Sylvie Filloux évoque sa belle actualité, théâtrale et télévisuelle !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Sylvie,

Quel bonheur d’effectuer cette nouvelle interview avec vous !

Vous êtes actuellement sur scène, au théâtre Pixel, avec la pièce « Kean : Une vie au théâtre ». Dans le contexte actuel, ce doit être un vrai plaisir et une vraie joie pour vous de retrouver le public ?

Oui, c’est un vrai plaisir ! La scène est quelque chose que j’apprécie énormément, ça a été très frustrant de voir la vie culturelle se stopper complètement pendant plus de deux ans, autant en tant que spectatrice que comédienne. Avoir cette liberté-là et cet espoir de se dire que tout va s’ouvrir, que les masques vont se lever, que l’on va enfin avoir des représentations assurées, ça fait du bien ! Parce que l’on a eu deux représentations qui ont été annulées à cause de la pandémie. Quand c’est quelque chose qui se décide trois jours avant, c’est quand même plutôt frustrant ! A chaque fois, il y a quand même une grosse implication donc on a besoin d’être sûrs de nos dates. Donc rien que cela fait du bien, après toute cette frustration…

Avec vos mots, comment présenteriez-vous ce spectacle ?

C’est une réadaptation de la pièce « Kean » de Dumas qui, initialement, était une pièce de 3 heures, avec 17 acteurs. Qui, ensuite, a été réadaptée par Sartre. C’est donc quelque chose de très ancré dans son époque. Après, ce que l’on s’est dit, ce que l’on allait récupérer cette pièce, qu’on allait la transformer en une version plus contemporaine, pour la rendre plus accessible aujourd’hui à tout type de publics. C’est aussi pour cela que l’on travaille pas mal avec les jeunes.

Je passe pas mal de temps au théâtre pour me nourrir et la plupart des personnes ne le font pas parce que ça leur parait encore trop éloigné de notre quotidien. Alors qu’il y a des pièces qui sont extrêmement contemporaines et où on peut tout à fait se reconnaitre. Donc c’était un peu le travail élaboré sur ce spectacle. A savoir que l’on a essayé de faire un travail autour du personnage de Kean, qui est quand même le personnage principal de la pièce initiale. Donc tous les autres personnages sont présents mais plus imaginés.

Anne Damby, qui est mon personnage, rentre dans la vie de Kean. Kean qui est cet acteur très connu, mais qui n’a plus rien à prouver et qui n’a pas cette capacité à se remettre en question tout seul, à se poser la question de ce qu’il doit jouer ou non, de quel est son rapport au public. Anna va être cette fraicheur, cette innocence qui va lui permettre d’être confronté à ses propres incertitudes, ses propres inquiétudes et, enfin, se remettre en question. On se rend compte qu’un rapport de force va être établi mais qui n’ira pas dans le sens imaginé…c’est finalement elle qui va avoir le pouvoir derrière sa jeunesse parce que c’est là que l’on voit les vrais gens, la réalité qu’un public plus basique ne va pas oser dire. Ça pose la question de ce que c’est que d’être acteur quand on est sur scène et du rapport au public. C’est vrai que, quand on sort de scène, on a rarement un rapport objectif, on ne sait pas trop ce que l’on vaut parce que le public donne plutôt un retour positif, peut-être par politesse, mais pas forcément représentatif de ce qui a été fait.

 

 

Vous y interprétez le personnage d’Anna, on l’a dit. Qui est-elle ? Quelles sont ses principales caractéristiques ?

Ce spectacle est une surprise permanente, il y a la base de Dumas mais il y a aussi pas mal de textes de Shakespeare qui ont été imbriqués, c’est une réadaptation totale. Mon personnage est une jeune femme qui regarde l’acteur Kean depuis pas mal de temps, qui est passionnée de théâtre et qui rêve de devenir comédienne. Ce qu’elle va faire, c’est qu’elle va aller dans la loge de cet homme ivrogne, coureur de jupons, endetté et elle va, avec sa détermination, lui faire comprendre que n’importe quelle personne, si elle a l’envie et peut-être le talent, peut aussi s’en sortir, voire mieux, qu’un acteur qui croit avoir tout prouvé mais qui, du coup, ne se remet pas en question. Va se créer une véritable relation, non pas d’amour comme lui aurait pu l’espérer au début mais plus de confiance, qui va permettre aux deux de s’apporter mutuellement, afin d’entamer une espèce de réflexion sur le théâtre.

Donc le personnage d’Anna est plus un symbole qu’autre chose. Sa personnalité est vive, dynamique, enjouée, elle est très déterminée et passionnée de théâtre.

Au moment d’aborder son interprétation, avez-vous eu des sources particulières d’inspiration ? Peut-être avez-vous aussi relu l’œuvre originale ?

On a commencé par travailler justement sur le texte, pour essayer de sortir de ce qui avait été fait jusque-là, afin d’avoir une certaine neutralité. Ce n’est que dans un second temps, je dirais une ou deux semaines après les premières répétitions, que l’on s’est nourris de tout ce qui existait. Là, ça a été passionnant, on a regardé toutes les interprétations, c’était stimulant et nourrissant.

Je vais aussi au théâtre deux à trois fois par semaine, pour voir ce qui se fait, je vais dans des endroits très différents et ça me permet de m’enrichir et donc d’enrichir mon jeu.

 

 

Quels principaux retours d’ailleurs avez-vous déjà pu avoir du public ?

Ce qui est beaucoup ressorti, c’est justement le côté assez étonnant de la pièce, dans le sens où on est aussi pas mal en interaction avec le public. C’est quelque chose qui plait. En fait, comme il y a tout un questionnement sur quand est-ce que l’on joue, quand est-ce que l’on ne joue pas, il arrive que le public ait cette incertitude. Est-ce que l’acteur a vraiment oublié son texte ? Ou est-ce qu’il joue à l’oublier ? Il y a toujours cette tension qui est là, qui peut un peu perturber mais qui, en même temps, permet aux spectateurs de voir quelque chose d’atypique.

On joue beaucoup avec la lumière, la musique et le corps, on a même une partie où mon partenaire joue de la musique et où je danse. On essaie de se nourrir de tout ce que la scène peut apporter. On a cet espace-là, on a des accessoires, on peut jouer avec le public, on essaie de se nourrir de tout ce que l’on peut avoir. On n’a d’ailleurs pas trop fixé la mise en scène, pour pouvoir s’adapter à chacun des lieux que l’on a pu rencontrer (musée, château, chez un particulier, théâtre). Selon les espaces, on joue différemment. Là, au théâtre, la place donne encore plus de liberté.

Les gens nous disent que c’est une bonne expérience, qu’ils ne voient pas le temps passer, que c’est frais. Les retours sont positifs bien sûr mais l’acteur a-t-il dès fois des retours négatifs ? Ils sont difficiles à dire, en tout cas en tête à tête.

En parallèle, vous continuez votre parcours à l’image, avec notamment la série de TF1 « Le remplaçant »…

La série avait commencé pendant le confinement, c’était un pilote qui a marché et qui a permis de signer pour plusieurs saisons. Quatre épisodes déjà tournés ne sont pas encore sortis et on reprend le chemin des plateaux à partir du 29 mars pour encore 2 épisodes. L’idée est que l’on continue sur la durée…

Il y a plein d’intrigues, j’aime bien, c’est frais, c’est coloré, on peut tous se reconnaitre plus ou moins dans la diversité des personnages. Les personnalités sont très tranchées, chacun est une sorte de stéréotype et tout le monde se reconnait. Mon personnage a pas mal évolué, là j’ai pas mal d’importance dans les épisodes 5 et 6, où l’intrigue est autour de moi. C’était challengeant, ça m’a permis de jouer pas mal de choses et de travailler mon personnage, j’en suis contente. J’ai hâte de voir le rendu final et de découvrir les retours du public.

Merci, Sylvie, pour toutes vos réponses !

Publié dans Théâtre, Télévision

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