Camille Remy nous présente sa nouvelle pièce de théâtre !

Publié le par Julian STOCKY

 

 

Bonjour Camille,

C'est une vraie joie de vous retrouver pour ce nouvel échange  !

 

Depuis le 1er octobre, au moins jusqu'à 19 novembre, on peut vous retrouver sur scène, chaque lundi soir, pour « Le cri du corps ». Au théâtre Darius Milhaud, avec Léa Richard et Holly Khan. Pour commencer et poser un peu le cadre, comment présentez-vous et décrivez-vous ce spectacle ?

C'est un spectacle que je trouve fascinant. Mon avis est très arrêté et peut être un peu biaisé car je l'avais déjà vu en tant que spectatrice. Je l'avais trouvé très prenant, c'était très bien joué et très touchant. On y parle d'une femme, Georgia, la figure du mythe de Médée. Son parcours de femme blessée est retracé, on y parle de ses angoisses, ses espoirs, ses désillusions et ses questionnements face à sa situation amoureuse et familiale qui va s'avérer très compliquée.

On y aborde des thèmes variés, l'amour, la trahison, la maternité. Dans la pièce, les trois personnes au plateau, que ce soit la musicienne ou les deux comédiennes, interprétons toutes le même personnage, ce qui est très riche. Nous jouons toutes des facettes et des moments de la vie de Georgia différents.

Quel moment de sa vie jouez-vous ?

Je suis le moment de sa fin, je connais toute l'histoire avant même que le public l'apprenne. Une des Georgia vit les événements en directs, et l'autre, que j'interprète, les vit par le souvenir, en sachant la conclusion dramatique de l'aventure.

Pour autant, je suis présente dès le début mais nous sommes toutes dans des états différents. Je suis dans un état de « dénouement » - vidée et détruite - et j'ai déjà vécu ce qui va se passer. Alors que l'autre comédienne, Léa, est dans un état du tout début, donc beaucoup plus enjouée, vive et heureuse. 

Selon vous, qu'est-ce qui peut plaire aux spectateurs dans ce spectacle ?

La richesse de ce trio, je pense, fait résonner une même voix. Je trouve cela hyper beau parce que, très vite, on comprend qu'il n'y a finalement qu'un seul personnage. En plus, c'est bien écrit, en prose. C'est touchant car on va droit au but, c’est une écriture ancrée dans le réel, presque quotidienne même, fluide. On s'identifie vite à ce personnage et on comprend le cheminement de cette femme qui s'avère être quelqu'un de très instable et profondément malheureuse, qui va aller jusqu'à faire des actes désastreux pour elle comme pour les autres. Mais on entend sa souffrance et son dilemme intérieur, ce qui se passe dans son corps. Ce sont une colère, une rage et une tristesse tellement immenses que ça se voit même corporellement.

Ajoutons que la mise en scène est très intelligente. Avec peu de choses, on s'imagine tous les endroits : chaque élément du décor est finement choisi, tout est essentiel et participe à une symbolique. On voyage très bien d’un lieu à un autre, tout est très fluide, tout est symbolique et, pourtant, les images sont terriblement fortes. Ce qui rend la pièce parfois même un peu violente dans les images et, surtout, dans ce que l'on ressent. Cela fonctionne très bien, quelque chose nous revient à la figure alors que ce n'était pas forcément prémédité et que ça arrive sans artifice.

Holly, le troisième personnage, est musicienne. Quelle valeur ajoutée cela apporte-t-il au spectacle ?

Cela apporte du corps à l'ensemble et donne tout son sens à la pièce. C’est un spectacle inenvisageable sans la musique, elle fait partie intégrante de la création. L'émotion passe par le texte, par les comédiennes mais la musique d’Holly et son improvisation selon ses ressentis accompagnent nos émotions et les amplifient. La voir en live est magnifique. C’est vraiment un personnage à part entière, elle fait partie de la mise en scène, on la voit en même temps que nous, elle évolue avec nous, nous sommes un trio. Elle a une formation de comédienne aussi donc elle reçoit les informations et les émotions à la fois comme une musicienne mais aussi en tant que une comédienne. Elle joue alors en fonction de ce qui se passe. C'est très fort pour le spectateur et c'est aussi incroyable pour les comédiennes car cela nous permet d'extérioriser d'autres choses. Parfois, grâce à elle, on peut découvrir d'autres enjeux d'une représentation à une autre.

Pour voir la bande annonce du spectacle qui rend compte de l’atmosphère générale, c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=XH2HCDOGKKI&frags=pl%2Cwn

Vous le disiez, vous avez eu la chance de voir cette pièce en tant que spectatrice. Vous en êtes-vous inspirée pour votre interprétation ? Ou, à l'inverse, avez-vous cherché une touche plus personnelle ?

Je l'ai vue en juillet 2017 et j'ai commencé à travailler un an plus tard. Entre temps, j’ai donc pu oublier un peu le jeu de la comédienne précédente. J'ai également refusé de voir la captation pour trouver mon identité propre et ma place. En plus, on s'est rendu compte, au fur et à mesure du travail, que mes énergies et mon interprétation sont bien différentes de ce qui était proposé précédemment, ce qui permet d’ouvrir de nouvelles possibilités, d’explorer d’autres horizons. La pièce reste la même mais nous offrons une nouvelle version, interprétation.

En parallèle, vous êtes en développement d'une deuxième compagnie. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette autre aventure artistique ?

Nous avons créé, toujours avec Léa, la compagnie « Les p’tites grenouilles », qui a vu le jour en mai dernier. Elle a pour vocation de faire principalement des spectacles jeune publics mais pas uniquement car nous avons aussi d'autres envies.

La première création est un spectacle bilingue, français et anglais, pour les enfants « Give me five ». C'est une sorte de quête initiatique et interactive, avec un personnage principal qui s'appelle Zoé, qui reçoit un cadeau de sa correspondante anglaise. Pour l'ouvrir, il lui faut un code secret que l'on arrive à obtenir qu'en se rendant dans «  The wonderful english world  ». Différentes étapes et aventures doivent y être passées, grâce à l'aide des enfants, leur vocabulaire et ce que l'on va leur apprendre. Les clés obtenues permettent ensuite l'ouverture du trésor. C'est un chouette spectacle, qui allie pédagogique, culture anglaise, et divertissement ! Pour retrouver toutes les informations de cette compagnie et de ce spectacle, vous pouvez visiter notre site internet : www.lesptitesgrenouilles.com !

 

Merci Camille pour cette agréable interview !

Crédits photos : Si Garner

Publié dans Théâtre

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