillées, on peut l’emmener un peu partout.
En complément, quelles sont vos autres envies artistiques pour la suite de votre parcours ?
C’est vrai que j’aimerais continuer DNA, c’est vraiment l’école de la vie. On apprend à travailler avec des gens qui ont beaucoup plus d’expérience, comme avec des gens qui n’en ont pas énormément. Avec beaucoup de réalisateurs et de techniciens différents. On se fait un super réseau. En plus, le tournage se déroule dans la ville où j’ai grandi, du coup ça me permet de pouvoir voir encore ma famille et mes amis.
J’aimerais bien reprendre un peu le théâtre, c’est par là que j’ai commencé. Même si c’était en amateur, c’était super cool. C’est quelque chose qui me manque. C’est complètement différent, il y a une espèce d’adrénaline que l’on n’a pas sur les plateaux. C’est aussi un monde différent, plus spirituel.
J’ai envie de faire plus de courts-métrages étudiants. J’ai eu la chance, avec une amie, de faire quinze jours en colocation ave d’autres personnes que je ne connaissais pas du tout et qui sont en études artistiques. Cela a été un énorme coup de cœur amical. Les séparations ont été hyper dures. C’est très drôle, un figurant a fini assistant, un décorateur a eu un rôle, un autre a fini perche-man. C’était une superbe expérience. C’est vrai que c’est dans des projets étudiants que l’on apprend à se débrouiller et à faire avec ce que l’on a. Je pense que c’est là le but de notre métier de comédien. Ce fut une superbe expérience humaine.
C’est pour cela aussi que j’écris une web série avec une amie. Cela peut être un projet assez sympa. Forcément, j’ai envie que ceux qui ont participé à ces quinze jours de tournage soient sur le projet, ce sont des gens que j’aime profondément. On a envie aussi de lancer notre petite boite de production et d’écrire des choses. C’est super, j’avais besoin de cette dynamique.
J’adore chanter, j’avais fait du chant lyrique. Avec ces mêmes amis, on a écrit une chanson en un soir, dont on est hyper fiers. C’est vrai que ça m’a donné encore plus envie de m’y remettre, de refaire du chant et d’écrire.
Enfin, j’ai vraiment envie aussi de faire du cinéma. Le rythme est y différent, cela permet d’autres choses, de travailler chaque scène, d’aller plus loin dans les émotions, d’habiter plus son personnage.
Merci, Sahelle, pour toutes vos réponses !