Festival d'Avignon 2022 : Vanessa Dolmen évoque avec nous la pièce à succès qu'elle joue en matinée !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Vanessa,

Quelle joie de vous retrouver pour cette nouvelle interview !

Vous participez au Festival 2022 d’Avignon avec la pièce « Maya, une voix », à un horaire un peu matinal…

Oui, on joue tous les jours sauf le lundi, à 10h, à l’Essaion. La mise en scène est signée d’Eric Bouvron et la pièce raconte une partie de l’histoire de l’autrice afro-américaine Maya Angelou. Qui, dans son enfance, a subi un traumatisme, ayant causé un arrêt de la parole pendant 5 ans. En fait, elle a retrouvé sa voix grâce à la littérature. C’est cette partie de sa vie que l’on raconte. On est 5 femmes sur scène et on a un musicien cette année. L’année dernière, à ce même festival, nous étions coup de cœur de Télérama, du Parisien et de La Provence, nous avions eu beaucoup de monde, c’était très chouette. En fait, là, c’est bien puisque les personnes qui ne l’ont pas vu l’année dernière – puisque l’on était complets - reviennent cette année. Ceci dit, il faut réserver car on est régulièrement complets cette année encore, ça se remplit très très vite. C’est magique, c’est évidemment une pièce de théâtre mais c’est un spectacle musical également, on chante, il y a du gospel, du blues, un peu de jazz, c’est un bonheur !

On joue plein de personnages, hommes, femmes, c’est très très chouette.

Globalement, quels sont les principaux retours que vous pouvez avoir du public en sortant de scène ?

Ce qui est très impressionnant, c’est que l’on a beaucoup de spectateurs qui sont en larmes, qui n’arrivent pas à parler, qui nous prennent par les bras, qui sont émus par le spectacle. Une des choses qui revient vraiment beaucoup, c’est qu’ils ont l’impression de voir une seule et même personne : on fait corps et ça, c’est un compliment merveilleux. Ils voient beaucoup de générosité, ils ressentent ce qu’il se passe, ils sont vraiment là avec Maya et suivent ce qu’elle vit. Ils nous disent, en même temps, qu’ils passent des larmes aux rires, que c’est très joyeux et qu’ils sont contents de repartir avec cette sensation pour le reste de la journée. C’est pour cela que c’est un très bon horaireJ.

 

 

En France, Maya n’est pas très connue alors que, aux Etats-Unis, elle fait partie des classiques que l’on étudie au lycée. Tous les américains étudient « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage », c’est un classique. Ici, on connait moins, on connait peut-être, parfois, ses poèmes. On la connait aussi un tout petit peu parce qu’elle a lu un poème le jour de l’investiture de Bill Clinton. Notre mission était justement de la porter et de la faire découvrir au public français. C’est assez rigolo, on a aussi eu dans le public des enseignantes qui étaient très contentes que l’on en parle. C’est assez chouette, c’est une belle expérience.

Si on se replonge quelques temps en arrière, comment vous êtes-vous approprié tous ces personnages ?

J’ai travaillé évidemment avec l’équipe et avec Eric. Son théâtre est vraiment à base d’images, il crée des images avant même que l’on entende le texte, il y a tout qui se met en place au fur et à mesure. En fait, ça a commencé dès l’audition, on était toutes au plateau et on jouait quasiment en même temps, à tour de rôle. On passait comme cela d’un personnage à un autre, avec un mélange aussi de chant et de danse, c’était vraiment pour voir comment tout s’imbriquait et comment on prenait place dans le groupe, dans cette chorégraphie, dans cette histoire. Après, notamment pour les personnages d’hommes, il fallait trouver une gestuelle mais il était évidemment impossible de faire avec autre chose qu’avec ce que je suis…donc je n’essaie pas de caricaturer, je donne ma version de ce que serait cet homme s’il avait ma carrure. C’est vraiment du travail dans le corps. Et chaque personnage est vraiment intrinsèquement lié au suivant, du coup ça se déroule assez naturellement. Tout tourne bien sûr autour de Maya, il y a ces moments magiques avec la musique mais c’est vraiment une histoire qui se déroule, on grandit en même temps qu’elle. A part se plonger entièrement dans la lecture, dans les documentaires, j’ai aussi laissé une place à l’imaginaire. Bien que ces gens aient existé, il faut aussi laisser la place à la magie du théâtre, on raconte une histoire, c’est un spectacle. En tout cas, il est porteur d’espoir, on est content de vivre quand on en sort.

 

 

De par l’effervescence du festival, où il faut savoir se distinguer parmi les 1 600 spectacles, on imagine que le reste de la journée doit être particulièrement intense aussi ?

On essaie de se discipliner quand même, surtout quand on joue et qu’on chante le matin. Je ne sors pas le soirJ, on a généralement des raccords à faire le matin avant la représentation et on fait aussi un échauffement vocal avec notre musicien. C’est une sorte de rituel quotidien. La journée se termine en gros dans l’après-midi, vers 15h 30, sauf si je vais voir un autre spectacle. J’en profite pour reposer la voix car, l’air de rien, quand on tracte, on utilise la voix, en plus de l’heure et quart de jeu et de chant sur scène. Maintenant, c’est vrai que c’est quand même assez magique d’être plongée dans une ville qui est entièrement dédiée au théâtre, c’est quand même dingue. Un peu avant le festival, il n’y avait pas une affiche, pas un flyer, rien et, magie, du jour au lendemain, il y en a partout, c’est l’effervescence, il y a des spectacles à toutes les heures, partout, de tous les genres. On est portés par un public extrêmement bienveillant et extrêmement demandeur. On voit que l’on est post Covid, les gens ont besoin de culture, ont besoin de voir des spectacles, de sortir, de vivre…C’est ça le théâtre !

Merci, Vanessa, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre

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