Marie Catrix évoque Morgane, son personnage dans Demain Nous Appartient

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Marie,

 

Quelle joie d'effectuer cette interview avec vous  !

 

Vous interprétez Morgane, depuis quelques mois, dans la série à succès de TF1 «  Demain Nous Appartient  ». Après de nombreuses semaines de tournage et d'immersion dans ce programme, comment présenteriez-vous à présent votre personnage  ?

 

On a évidemment compris que c'est une femme transgenre, mais ce n'est pas seulement cela qui la définie, même si ce changement d’identité a son importance. Je pense aussi que ce que l'on choisit de faire dans la vie, exprime certains traits de notre personnalité. Morgane est infirmière, c'est une personne bienveillante qui aime prendre soin des autres, qui est à l'écoute. Elle est aussi douce et entière.

 

Elle a quand même passé des périodes très compliquées, ce n'est pas rien de changer son identité physique. Elle a subi beaucoup de malveillance et d’agressions verbales et physiques. Elle a dû dépasser cela mais elle a aussi eu l'envie, elle le dit, de se suicider. Elle est d’abord «  rentrée dans le rang  ». Elle s’est donc mariée mais avec une femme qu'elle a vraiment aimée. Je la trouve courageuse d'avoir été jusqu'au bout par la suite. Elle s'est battue pour être vraiment en accord avec ce qu'elle sentait être au plus profond d’elle-même.

 

C’est une personne qui n'aime pas le conflit. Elle se retrouve au milieu de certaines intrigues à essayer de soutenir et de tempérer. Morgane n'a pas de méchanceté en elle, elle a un bon fond. Mais elle a aussi sa part de complexité, comme chacun de nous. Ce qui laisse aussi de l’amplitude pour les auteurs de présenter différents aspects de sa personnalité dans de futures intrigues !

 

Pour vous approprier le rôle, des sources particulières d'inspiration vous ont-elles aidées  ?

 

Ma timidité fait que je n'ai pas osé, réellement, aller rencontrer des femmes transgenres. En revanche, c'est assez drôle d'ailleurs, lorsque j'ai reçu la réponse positive du casting, le soir-même, j'étais chez mes parents à Dunkerque, nous regardions «  C à vous  » et Inès Rau était leur invitée. C'est une playmate, transgenre, j'avais donc écouté attentivement son témoignage. Je me suis aussi renseignée, par la suite, sur elle, sur son parcours.

 

J'ai aussi régulièrement consulté un site belge sur lequel je suis tombée par hasard lors de mes recherches (http://www.infotransgenre.be) et qui explique beaucoup de choses, notamment sur la vie quotidienne: santé, famille, sexualité, traitement hormonal et même sur les opérations. On y apprend aussi qu’une transition ne signifie pas forcément un changement d’orientation sexuelle. Je ne suis donc pas surprise que mon personnage soit finalement sensible à Sandrine. Sur ce site, les difficultés qui peuvent être rencontrées, par exemple lors de l'annonce à la famille, sont également évoquées.

 

A titre plus personnel, véhiculer des messages aussi forts, aussi poignants, à un public aussi large doit être, on l'imagine, une fierté  ?

 

Complètement ! Je suis fière et honorée de porter ce message. La société doit évoluer et la partie n’est pas encore gagnée. J’espère que ce personnage permettra de contribuer à une meilleure acceptation des personnes transgenres au sein de la société. Je ne me rendais pas forcément compte de l’influence que la série pouvait avoir. J'ai plutôt eu des bons retours donc, du coup, j'étais contente de mon travail.

 

 

En tout cas, ça me ferait vraiment plaisir de rencontrer des personnes de cette communauté. Je crois d'ailleurs que Juliette Tresanini, ma partenaire sur la série, connaît plutôt bien la communauté LGBT, elle a même mis un joli post il y a quelques jours, une belle photo de la série où on s'embrasse, pour la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie. Je suis fière aussi de porter ce projet avec elle.

 

Face au rythme soutenu sur le tournage, quelle est votre méthodologie de préparation en amont  ?

 

Pour l'instant, je n'ai pas encore le rythme effréné qu'ont certains personnages, notamment tous ceux qui travaillent au commissariat. Même si, finalement, je trouve que c'est un bon exercice. J'aime lire mes textes plusieurs fois en amont, je les apprends très vite. Il me plaît ensuite de les laisser mûrir pour imaginer ce qui peut se passer dans la scène. Même si cela est aussi en réaction avec le partenaire et ce que va demander le réalisateur. J’aime bien savoir mon texte pour être libre sur le plateau.

 

Et je fais du sport. C’est important pour la forme physique et mentale!

 

Pour la suite, aimeriez-vous défendre de nouvelles thématiques  ?

 

A la fois, j’adore me laisser guider. Les auteurs sont tellement doués en termes d’imagination. J’espère avoir de belles surprises prochainement ! Après, avec Juliette, nous aimerions, un moment donné, aborder des choses un peu plus légères, avec des touches d'humour. Elle est pas mal dans l'ironie, notamment dans ses vidéos sur Youtube.

 

 

Elle y aborde aussi beaucoup le féminisme avec son conjoint Paul Lapierre avec qui ils ont réalisé une superbe série Youtube, que je recommande et qui s’appelle «  Martin sexe faible  ». J’ai, de mon côté, tourné dans un court métrage sur le même thème pour le Festival Nikon, «  Je suis au Poil  » réalisé par Adeline Anfray, autre figure féministe, qui a aussi sorti son premier livre chez La Musardine, «  Toutes des Salopes  ». Donc, s'il y avait une thématique à retenir, je pense qu’il serait intéressant d’aller vers cela, en plus de l'humour. Mais aussi peut-être aller plus loin dans le thème de la transphobie.

 

A titre plus personnel, je suis également touchée par des sujets comme l’écologie (le recyclage, la surconsommation..) et l’éducation (aussi bien des bébés que des jeunes enfants). En le disant, je me rends compte d’ailleurs à quel point les deux sont liés! Affaire à suivre !

 

Merci Marie pour votre disponibilité  !

Publié dans Télévision

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M
Bonsoir, je pense vous avoir vu au centre leclerc de rosendael ce matin, mais je n'ai pas ose vous aborder. Etait ce bien vous ? Si oui quel dommage de ne pas pouvoir vous parler quelques secondes.
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