Canal+ : Aline Riera évoque la fin à suspense des différents championnats de football diffusés sur la chaîne !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Aline,

Quel plaisir d’effectuer cette interview avec vous !

Depuis peu, la Ligue 1 de football est diffusée en intégralité et en exclusivité sur les antennes du groupe Canal+. En tant que fidèle passionnée de ce beau championnat, on imagine votre joie ?

Pour moi, en tout cas, spectatrice ou téléspectatrice, c’est très bien parce que je peux voir tous les matchs et me faire des week-ends exclusifs entre la Premier League, la Ligue 1 et la D1. Tout ça sur Canal. D’un point de vue professionnel, effectivement, ça ouvre d’autres perspectives. Ça permet de diversifier, ça me permet de me replonger dans ce championnat que j’aime beaucoup et de le commenter. C’est tout bénéfice pour moi en tout cas que l’ensemble de ce championnat soit encore, pour quelques mois au moins, en exclusivité sur Canal. Et j’espère un peu plus pour la suite.

Même si le cordon n’avait pas été complètement coupé, au travers des deux rencontres par journée déjà proposées depuis le début de saison, on imagine que les retrouvailles ont été chaleureuses mais aussi intenses pour tout le monde ?

Ça a été une excellente surprise. On a récupéré, sur le même week-end, le classico en one-shot, ce gros match acheté par Canal et, derrière, la certitude d’avoir les dix matchs jusqu’à la fin de la saison. Donc ça a été exceptionnel, pour nous qui sommes avant tout des passionnés. D’un point de vue professionnel, ça diversifie, ça ouvre, ça fait huit matchs de plus à commenter, même si certains sont en multiplex donc sans consultant. En tout cas, ça ouvre sur d’autres gros matchs. Jusque-là, Canal avait deux matchs mais qui étaient les choix 3 et 4, à présent on a tous les gros matchs et toutes les grosses affiches. Ça nous permet, en tant que consultants, d’avoir plus de matchs, plus de belles affiches, de voyager et d’aller sur site encore plus qu’on ne le faisait. On montre que Canal sait toujours faire, nous n’avons pas perdu la main. Canal a toujours été acteur du foot et encore plus là, en ayant tendu la main à la Ligue professionnelle et aux clubs. Pour nous, c’est une nouvelle exceptionnelle.

 

 

A titre plus personnel, sur quels rendez-vous pouvons-nous à présent vous retrouver ?

Je varie, je suis toujours sur les trois championnats (Premier League, Ligue 1 et D1), indépendamment pendant les week-ends. Ça va dépendre des affiches, du roulement des consultants en plateau et sur site. On est tous un peu dispatchés, je vais rester essentiellement sur du commentaire de matchs. Je vais notamment commenter le choc féminin Lyon vs Psg le 13 mars. J’étais sur le gros match de L1 Lille vs Marseille, après avoir été à Monaco le dimanche d’avant. Ce week-end, je fais de la Premier League le samedi après-midi. Je suis sur les trois championnats, c’est vraiment intéressant d’avoir à suivre les trois. C’est très chronophage parce qu’il faut regarder tous les matchs. Chaque week-end, au bas mot, c’est une dizaine de matchs à observer sur multi écrans, avec plusieurs compétitions en même temps. Mais c’est passionnant, c’est très positif pour moi qui suis plutôt une hyper active d’avoir à suivre tous ces championnats, d’avoir à m’intéresser à tout, de demander des conseils à des journalistes, d’en retrouver d’autres que je n’ai pas croisés depuis longtemps. Ça permet d’avoir accès un peu à tout, d’avoir toutes les informations. C’est un challenge hyper excitant.

En amont d’un commentaire de match, quelles est votre méthodologie de préparation ?

Je ne sais pas si c’est la bonne solution, moi qui ne suis pas journaliste de formation mais ancienne sportive de haut niveau, en tout cas je regarde toujours l’intégralité du match précédent des deux équipes que je commente. Si je fais un commentaire le samedi et un autre le dimanche, je vais avoir quatre matchs à regarder et quatre équipes à suivre. Ensuite, je lis les articles sortis sur le match précédent, les comptes rendus, les conférences de presse et je me mets aussi sur les statistiques. Avant de regarder les groupes, où je fais des recherches sur tous les joueurs, sur les blessures, les suspensions, l’état de forme, le nombre de matchs joués, le nombre de buts, le nombre de passes décisives. J’élargis un petit peu car c’est bien de pouvoir expliquer à l’antenne par exemple les raisons d’une absence. Je cherche donc toutes les infos, club par club, des deux équipes que je vais commenter.

Après, je me fais une petite répétition dans ma tête de l’état de forme global de l’équipe, de ce que je pourrais dire en intervention. Je prépare et écris quelque termes basiques, quelques termes génériques que je vais pouvoir utiliser ainsi que quelques anecdotes.

Tout cela prend énormément de temps en recherche. Même si ce sont souvent les mêmes clubs qui reviennent, d’une semaine à l’autre ça peut changer, il peut y avoir une absence ou des changements de joueurs.

 

 

Pendant la rencontre, on imagine que votre carrière de joueuse pro et vos années d’expérience derrière un micro vous aident beaucoup ?

Pendant la rencontre, au départ, je mets un peu de côté toutes les recherches parce que les anecdotes et informations vont être diffusées vraiment s’il y a un arrêt de jeu ou un temps de jeu qui le permet. Dans un premier temps, je reste sur du factuel, sur ce que je vois, je reste sur de l’analyse technique et tactique, sur les faits de jeu. Le journaliste a son rôle, j’ai le mien, c’est quelque chose qui est bien huilé entre nous. C’est un schéma que je connais très bien, le consultant est sur la composition d’équipe, l’analyse technique et tactique de ce qui se passe, ainsi que sur les ralentis. Au début, pour bien me mettre dans le match, pour ne pas déborder, pour ne pas m’enflammer, je reste là-dessus et, ensuite, petit à petit, en fonction de comment se passe le match, en fonction des faits de jeu, on peut donner quelques-unes des informations que l’on a pu rechercher. Mais, j’insiste, dans un premier temps, je reste avant toute chose dans ce que je sais faire, en amenant mon analyse, ma personnalité, un tempo dans la voix, une fluidité et une pédagogie. J’essaie toujours de donner mon avis pour permettre aux téléspectateurs de mieux comprendre une action ou un geste. J’ouvre des possibilités à chacun d’une réflexion pendant la rencontre. J’emmène cette pédagogie avec moi pour éclairer un petit peu plus la partie foot en elle-même, pour donner mon éclairage et ma personnalité dans ce commentaire.

On est déjà début mars, la fin des championnats commence à se rapprocher. A quoi peut-on s’attendre selon vous ?

Je crois qu’en Premier League c’est fait, que l’on ne parle plus du titre de champion. On voit bien que Liverpool a lâché depuis longtemps. Là, on va jouer et lutter pour les places en Champions League et en coupe d’Europe. On sait que le titre est quasiment acquis, quand on voit ce que City est capable de faire, même en ne jouant pas toujours très bien, ils arrivent à gagner les matchs. On a quand même une lutte en bas entre trois à quatre équipes, même si, pour Sheffield, c’est quasiment fait, on a encore un combat entre West Brom, Fulham et Newcastle, sans oublier Brighton. Il y a encore du suspense à ce niveau-là.

Sur la D1, on est toujours en train d’attendre ce choc du 13 mars qui dira un peu plus clairement qui fait quoi entre 1 et 2. Là, le championnat est divisé en trois parties. Les deux premières ont déjà un écart extraordinaire donc le titre se jouera entre elles deux, il n’y a pas photo. Bordeaux semble le mieux placé pour cette troisième place qualificative pour la Champions League. Même si Montpellier n’a pas encore lâché, mathématiquement ça parait difficile. En bas, ce n’est pas fait, mis à part peut-être Le Havre qui, malheureusement, me semble en dessous et semble retourner directement faire l’ascenseur en D2. Pour le reste, Issy est toujours dans le coup, comme Reims. On a toujours Dijon et Soyaux en lutte pour le maintien, comme chaque année. Donc il y a du suspense à tous les étages.

En Ligue 1, c’est pareil, c’est tellement serré devant. On a encore quatre clubs qui peuvent être champions, même si Monaco semble un peu en retrait. Lille, Paris et Lyon sont toujours en lice pour remporter le titre. Pour la Ligue Europa, on a ce paquet Metz, Lens, Rennes, Montpellier, Marseille. Pour le maintien, pareil, on a toujours ce suspense dans le bas, où ce n’est pas complètement fait, même si Dijon semble en difficulté. On a toujours Nîmes, Nantes, Lorient.

Je trouve que, franchement, ces championnats, cette année, ont beaucoup de mal à se dessiner et tant mieux pour nous. Il y a du suspense encore partout. Tous les clubs sont concernés quasiment par quelque chose. Dans ces trois championnats, vous perdez deux matchs de suite, vous êtes concernés par le maintien, vous en gagnez deux, vous êtes concernés par une qualification en coupe d’Europe. C’est fou ! C’est tellement serré, tout le monde se tient tellement qu’il n’y a aucun club, aujourd’hui, qui a lâché. Aucun se dit qu’il peut y aller tranquille car il est dans le ventre mou. C’est ce que je trouve hyper excitant et hyper attrayant cette année. Pareil en Ligue 2 et en National. Je ne sais pas si c’est la fatigue, le Covid, la peur, je ne sais pas pourquoi mais ces championnats ne se dessinent pas, cette année. Il y a, je le redis, du suspense partout, des incertitudes, des séries de clubs qui étaient très bien en début de saison et qui, là, plongent. Je pense notamment à Liverpool, le champion, qui n’a pas gagné un seul match en 2021 alors qu’ils n’ont pas perdu de joueurs. Pareil, on a un club comme Metz qui fait des étincelles et on ne sait pas pourquoi ça fonctionne. Il y a forcément Frédéric Antonetti qui y est pour quelque chose. L’effectif est quasiment le même que la saison passée, ils ont même perdu des joueurs et, pour autant, ça fonctionne. Il y a des choses qui sont extrêmement difficiles à expliquer mais, en tout cas, ça apporte beaucoup à l’attrait de ce championnat et à la fidélité des téléspectateurs. C’est ce qui nous amène beaucoup de plaisir à commenter encore ces championnats. Je pense que, jusqu’à la fin, ce sera comme cela, très indécis.  

 

 

Certains joueurs ou joueuses vous ont-ils particulièrement marquée depuis le début de saison ?

Sur la D1, j’en envie de mettre en avant Khadija Shaw. Elle fait partie des joueuses qui ont beaucoup progressé. Elle porte aujourd’hui, avec la maturité seulement d’une saison de D1, son club à bout de bras. Si Bordeaux en est là, c’est parce qu’elle aussi en est là. L’année dernière, elle arrivait un peu avec le statut d’une jeune joueuse exceptionnelle, il a fallu qu’elle s’adapte à notre championnat, à notre culture, à la pandémie aussi. Là, elle est en pleine possession de ses moyens, elle n’est jamais blessée, elle est meilleure buteuse du championnat de France, elle est dans un collectif qui tourne autour d’elle. Elle pourrait subir la pression, elle qui n’a que 21 ans mais elle est décisive plus qu’elle ne l’a été la saison passée. Bordeaux a créé son effectif autour d’elle, a bien recruté, c’est une belle surprise.

J’en envie de mettre en parallèle, parce que c’est le même poste, Marie-Antoinette Katoto à Paris. Pareil, on en attendait beaucoup, elle a parfois déçu, elle a parfois eu du mal à être là pendant les grands rendez-vous, en équipe nationale ou avec son club et elle aussi atteint une maturité, une justesse, elle a beaucoup progressé sur sa concentration. C’est elle qui marque le but de la victoire contre Lyon, alors qu’elle avait toujours été en grande difficulté sur ces matchs-là.

J’ai aimé l’adaptation de Sakina Karchaoui dans un grand club, à Lyon. En une demi-saison, elle est indispensable dans ce collectif. Elle se rend presque indispensable en équipe nationale aussi, donc elle a passé un palier. Peut-être aussi mettre en avant sur la D1 la joueuse de Montpellier Elisa De Almeida. Sur une saison difficile, elle émerge un peu de ce collectif et prend un peu d’épaisseur en équipe nationale. Je finirais par une joueuse étrangère, Christiane Endler, la gardienne du PSG, qui est toujours à son niveau. Pour moi, et je n’ai pas honte de le dire, elle est la meilleure gardienne du monde aujourd’hui. C’est une joueuse très stable, qui ne se blesse jamais, qui ne fait jamais un mauvais match et qui tient Paris par certaines de ses interventions. Elle sera une grande artisane, si Paris arrive à être champion, de ce titre.

Sur la Ligue 1, j’ai envie de mettre en avant ce collectif lillois, qui n’était peut-être pas taillé pour aller au bout, qui n’est peut-être pas le meilleur mais qui, pour moi, est le meilleur collectif. C’est facile à dire comme ça mais, quand vous êtes en tête du championnat, devant Paris, Lyon et Monaco qui, avec leurs effectifs et leurs budgets, vous courent après, vous chassent sans arrêt et que vous arrivez mentalement à tenir, parfois un point devant, et que vous allez chercher une victoire dans les arrêts de jeu face à Marseille, c’est très fort. C’est un collectif, c’est un entraineur aussi, qui a forcément quelque chose car partout où il passe, il crée quelque chose.

Pour ne pas faire de jaloux dans le Nord, sinon ils vont être fâchés, il y a aussi la magnifique saison de Lens. Que l’on n’attendait pas du tout là. C’est un club historique de notre championnat de Ligue 1, qui attendait la remontée depuis très longtemps, qui fait une saison de fou et qui, pour l’instant, est presque en passe de se qualifier pour une coupe d’Europe. C’est le renouveau du foot dans le Nord, c’est une belle saison pour eux.

Pour la Premier League, on retient le jeu du chat et de la souris entre Liverpool et Manchester City. Un coup, c’est l’un qui est champion, un coup c’est l’autre. Ce sera City cette année. Il ne reste pas grand-chose pour les autres derrières, ces deux clubs glanant les titres depuis quelques temps. Les autres sont à la lutte pour essayer de gagner une place en coupe d’Europe seulement. Même si c’est étonnant de voir que le champion Liverpool est autant à la peine. Si ça se trouve, ils n’auront pas de coupe d’Europe à jouer la saison prochaine. Ce serait une énorme surprise.

Un clin d’œil aussi au Leeds de Bielsa, qui est toujours exceptionnel et hyper intéressant à commenter. Quand vous êtes consultant sur un match de Leeds, vous savez qu’il va toujours se passer quelque chose, qu’il va y avoir des buts. Bielsa n’a pas changé ni son schéma de jeu, ni son choix de jeu ni sa philosophie. C’est tout pour l’attaque, il faut toujours marquer un but de plus que l’adversaire. Quand vous regardez les scores de Leeds, il y a des 3-4, des 3-2, quand ça ne va pas, ils en prennent 5 mais ils continuent de jouer de la même manière, à trois derrière. Je trouve qu’ils font une saison palpitante, on voit que les joueurs prennent du plaisir à jouer. Les résultats sont là. On se demande si ce n’est pas Bielsa qui a raison, en tout cas dans ce championnat : avec une équipe promue, il arrive à avoir des résultats alors que les deux autres promus sont en grande difficulté, encore en lutte pour le maintien. En tout cas, ce club est un peu mon coup de cœur de la Premier League.

Merci, Aline, pour toutes vos réponses !

Publié dans Télévision

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