Camille Remy évoque son actualité et ses projets artistiques !

Publié le par Julian STOCKY

 

Bonjour Camille,

Quel plaisir d'effectuer cette interview en votre compagnie !

1/ Vous êtes actuellement sur scène, au théâtre de l’Essaïon, et présentez le spectacle « A nous de jouer ! ». Comment présenter ce spectacle ?

C'est un spectacle d’improvisation jeune public, donc à destination des enfants, créé par Coralie Lascoux de la compagnie du Ricochet Théâtre. Dans l'histoire, deux comédiennes qui ne savent plus à quoi jouer, s’ennuient. Elles arrivent sur le plateau sans parvenir à se mettre d'accord sur comment construire une histoire ensemble.

Pour y parvenir, elles vont demander de l'aide aux enfants. Ce sont ensuite eux qui choisissent qui est le héros, quelles sont les actions, quelles sont la personnalité du héros, du méchant et du copain. En fonction de leurs réponses, nous créons l'histoire au fur et à mesure.

Il y a aussi un décor qui se crée sous leurs yeux, c'est très symbolique, à partir de formes et de draps. On fait appel à leur imaginaire, pour créer des univers et créer ce qu'ils nous demandent. Cela marche super bien.

2/ Comment vous sentez-vous dans cet exercice particulier qu'est l'improvisation, surtout face à un jeune public ?

A mon sens, les enfants sont le public le plus difficile. Ils n'ont aucune convention, ils sont très honnêtes. Si ça ne leur plaît pas, ils n'hésitent pas à le dire ou à le faire remarquer. Mais, en même temps, c'est hyper prenant pour nous, un véritable challenge.

Quand les enfants rentrent dans l'histoire, ils sont à fond et il y a une reconnaissance immédiate où ils sont émerveillés, ce qui est très stimulant.

Pour l'impro, au début, j'ai vraiment eu peur. Mais, finalement, il y a quelques astuces à connaître. Comme on est deux, il ne faut jamais refuser la proposition du partenaire, il est important de toujours dire oui. C'est en pratiquant aussi que l'on prend de l'aisance.

Il ne faut pas avoir peur du ridicule, surtout avec les enfants. Parce qu'ils peuvent nous demander de faire une oreille ou un petit pois, il faut alors y aller et le faire d'une manière ou d'une autre. Ou d'autres choses complètement folles, comme faire des danses bizarres ou chanter telle une casserole. 

J'adore, on s'amuse sans cesse. On ne sait jamais ce qui va se passer, on n'a pas le temps de se lasser.

3/ Selon vous, quelles sont les clés du succès de ce spectacle ? Pourquoi plaît-il aux plus petits, mais aussi aux plus grands qui les accompagnent ?

Il y a une vraie interaction, les enfants sont toujours actifs et n'ont pas le temps de s'ennuyer non plus.  En tant que comédiennes, nous essayons de faire un double discours pour les parents, avec des références plus pour les grands et d'autres plus pour les petits.

C'est aussi pédagogique, c'est une ode à l'imaginaire, avec pas grand chose on crée un univers. On essaie aussi d'expliquer que la télé et les consoles ne sont pas les seuls moyens de distractions, qu'il existe bien d'autres jeux à faire.

Nous sommes, à titres personnels, contents de réussir avec toutes les contraintes que les enfants nous ont données. Le format fonctionne aussi très bien, avec l'apparition du meilleur copain puis celle du méchant.

4/ Dans les derniers instants juste avant de monter sur scène, comment vous sentez-vous ?

Au début, c'était beaucoup de trac. D'autant plus que c'est un spectacle dans lequel on invente constamment, avec une part permanente d'improvisation. Que ce soit pour les décors ou bien encore les ambiances sonores. La concentration doit vraiment être tout le temps à son paroxysme.

L'appréhension du début est passée, je sais que je suis à l'aise. Maintenant, c'est vraiment de l'excitation, j'ai hâte de savoir comment sera la salle, quelles seront les idées des enfants. Ces dernières varient en fonction des tranches d'âges, ce qui est super. Il reste toujours du trac mais l'excitation prédomine.

On est un peu dans la même position que les enfants, on ne sait pas ce qui va se passer donc on est prêt à tout.

5/ Plus généralement, quels sont vos autres actualités et projets artistiques actuels ?

J'ai fini l'année dernière ma formation au conservatoire du Kremlin Bicêtre et, dans le cadre de l'obtention de mon diplôme, j'ai dû monter une forme courte d'un spectacle de mon choix. J'ai décidé de faire vingt minutes d'une adaptation d'un texte de Philippe Dorin «  Le monde, point à la ligne  ». Il y a eu un gros travail de scénographie que j’ai effectué en partenariat avec Rebecca Alindret. C'est aussi un spectacle jeune public. J'adore ça, cela laisse une place grande à l'imagination.

Cette forme courte a beaucoup plu, aux classes et aux professionnels. Ce qui m'a motivé à reprendre la forme et à l'agrandir. J'ai échangé avec l'auteur, un homme très sympathique.

Au sein de notre compagnie « Les Buveurs de Thé », nous avons décidé de reprendre ce projet en l'élargissant. C'est la première fois que je m'essaie à l'écriture, tout en tentant de garder la fibre de l'auteur, pour ne pas dénaturer le texte. Ce n'est pas évident, c'est un gros travail que je suis en train de faire en partenariat avec mes camarades. En plus de cela, je suis passé des comédiens de ma formation à ceux de ma compagnie. On recommence certes tout du début mais c'est hyper intéressant, on découvre d'autres facettes, d'autres interprétations et d'autres idées. C'est très enrichissant !

Nous visons une programmation pour septembre prochain. Avec un objectif de 50 minutes par représentation.

Toujours avec Les Buveurs de Thé nous allons travailler avec le Gratt Ensemble (Groupe de Réflexions et d’Actions Théâtrales Transdisciplinaires). Ils ont fait un appel à textes il y a six mois, ils en ont reçu une centaine avant d'en sélectionner cinq. Ils vont faire des événements basés sur l'écriture contemporaine mais pas uniquement. Nous avons été appelés en tant que compagnie associée à porter les textes en voix, nous allons faire les mises en lecture. C'est aussi un gros travail, les textes sont très intéressants, très profonds et assez politiques. Il y a plein de choses à défendre, ce qui est vraiment captivant. Nous sommes une jeune compagnie, nous avons seulement deux ans, donc ce projet nous permet de défendre d'autres choses ensemble, qui continuent à nous unir.

Une des comédiennes de la compagnie, Ellen, a écrit un texte en pensant à nous. Cet été, nous allons faire une résidence de dix jours pour le travailler. C'est un drame familial, qui me sort des mondes merveilleux enfantins. J’ai hâte de commencer aussi cette nouvelle aventure!

Merci Camille pour votre disponibilité ! 

Publié dans Théâtre

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