Un Si Grand Soleil : Dominique Lollia évoque son personnage, mais aussi ses autres actualités !

Crédit photo : Yann Saint-Pé

Bonjour Dominique,

Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions.

On peut vous retrouver notamment dans la série à succès de France 2 « Un Si Grand Soleil ». Programme qui connaît une fidélité croissante des téléspectateurs. Justement, selon vous, qu’est-ce qui explique ce beau succès ?

La série traite de sujets très actuels, elle rassemble des personnages très réels qui font partie de la vie, auxquels tout un chacun peut s'identifier. Une palette complète de gens de la société se sent concernée, s’y retrouve. On est en télévision, c’est aussi très romancé, au-delà de ces vies quotidiennes, il y a aussi un traitement de l’image et des thèmes abordés qui plaisent aux publics .

J’adore l’équipe, tout le monde est pro et bienveillant, il y a vraiment un bel équilibre entre les gens. Je trouve cela assez rare sur des si gros projets. C’est une vraie et belle aventure humaine, avec un réel partage. Le lien est sincère. Je pense que ça se ressent à l’écran dans le jeu des comédiens. Les équipes de réalisation sont très talentueuses et créatives aussi. C’est pour cela qu’il a autant de téléspectateurs et que la série plaît... Je suis assez fière, je dois dire, de faire partie de l’équipe, de la famille.

Vous y interprétez Maître Vogiel, avocate. Quelles sont vos principales sources d’inspiration pour son incarnation ?

Au début, j’avais auditionné pour un autre personnage de la série, je n’ai pas été retenue pour ce rôle mais Toma De Matéi et la production m’ont proposé un autre personnage, certes plus petit, mais qui pourrait évoluer dans le temps. J’ai saisi cette opportunité, c’était une jolie vitrine pour moi d’interpréter une avocate dans une quotidienne juste avant le prime.

En tant que métisse, encore maintenant ici en France, c’est quand même compliqué de jouer des personnages autres qu’une infirmière, une femme de ménage, une prostituée. Je fais ce métier depuis vingt ans et j’ai longtemps été confrontée à des changements de dernière minute concernant le choix final du comédien. Nous sommes de nombreux comédiens, noirs et métisses, dans ce métier à être formés mais nous ne sommes pas complètement intégrés dans le paysage télévisuel ou théâtral français. A l’annonce de jouer une avocate, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’accepter. Cela m’a intéressé, il y avait un vrai rôle de composition à défendre. J’ai donc essayé de construire un personnage, de lui attribuer une attitude, une façon d’être, une façon de s’exprimer, une façon de se situer par rapport aux autres personnages. J’ai trouvé cela hyper intéressant.

Au début, pour les premiers épisodes, je me suis inspirée d’une série que j’adore : « Murder ». Viola Davis y est exceptionnelle dans le rôle de cette brillante avocate. Son genre, son style, sa prestance et sa profondeur de jeu m’ont inspiré. Je suis restée là-dessus mais en allégeant un peu. Au début, mon personnage était beaucoup en confrontation avec le capitaine Léoni, nous avions des rapports de force en permanence. Maintenant, j’ai des scènes plus intimistes, Maître Vogiel rentre plus dans la vie des gens, les rencontre même chez eux. On l’a voit aussi en extérieur, devant le tribunal. Il y a des petites choses qui se développent et ça permet de lui rajouter des touches plus humaines, plutôt que de rester dans des termes techniques d’avocate, comme ce fut le cas les premiers temps. C’est à présent moins impersonnel et donc plus plaisant à jouer. 

J’interviens seulement de temps en temps sur la série, il me faut donc à chaque fois me réapproprier le personnage. Ce n’est pas toujours évident contrairement à un rôle en continu qui évolue avec le temps et la pratique. A l’inverse, en décembre dernier, j’étais présente régulièrement, j’avais eu plus de facilité à être dans le corps du personnage. C’est un peu comme si, à chaque fois, je recommençais, mais cela reste un bel exercice .

Pour la suite, quelles nouvelles thématiques aimeriez-vous pouvoir défendre ?

Pas mal de choses me plairaient. Une loi vient de passer sur l'interdiction des fessées. Les enfants, c’est une thématique qui me tient à cœur. J’adorerais me retrouver dans une intrigue concernant des enfants. Défendre un couple accusé à tort de maltraitance ou défendre une famille à qui l’on veut, à tort, retirer les enfants.

D’autres sujets graves de société pourraient être abordés, je pense par exemple à la pédophilie ou l’inceste, la violence faites aux femmes. Par chance, on en parle de plus en plus et on se rend compte qu’il y a de plus en plus de victimes malheureusement et que ça fait réellement partie de la société. Et  c’est intolérable. C’est resté longtemps sous silence, il est donc temps et nécessaire d’en parler. J’aimerais bien que Léoni cherche à démanteler un réseau de pédophiles et que Maître Vogiel y ait un rôle à jouer.

Ce rôle me tient à cœur, me plaît vraiment beaucoup. Comme m'a dit le producteur, mon personnage est le « défenseur » des causes justes. Elle défend les gentils, pas les méchants. Donc je ne sais pas si Maître Vogiel pourrait  aborder les thèmes que je viens de citer mais, en tout cas, ça me plairait bien . Au même titre que le thème sur le viol abordé avec Monette.

J’adorerai que Maître Vogiel soit plus présente, qu’on développe un peu plus le personnage dans la saison 2. Qui sait … On verra bien .

En parallèle, une projection aura lieu le 6 septembre à 18h30 au cinéma Saint-André des Arts à Paris du long métrage “ BACK UP “ lors de l’ouverture du Festival FIFDA. Film dans lequel vous avez joué. Que dire sur cette autre aventure artistique ?

Je travaille depuis 9 ans avec une production parisienne qui travaille aussi pour les Antilles, Madiana Production. Christophe Gros-Dubois, auteur au départ, en est le réalisateur depuis plusieurs années. Une série pour ATV “Chez Rose” saison 1 et 2, un long métrage “Las Vegas Hôtel” qui a fait de nombreux festivals et qui a été à l'affiche durant 1 mois aux Antilles, dans lequel j’ai le rôle féminin principal de Lucie, jeune femme flic qui tombe amoureuse d’un sans papier . 

Et cette année, “Back up”,  film très engagé, et politique. Une équipe de journalistes gère une chaîne de télé sur le net, alternative et interactive qui dénonce des injustices et des bavures. Ils mènent des enquêtes et se battent pour que leur média continue d’exister. En parallèle, je joue Joséphine, maître de conférences à Normal Sup, professeur de sociologie qui travaille beaucoup sur le thème des injustices et des inégalités. Des élèves lui font connaître ce réseau alternatif, qu’elle décide de contacter.

Elle a un secret, celui d’un homme qu’elle a aimé jeune, qui était aussi un étudiant très brillant qui s’était battu pour défendre son île, la Martinique. Il s’était retrouvé embarqué parmi un groupe de gens favorables à l’indépendance de l'île et a mystérieusement disparu.

Un pesticide interdit partout dans le monde est encore autorisé là-bas, tous les champs de bananes sont traités avec, alors que ce produit tue des gens. Il y a un scandale sanitaire autour et on n’en parle que maintenant. Cette thématique est aussi abordée dans le film. 

Mon personnage est intelligente, cultivée et courageuse. Je la trouve très intéressante à défendre. Je me rends compte qu’avec le temps et l'expérience, je me tourne et on me propose plus ce genre de rôles. C’est très enrichissant de nourrir et de construire en profondeur ce type de personnages.

Mais j’avoue aussi que je ne serais pas contre une comédie et un personnage drôle, déjanté et original. 

Ce fut un plaisir, Dominique, d’échanger avec vous !